L’affaire des infirmières bulgares (et du médecin palestinien) s’estompe déjà dans l’Histoire, tandis que les supputations vont bon train: ont-ils été libérés suite au versement d’une rançon? Etaient-ils coupables ou non? Etaient-ils otages d’une situation politique dans le Nouvel Ordre du Monde et qui, exactement, a désamorcé la situation? Une chose est sûre, de ce coté du monde : leur innocence ou leur culpabilité n’a pas été prouvée à 100 pour cent. Cependant, dans leur propre intérêt, les Libyens vont de l’avant.
La blogueuse Tasnim [En] estime que c’est le bon moment pour aborder le sujet du système de santé libyen en général et confier quelques vérités sur les médecins libyen:
“Chaque jeune recrue dans chaque nouvel arrivage de docteurs libyens a un lot d’histoires à raconter. J’ai le privilège d’avoir beaucoup de cousines médecins , toutes débutantes (mashallah) et j’apprends donc beaucoup de choses sur ce sujet. Comme par exemple, que les malades corrigent le docteur. Ou que les infirmières très occupées à parler de henné et de mariage rétorquent « Mich Fadya » quand un médecin leur demande quelque chose.
La blogueuse se plaint aussi des médecins étrangers employés en Libye avec des contrats à long terme. Pourquoi ne parlent-ils pas arabe ? Ou même anglais ? Les Libyens sont-ils supposés savoir communiquer en Ukrainien ou en Tagalog .
“Ensuite, il y a les doléances au sujet des médecins venus d’Ukraine ou d’autre pays de l’Europe de l’Est qui ne parlent ni arabe ni anglais. Je l’ai vu de mes propre yeux, autrement, je croirais que les gens exagèrent. Dans le dispensaire proche de chez nous, les personnels médicaux viennent tous d’Ukraine ou des Philippines. Les Philippins parlent anglais, très peu d’arabe. Ceux d’Ukraine ne parlent aucune des deux langues. La communication dans ces cas là doit être un mélange de langue des signes et de …langue des signes. Quand ce système échoue, faites appel à la traduction.”
Il s’agit de docteurs, d’infirmières, et non de manœuvres construisant un aqueduc. Ils doivent communiquer correctement. Comment pouvons-nous attendre d’eux qu’ils posent des diagnostics exacts s’ils ne comprennent même pas les symptômes de leur patient ? Tasnim poursuit en imaginant la situation inverse:
“Imaginez un docteur arabe dans un pays étranger. Imaginez ensuite que ce docteur n’apprenne pas la langue du pays où il/elle réside, et qui plus est, qu’il s’attende à ce que les « indigènes » apprennent l’arabe pour qu’il/elle puisse se faire comprendre ».
Les lecteurs se feront leur propre opinion mais la mienne est qu’un docteur arabe serait considéré très arrogant si il/elle jouait ce genre de tours à l’étranger.
Dans un autre registre, Duniazad [En] aime lire le journal le Tripoli Post et y trouve réguièrement de pépites qui auraient pu nous échapper . Une de celle-ci est son billet Vieux et Neuf dans lequel elle cite un récent article de Zainab Alarbi [En] dans lequel elle raconte comment les belles-mères libyennes martyrisent leurs belles-filles.
“Si vous croyez que les vieilles dames sont douces et gentilles, vous vous trompez. Je suis désolée de vous apprendre qu’elles ont une force surprenante et des langues de vipères. Surtout avec leurs belles-filles. Quand une tradition ou une coutume est transformée en règle de fer, cela devient de la tyranie.Nous devrions fonder une association qui éduque les femmes à tenir têtes à leurs « aînées ». Les superstitions, l’ignorance, et des habitudes néfastes sont transmises de génération en génération dans certaines parties de notre pays par ces vieilles dames ».
Je ne suis pas sur que Duniazad [En] soit entièrement d’accord, mais je dois reconnaître que certaines vieilles femmes sont des terreurs , cependant, elles restent la mère de quelqu’un la sœur, la tante…et nous avons été élevés ans le respect de nos aînés. L’arbitrage va donc être très difficile. D’un autre côté, j’encouragerais Zainab a ouvrir un blog car elle a un don pou raconter les histoires!
Safia a rencontré au Danemark un raciste ivre mais elle a gagné le match en défendant ses positions Elle n’était pas loin cependant de lui faire une démonstration de ses talents en arts martiaux . Si elle l’avait envoyé au tapis, je me demande ce que les journaux auraient publié comme gros titres en première page.
Je vous laisse apprécier son aventure ;
“Un type visiblement ivre, avec la tête rasé et des tatous mal dessinés sur ses bras et son cou fait son cirque avec ses copains[;..] […]Mr. Alcool crache sur les passagers qui attendent, beugle, et bouscule les gens tout en riant.[…]Ben sur, ce conard s’arrête pile devant mon banc, me regarde. Puis il fait la moue et dits : « Tu es une demi négresse ou quoi ? ». […]M. Tatou Bizarre recule un instant, puis se lâche: “Nègre de merde! Pourquoi tu rentres pas de là d’où tu viens?”. [..]Maintenant, il menace verbalement de me battre à mort, moi et tous les gens comme moi, mais je lui réponds, en le regardant droit dans ses yeux gris/rouges. “Pourquoi tu ne te tires pas de cette station maintenant? Ça voudrait mieux pour toi et tes copains si tu la fermes et si tu t’en vas ». – Ma voix est toujours très calme mais ferme, glaciale. Je suis prête, je pense déjà à ce que je vais dire quand la police arrivera pour le ramasser en morceaux dans un seau en plastique ».
Whiteafrican [En] a fait un has been voyage au Bangladesh et régale la blogosphère de ses photos, pensées, et souvenirs du voyage.
“Je ne pense pas que le café bangladais soit le meilleur café, j’avais donc apporté le mien, Ils n’avaient qu’à me fournir de l’eau chaude et mon petit-déjeuner était prêt, mais il fallait au moins que je mange quelque chose. Les petits déjeuners, au Bangladesh, consistent en roti ou parata (similaires aux chapatis, ou, pour les Libyens, aux ‘iftat’) avec du sabzi (des légumes cuits variés) et du curry de temps en temps. J’ai en quelque sorte inventé mon propre style de petits-déjeuners, qui consistaient en un roti avec du miel. Le curry est un peu trop lourd pour moi, le matin. Le meilleur, ce sont les fruits: les mangues et les ananas frais pour le petit déjeuner, c’est un délice’.
Vous pouvez en savoir plus ici, ici, ici, ici et ici.
Et pour finir, félicitations au docteur et blogueur libyen Ghazi Ghiblawi pour la publication récente de son recueil de nouvelles en arabe. Le titre en français serait « Un visage qui ne connaît pas la tristesse ». Le blog de Ghazi, Imtidad [Arabe] regorge de pensées et d’histoires, en arabe et en anglais, et je ne peux que souligner qu’il est vraiment talentueux, que ce soit comme scientifique que comme écrivain.