Blogosphère en tamoul: Les réfugiés tamouls sri-lankais en Inde

En novembre 2006, durant une visite en Inde, l’actrice Angelina Jolie avait fait moult compliments à ce pays pour offrir l’asile aux populations déplacées d’un certain nombre de pays. Elle avait aussi dit que l’initiative de l’Inde d’offrir l'asile à des réfugiés étrangers, alors que le pays compte lui même beaucoup de miséreux, devait être saluée.

A l’époque, Badri Seshadri, Chennai, India [Tamoul] avait publié un billet sur les conditions de vie difficiles des réfugiés et en particulier, celles des réfugiés tamoul du Sri Lanka. Il écrit :

இந்தியா தன்னாட்டு மக்கள் நலனுக்கே நிறைய செய்யவேண்டிய நிலையிலும்கூட, வெளிநாட்டு அகதிகளை அரவணைத்து அவர்களுக்கு வேண்டிய அளவு செய்துள்ளதாக ஜோலீ கூறியுள்ளார்…

Les réfugiés en Inde peuvent être classés en quatre groupes principaux. Tout d’abord, les Tibétains qui ont fui les Chinois. L’Inde soutient toujours ces quelques dizaines de milliers de réfugiés. En seconde place vient le groupe des Birmans, qui sont venus quand la dictature militaire a été instaurée dans leur pays. Leur nombre approche les 50 000. Le troisième groupe est venu du Bangladesh, en 1970, et compte quelques centaines de milliers de personnes. L’Inde avait à affronter de nombreux problèmes à l’époque. Le quatrième groupe est celui des réfugiés du Sri Lanka.

Même si l’Inde a aidé ces réfugiés au début, les réfugiés tamouls du Sri Lanka vivent dans des conditions extrêmement dures. Ils sont consignés dans des camps à l’écart. La décision du gouvernement de l’état du Tamil Nadu a même été de renvoyer ces réfugiés d’où ils venaient, contre leur volonté.

Badri [Tamoul] souligne que l’Inde n’a pas ratifié la convention du Haut Comité au Réfugiés de l’ONU, en 1951. Et ne l’a toujours pas signé. Les réfugiés birmans, afghans, bangladais et tibétains ne sont pas heureux en Inde. Mais les tamouls du Sri Lanka sont encore plus malheureux que les autres. A ceux qui risquent leur vie en traversant le détroit de Palk, tout ce que l’Inde offre est quelque chose qui ressemble à une condamnation à la prison.

Badri propose une ébauche de charte des réfugiés.

1. அவர்கள் இந்தியா வந்த உடனேயே, அரசியல் காரணங்களுக்கான அகதி என்பதை உறுதி செய்துகொண்டு (பர்மா, இலங்கை அகதிகள் இன்றைய நிலையில் அரசியல் அகதிகள்தாம்!) அவர்கள் கண்ணியத்துடன் உயிர்வாழ சுகாதாரமான, வசதியான தாற்காலிக இடம் கொடுக்கப்பட வேண்டும்…

1. Les réfugiés, dès qu’ils arrivent, devraient être considérés comme des réfugiés politiques. Un logement temporaire décent devrait leur être accordé, avec une aide pécuniaire pendant au moins six mois. Ensuite, un soutien véritable devrait leur être offert pour que les réfugiés puissent vivre de façon indépendante.

2. Les réfugiés politiques admis en Inde devraient avoir des sauf-conduits diplomatiques et devraient avoir l’autorisation de vivre et travailler n’importe où en Inde.

3. Là ou les réfugiés décident de résider, des bons alimentaires devraient leur être donnés pour obtenir des produits de première nécessité à un prix raisonnable.

4. Les enfants des réfugiés devraient être autorisés à étudier en Inde.

5. Les hôpitaux publics devraient soigner les réfugiés comme n’importe quel autre Indien, sans demander de paiement.

6. Les réfugiés devraient être autorisés à acheter du terrain ou une maison. Et quand ils vendent un bien immobilier, ils devraient être autorisé à changer l’argent reçu en devises étrangères.

7. Les réfugiés devraient avoir le droit de voyager dans d’autres pays.

8. Plus important que tout, les réfugiés ne devraient pas être automatiquement considérés comme des “suspects”, que l’on met en prison et que l’on soupçonne de délits. Des comportements aussi haineux devraient être interdits.

9. L’Inde devrait signer la convention du Haut Comité aux Réfugiés de l’Onu de 1951.

L’Inde pourrait ensuite inviter Angelina Jolie aux festivités conclut Badri Seshadri qui vit à Chennai, en Inde.

En décembre 2006, Thiru from Belgium, Varavanaiyan Senthil from Dindugal et Azhiyuran from Thirunelveli [Tamoul] ont visité un camp de réfugiés tamouls sri-lankais à Thalaiyuthu, au Thirunelveli, en Inde.

Voici quelques extraits du billet de Thiru.

“605 personnes, appartenant à 184 familles, vivent au camp Thalaiyuthu. Des huttes aux murs de boue, avec des feuilles de palmier comme toit, les abritent. Durant la saison des pluie, l’eau stagne à l’intérieur des huttes. Il y a quelques magasins improvisés à l’intérieur du camp. Un temple hindou. Un des puits ne fonctionnait pas, ce qui a conduit à un manque d’eau potable. Il n’y a que trois toilettes dans le camp qui abrite environ 300 femmes, en plus des hommes et des enfants. Le matériel médical est insuffisant. Les gens du camp sortent pour gagner leur vie et gagne un salaire misérable comme manoeuvres payés à la tache. La plupart des familles vivent dans un bâtiment abandonné, dont les murs et le toit s’effondrent. Chaque famille à droit à un espace de 1,50m x 1.50 m. Des murs de boue d’un mètre de hauteur ont été bâtis pour les séparer. Une famille cuisine, mange, dort et se réunit dans cet espace.

Thalaiyuthu Panchayat, l’administration du district, le gouvernement de l’état ou le gouvernement fédéral indien n’ont pas jugé bon de doter ce camp de réfugiés d’un minimum d’équipements. Nous avons vu des cochons et des chiens mieux logés qu’eux près de ce camp. Pourquoi notre gouvernement n’a -t-il pas accordé au moins l’aide essentielle à ce camp de réfugiés ? Les réfugiés qui cherchent asile, chassés par la guerre dans leur pays natal, sont traités de façon abominable ici. Non seulement le gouvernement ne fait rien, mais ils empêchent d’autres organisations de leur venir en aide.”

Thiru poursuit en écrivant qu’il n’y a pas d’informations sur ce qu’il est advenu des fonds mis de côté par le gouvernement indien pour les réfugiés. Il n’y a pas d’informations non plus sur les droits des réfugiés. Des projets sont à l'étude pour rassembler des informations sur ce qui s’est passé durant les cinq dernières années et des actions concrètes sont prévues. Il dit que ses amis et lui ont quitté le camp de réfugiés de Thalaiyuthu avec le cœur lourd.

Azhiyuran[Tamoul] qui a visité le camp de Thalaiyuthu avec Thiru évoque l’impact culturel de leur vie en Inde sur les réfugiés, dont certains vivent dans ce camp depuis seize ans.

Azhiyuran écrit:

திருநெல்வேலியிலிருந்து மதுரை செல்லும் சாலையில் சங்கர் சிமெண்ட் தொழிற்சாலைக்கு பின்புறமாக இருக்கிறது இந்த முகாம்.சிமெண்ட் நுண்துகள்கள் விரவிக்கிடக்கிற முகாமில் யாவரின் முகத்திலும் வறட்சியான சிர்ப்பையே காண முடிகிறது. அண்மையில் அயலகத்திலிருந்து வந்திருந்த திரு, தூத்துக்குடியிலிருந்து வந்திருந்த வரவணையானோடு நானும் இணைந்து தாழையூத்து அகதிகள் முகாமிற்குப் போயிருந்தோம்…

“Le dialecte a changé non seulement chez les enfants qui fréquentent l’école, mais également chez les adultes. Quand on les interroge, les adultes admettent que leur accent a vraiment changé et qu’il ressemble maintenant à celui du tamoul du Tirunelvelil. La plupart des réfugiés du camp étaient avant des pêcheurs. Leur alimentation consistait alors essentiellement de poissons et de fruits de mer. Ce type d’alimentation est devenu hors de portée, à cause de son prix. La plupart sont donc devenu végétariens. Et même si certains peuvent acheter du poisson de temps en temps, ils se sentent gênés de le cuisiner et de le manger au milieu des autres réfugiés dans des locaux exigus”.

Azhiyuran [Tamoul] évoque ensuite les mariages chez les réfugiés. Il écrit :

“Les réfugiés d’un camp se marient avec ceux des autres camps de réfugiés éparpillés dans l’état du Tamil Nadu. Il ne leur est pas possible de publier des bans pour leur mariage. Et il ne leur est pas possible d’organiser la cérémonie dans une salle des mariages. Elle a donc lieu devant leurs abris. La vie pour les nouveaux mariés est assez horrible dans ces camps. Cette question délicate a été à peine abordée par certains réfugiés mais nous avons compris ce qu’ils enduraient et nous nous sommes sentis très gênés. Plus que toute autre chose, la mort est l’épreuve qui les affecte le plus et qui souligne avec brutalité leur dilemme. Les refugiés ne sont pas en mesure de rapatrier le corps au Sri Lanka. Un père décède donc sans que son fils au Sri Lanka en soit informé”.

Voici les conditions dans lesquelles les réfugiés tamouls du Sri Lanka vivent. Mais celles des populations déplacées à l’intérieur des frontières de l’Inde sont encore pires. Des rapports peuvent être lus ici et ici. [Tamoul]

Mathy Kandasamy

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