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Zimbabwe: De nouvelles arrestations, la surdité régionale, et la duplicité occidentale

Catégories: Afrique du Sud, Zimbabwe, Droits humains, Femmes et genre, Gouvernance, Liberté d'expression, Manifestations, Média et journalisme, Migrations & immigrés, Politique, Relations internationales, Technologie

Les blogueurs du Zimbabwe offrent une mine d’informations sur la semaine qui vient de s’écouler dans ce territoire tourmenté du Sud de l’Afrique. On y trouve des informations sur de nouvelles arrestations et brutalités policières, un témoignage de l’état d’urgence monétaire, et une analyse de la bigoterie myope à l’égard de Mugabe, dans les pays occidentaux. Pour commencer, nous parlerons de la complicité de plus en plus active de l’Afrique du sud dans la crise du Zimbabwe, qui a fait à nouveau parler d’elle la semaine dernière.. This is Zimbabwe [1] [En] explique que la radio nationale sud-africaine SABC empêche ses employés d’accéder au site Internet de la station de radio indépendante du Zimbabwe SW Radio Africa [2]:

Vous vous souvenez de Snuki Zakalala, le directeur du département informations et actualités de SABC ? De ce type qui a un problème avec les détracteurs de la politique de Mugabe et Zanu ? Snuki Zakalala est l’homme qui a mis en place une politique informelle de censure à SABC (South African Broadcasting Corporation) et mis sur la liste noire plusieurs commentateurs très crédibles sur la crise du Zimbabwe, dont l’archevêque Pius Ncube, Moeletsi Mbeki, Trevor Ncube et Elinor Sisulu. L’application de sa politique aurait abouti à priver les Sud-africains du droit d’être entièrement informés des événements qui se déroulent dans notre pays.

Eh bien, le même homme a annoncé la semaine dernière que SABC allait ouvrir un bureau au Zimbabwe. Il écrit : “Nous pensons qu’il est important d’être présents là-bas, afin que nous puissions couvrir la vraie histoire du Zimbabwe”. Remarquez l’utilisation du mot «vraie», qui, à lui tout seul, implique que les informations actuellement diffusées par les médias sont des mensonges.

La station de radio SW Radio Africa [2]’ [En] est actuellement interdite d’antenne par le gouvernement zimbabwéen. Apparemment, l’Afrique du Sud progressiste trouve juste de marcher dans les pas répressifs de son voisin du nord. Autant pour la liberté de la presse en Afrique du Sud.

La manifestation de Power To The People

La célèbre association Women of Zimbabwe Arize (WOZA) [3] (“les Femmes du Zimbabwe se lèvent ») a organisé un sit-in impromptu dans les bureaux de la compagnie zimbabwéenne de distribution d’électricité (ZESA) [4].

Les membres de WOZA se sont rassemblées dans huit bureaux différents du ZESA – Pumula, Mpopoma, Entumbane, Tshabalala, Magwegwe, Nkulumane, Nketa 6 et Luveve – pour tenir simultanément des manifestations locales. Plus de 500 membres de 16 quartiers différents de Bulawayo ont pris part à ces manifestations citoyennes. La manifestation à Magwegwe, Entumbane, Nketa 6 et Mpopoma s’est déroulée sans incidents et les participant ont pu se disperser avant l’arrivée de la police. A Pumula, environ 70 membres ont été arrêtés alors qu’elles se dispersaient (le commissariat de police est situé à côté des bureaux du ZESA.) Elles ont été amenées au commissariat de Pumula avant d’être transférées au commissariat central de Bulawayo.


A Luveve, les manifestants étaient en train de se disperser quand la police a arrêté des gens à quelques distances des bureaux du ZESA, alors qu’ils prenaient les transports en commun pour rentrer chez eux. Environ vingt personnes sont détenues au commissariat de Luveve.

A Nkulumane, neuf personnes ont été arrêtées dans le bureau du ZESA et sont retenues au commissariat de Tshabalala. Les avocats ont été prévenus et essayent d’entrer en contact avec les détenus.

La manifestation signe le lancement de la campagne « Power to the people », prélude à la campagne de mars 2008. La manifestation d’aujourd’hui a commencé avec les membres de l’organisation faisant la queue devant les bureaux de la compagnie d’électricité avant leur ouverture. Ils sont ensuite rentrés dans les locaux , ont distribué des tracts, et se sont assis à l’intérieur et à l’extérieur des bureaux en attendant de parler à un responsable.

A Luveve et Entumbane, les officiels ont tenté de calmer les manifestants en disant que quelqu’un allait venir pour recueillir leurs revendications, tout en appelant la police. A Nkulumane, neuf manifestants ont été embarqués par des agents en civil dans un pick-up Nissan de couleur beige immatriculé 846-101 Z.

Les manifestantes qui ont été arrêtées, y compris celle avec un bébé, ont été brutalisées et n’ont pas eu droit à un avocat pendant leur garde à vue [5].

Trois des 56 manifestantes arrêtées à Harare le lundi ont été hospitalisées après avoir été rouées de coups durant leur garde à vue par les forces de maintien de l’ordre, dans le commissariat central de Harare. Presque toutes les 56 ont eu besoin de soins médicaux. Le bébé a reçu des soins médicaux mais n’a pas été hospitalisé . Il apparaît aussi que certaines des blessures leur ont été infligées quand un des officiers a marché sur les détenues alors qu’elles étaient étendues face contre terre.

Ne revenez pas au Zimbabwe, et un voyage à bord d’un « bus aux poulets »

Taurai Madunat du blog Kubatana [En ] décrit l’incitation à quitter le pays que subissent les jeunes professionnels zimbabwéen [6]:

Je viens de recevoir la réponse à un mail que j’ai envoyé à un ami, où je l’informais que l’on m’a proposé une bourse pour étudier au prestigieux RNTC (centre de formation de la radio néerlandaise).

Tout ce qu’il trouve à dire est : « bonne chance pour tes études et ne reviens pas avant qu’il y ait un changement ». Il a ajouté : ” trouve quelque chose d’autre à faire là-bas pour passer le temps ».

Cela m’a fait rire, et je me suis demandé comment on tue le temps à Amsterdam quand la date d’expiration du visa est dépassée.

En juin de l’année dernière, j’ai passé une semaine à Amsterdam, où je participais à un séminaire intitulé « L’expression sous la répression », organisé par l’association Hivos. Avant de renter au pays, je me suis promené dans le célèbre quartier chaud d’Amsterdam. J’ai rencontré un type du Sierra Leone. D’abord, je croyais qu’il voulait m’arnaquer, puis je me suis rendu compte qu’il voulait juste engager une conversation amicale. Il m’a parlé de sa femme et de ses trois enfants, de son combat pour obtenir l’asile politique en Hollande. Il m’a dit que le plus grand obstacle était de le Néerlandais, étant donné qu’il faut le parler couramment pour réussir le test d’intégration. Ce type était en Hollande depuis quatre ans.

Mon “guide” m’a ensuite demandé si j’avais l’intention de rentrer au Zimbabwe. Je lui ai dit que oui, j’allais rentrer. Il a eu l’air compatissant , et pensait probablement que j’étais stupide de ne pas rester.

Pendant ce temps, Natasha, qui a dû effectuer un voyage urgent à bord d’un “bus à poulets” décrit son expérience [7] :

Depuis le fond du bus, une voix désespérée à commencé à chanter quelque chose qui ressemblait à du gospel. La voix appartenait à une femme aveugle échevelée, conduite par une petite fille qui lui ressemblait et qui avait certainement moins de dix ans. Les deux luttaient pour se frayer un passage jusqu’à l’avant du bus, en demandant l’aumône aux passagers. Quand elles sont arrivées à mon niveau, j’ai entendu la petite fille murmurer à sa mère, “apa pane murungu, ndotaura sei?”- qui peut être traduit par “il y a une blanche, comment je communique avec elle ? ». J’ai été vexée non pas d’avoir été appelée blanche, mais parce qu’elle n’avait pas vu que j’étais des leurs, même si j’ai le teint clair. Même si je suis mieux habillée, le fait que j’utilise ce genre de transports économiques indique bien que moi aussi j’ai des difficultés économiques, comme elles.

Ma colère s’est peu à peu orientée ailleurs ,vers les forces qui ont réduit la plupart des Zimbabwéens à des mendiants sales. Vers les privilégiés égoïstes qui se sont enrichis et ont détruit notre économie, en s’assurant que tous les autres vivent au-dessous du seuil de pauvreté. J’ai regardé autour de moi dans le bus et j’ai pensé :voici les vrais Zimbabwéens, et parmi eux, il y a d’anciens combattants de la liberté. Ils devraient être ceux qui clament “Nous nous sommes battus pour ce pays !”. Et malgré cela, ils occupent les niveaux les plus bas de la société.

Les menaces des universités occidentales examinées

Dans son billet intitulé “Mugabe, l’occident, et les Zimbabwéens “serviles” » [8], Zimpudit [En] s’interroge sur l’honnêteté des menaces, proférées par les universités occidentales, de déchoir Mugabe de ses diplômes honorifiques.

Ce qui est incompréhensible , ce sont les gens, et nous savons qui vous êtes, qui prétendent maintenant avoir depuis toujours percé à jour la façade officielle de Mugabe. Pourtant, ils n’ont rien dit quand il était célébré comme le plus grand homme d’Etat d’Afrique durant les années 80 et 90, et ils cherchent maintenant à prendre leurs distances et à oublier qu’eux aussi, autrefois, étaient amoureux de lui. Ce qui restera toujours un mystère pour moi, ce sont les faits précis sur lesquels se basent leurs pseudo-critiques contre Mugabe, ou pire encore, envers des gens comme nous, qui exerçons seulement nos prérogatives, quand nous disons ceci : Le fait est que la qualité de vie de beaucoup de mes compatriotes s’est énormément améliorée immédiatement après l’indépendance, en 1980. De plus, s’ils sont vraiment attachés à la démocratie et à la liberté d’opinion, qui sont-ils pour réfuter l’opinion de nombreux Zimbabwéens ? N’est-ce pas le fondement de la démocratie ? E pluribus unum.

Zimpundit [9]