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Barhain: la polygamie comme devoir national

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Bahreïn, Philippines, Arts et Culture, Education, Femmes et genre, Politique, Religion, Santé, Travail

Nous commençons la revue de cette semaine avec la politique, ou plutôt, les politiques, et les déclarations d’un politicien en particulier, qui ont irrité certains blogueurs de Barhain [1]. Un député islamiste exhorte les hommes barhaini (certains disent que c’était une plaisanterie) à épouser quatre femmes pour réduire le nombre de vieilles filles dans le pays, et a encouragé l’assemblée des députés à donner l’exemple. Mahmood [2] [En] se demande si l’homme incluait dans sa diatribe son unique collègue de sexe féminin, mais probablement que non. Il commente:

Merci, monsieur. Maintenant, retournez dans votre caverne. Et prenez aussi avec vous tous ces imbéciles qui ont voté pour vous .

Soul Search [3] [En] a aussi son mot à dire sur ce sujet:

« Les femmes n’ont pas besoin d’hommes tels que vous pour mener une vie digne, les femmes sont plus résistantes, plus déterminés, plus a même de vivre une existence indépendante, et n’ont pas besoin d’homme des cavernes comme vous pour les épouser. Retournez à Riffa (sa circonscription) , voyez la misère dans laquelle les gens vivent, les égouts qui débordent, les routes trouées d’énormes cratères, les nombreuses maisons en train de s’écrouler sur leurs occupants. Se garer est impossible, l’odeur est insupportable, et la liste est sans fin ».

Redha Askander, également connu sous le pseudonyme de Concerned Citizen X [4], [En] attire d’attention sur un autre sujet dont il aimerait que la chambre des députés débatte, au lieu d’évoquer la polygamie : la pénurie de professionnels de santé. Il semblerait que mille personnes soient prochainement recrutées aux Philippines “pour améliorer les services”, tandis que les infirmières bahraini seront, elles, envoyées en formation aux Philippines. Redha écrit:

Clarifions les choses. Je suis d’accord, les infirmières philippines sont mieux formées, non seulement grâce à un système éducatif moderne, mais aussi parce que leur population est de 72 millions d’habitants (chiffres de 1998). Cela fait que chaque docteur/infirmière est en contact continuellement avec des centaines de pathologies différentes, et acquiert une expertise par le seul fait d’être confrontés de façon répétée à toutes les maladies possibles… Si nous envoyons nos infirmière (qui doivent être barhaini, bien sûr) en formation au Philippines, ne devrions-nous pas rémunérer leur gouvernement pour la formation et l’expérience de terrain procurées, au lieu d’ offrir les postes vacants aux Philippins, qui devraient aller aux Barainis qui sont en formation ou aux étudiants qui sont diplômés chaque année ?”

Alors que beaucoup recherchent du travail à Bahrain, Silly Bahraini Girl [5][En] , qui réside actuellement au Canada, est impatiente de rentrer au pays pour une visite, car elle n’aura pas un petit doigt à lever.

« Je vais pouvoir manger sans m’inquiéter de qui a cuisiné ou de qui va laver la vaisselle. Sortir sans devoir m’inquiéter de savoir si le plein de la voiture est fait, si elle est propre, si les pneus sont gonflés, s’il y a de l’eau là où il doit y avoir de l’eau. J’aurai une maison propre sans avoir à passer l’aspirateur ou épousseter, ou balayer. Je pourrais sortir à ma guise sans devoir m’inquiéter du risque de geler à mort. Je n’aurais plus à porter des couches de vêtements, et je pourrais bronzer autant que je veux. J’aurais mes amis et ma famille à qui parler, et je n’aurais plus quand les matins sont trop calmes à verifier si ma messagerie n’est pas en panne. Je pourrait me mettre réellement en colère au lieu de fulminer devant un écran d’ordinateur. J’aurai une femme de chambre et un domestique. Je n’aurais plus à m’inquiéter de rien…”

De son côté, Mohammed AlMaskati [6] [En] est troublé par ce qu’il ressent comme l’hypocrisie d’une danse actuellement à la mode :

Il s’agit d’une danse (avec de vagues origines folkloriques) dansée par deux femmes ou plus, comme on peut le voir sur la vidéo, avec une musique de fond qui consiste en battements de percussions et un chanteur qui répète “Diqny.. Diqny” (qu’on peut vaguement traduire par “bats-moi, bats-moi”). Elle consiste en ce que je peux seulement décrire comme une technique de danse du ventre bizarre, qui consiste à secouer son derrière de façon particulière.

Ce que je trouve très étrange, c’ est que la plupart des danseuses qui gagnent leur vie de cette façon arrivent en burqa, et dansent de façon très suggestive devant d’autres femmes, parfois même devant une audience masculine.

Souvenez-vous que cette danse vient de la même société qui considère le hijab et l’abaya comme une toilette traditionnelle/religieuse/honorable. Elle vient d’une société qui encourage la ségrégation entre les sexes, et interdit les rapports sexuels avant le mariage, etc. Mais quand bien même (et je parle d’expérience), de ce que je vois autour de moi, les danses qui miment l’acte sexuel (que ce soit cette diqny ou même la danse du ventre traditionnelle egytienne) sont acceptées de façon très large, durant les mariages ou les réceptions , et sont même approuvées par cette société.

Cependant, Mohammed ne réprouve pas cette danse pour elle-même :

Vous comprenez, je n’ai pas de problèmes avec les mannequins, avec les catcheuses , les serveuses au seins nus dans les bars, les poupées Playboy. Celles qui font ça pour de l’argent ont fait un choix conscient. Ce qui les motive n’est guère différent de ce qui motive les strip-teaseuses. Ce qui me pose problème est la dualité. Ce qui me pose problème est la mentalité, le fait qu’on veuille persuader les femmes que si elles ressemblent physiquement ou bougent comme une bimbo, ou une danseuse de ces clips de rap, elles seront sexy. Sans comprendre qu’elle seront perçues comme sexy ,ce qui est bien différent de la confiance en soi que procure le fait de se connaître sexuellement.

Il conclut:

Cette danse Diqny peut sembler innocente à la plupart des gens. Pour moi, c’est juste une illustration supplémentaire de la façon dont notre culture nous a détournés de la réflexion sur nous-même, de façon à pouvoir nous piéger avec des promesses de satisfactions rapides et de gratifications immédiates, même si c’est d’une façon dégoûtante et tordue.

Ayesha Saldanha [7]