Si les journaux salvadoriens constituaient votre principale source d’information, vous pourriez avoir manqué l'histoire. L’unique survivant d'un massacre notoire de civils pendant la guerre civile du Salvador est décédé le 16 mars. Le 6 Décembre 1981, Rufina Amaya parvint à échapper aux troupes du gouvernement qui avaient systématiquement rameuté et sauvagement assassiné les personnes âgées, les femmes, les hommes, les enfants et les bébés dans son village, y compris son enfant âgé de 8 mois qui avait été arraché de ses bras. Ce crime de guerre, connu sous le nom du massacre de EL Mozote, a causé le décès de plus de 1000 campesinos dans et autour du village de EL Mozote dans la province de Morazan.
Et le gouvernement Salvadorien et le gouvernement des USA qui soutenait le régime en 1981, ont nié qu'un massacre de grand calibre de civils avait eu lieu. Après la guerre, la Commission de Vérité de l'ONU a validé les détails comme l’ont fait les investigations subséquentes . L'histoire du massacre et des démentis consécutifs a été détaillée plus tard par le journaliste Mark Danner.
Il y avait une voix, qui a parlé simplement et humblement comme la voix d'un témoin, qui a finalement permis à la vérité d'être connue. C'était la voix de Rufina Amaya.
Contrairement aux grandes lignes de la presse Salvadorienne, les blogueurs ont offert un hommage étendu à Rufina Amaya. Beaucoup disent avoir connu personnellement Rufina. Le bloguer journaliste Jorge Avalos l’a décrite comme :
la mujer más humilde que he conocido. Una mujer que venció con su palabra tantas mentiras y tanta inhumana brutalidad para recordarnos el poder de la memoria y de la verdad.
la femme la plus humble que j'ai connue. Une femme qui a vaincu avec ses mots de tels mensonges et une telle brutalité inhumaine afin de nous rappeler la puissance de la mémoire et de la vérité.
Certains, comme Laura un volontaire du Corps de la Paix, raconte avoir rencontré Rufina et l'a écouté raconter l'histoire. Ixquic a rassemblé une liste de liens des nombreux billets de blog qui ont raconté l'histoire. Un de ces liens était de la blogueuse Meg, qui avait narré en février 2006 sa rencontre avec Rufina:
Aujourd'hui j'ai rencontré Rufina, et ai regardé dans ses yeux pour la première fois, sachant que mon propre coeur demeurera relié au sien. Je ne suis pas sûre que je puis dorénavant penser à l'histoire du Salvador sans penser à elle. Pendant que je marchais dans les rues de cette petite ville au nord-est de El Salvador, j'ai dû me rappeler de respirer profondément, de sorte que je ne pleure pas, en rencontrant la réalité que ce Rufina a vécue par le passé.
D'autres ont laissé le témoin Rufina parler pour elle-même. Les jours qui ont suivi sa mort, les blogs ont posté les textes intégraux du narrative que Rufina avait fourni. Et il était possible d’écouter et de voir Rufina dans la vidéo de YouTube.
Finalement, beaucoup ont vu en Rufina Amaya un symbole puissant. L'auteur et blogueur Juan Jose Dalton disait dans son blog:
Rufina nunca abandonó los alrededores de Morazán; estuvo en los refugios ubicados en la frontera entre Honduras y El Salvador; cocinó para la guerrilla y después del fin de la guerra (1992), fue una fundadora de la Ciudadela Segundo Montes, donde sus restos mortales descansarán finalmente. Queda entre los salvadoreños tu testimonio de lo sufrido, pero también como símbolo y reto permanente de la lucha por el derecho a la justicia.
Rufina n'a jamais abandonné la zone aux alentours de Morazan. Elle était dans les camps de réfugié situés sur la frontière entre le Honduras et le Salvador ; elle cuisinait pour les forces de guérilla et après la fin de la guerre (1992) elle était un des fondateurs de la communauté de Segundo Montes, où sa dépouille mortelle se reposera. Elle a laissé parmi les Salvadoriens son témoignage de ce qu'elle a souffert, mais également comme symbole et signe permanent de la lutte pour le droit à la justice.
Nora Mendez rend ce hommage dans son blog:
Rufina vivió 25 años superando el dolor día a día, sin descanso, contando su historia como la única forma que tuvo para resarcirse de aquel crimen cometido contra sus hijos, sus amigos y vecinos. Nadie le ofreció disculpas, nadie solicitó su opinión en las altas esferas del poder a la hora de evaluar la situación de las víctimas de guerra una vez finalizado el conflicto. Pero la voz de Rufina llegó por diversos medios, a los oídos de miles de salvadoreños, incrédulos unos, y otros que la comprendieron, pues también sufrieron bejámenes por el simple hecho de vivir en el campo, de ser pobres, de estar indefensos.
Rufina a vécu 25 ans surmontant la douleur jour après jour, sans repos, racontant l'histoire comme la seule forme qu'elle avait d’expliquer ce crime commis contre ses enfants, ses amis et ses voisins. Personne ne lui a présenté des excuses, personne n’a sollicité son avis dans les hautes sphères de la puissance au moment d'évaluer la situation des victimes de la guerre quand le conflit a finalement fini. Mais la voix de Rufina est venue par des médias divers, aux oreilles de milliers de Salvadoriens, quelques-uns ont été incrédules mais les autres l'ont comprise, parce qu'ils ont également souffert par le fait simple de vivre à la campagne, d'être pauvres, d'être sans défense.
Finalement, dans un hommage convenable à la mémoire que Rufina Amaya a cherché à préserver, un billet sur le blog de Chichicaste a fourni une liste des victimes du massacre de EL Mozote et de leurs âges.
Tim Muth