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Malaisie : Vives tensions autour de l'augmentation de l'essence

Catégories: Malaisie, Economie et entreprises, Environnement, Gouvernance, Manifestations, Médias citoyens

Les manifestation contre le prix de l'essence [1]se multiplient en Malaisie. Voici quelques jours, à l'appel de l'opposition, des milliers de manifestants [2]ont protesté dans la rue contre la décision du gouvenement de réduire les subventions au prix de l'essence et d'augmenter son prix à la pompe. Le mois prochain, les organisations de l'opposition [3] se mobilisent pour faire descendre dans la rue un million de Malais.

Le blog Cowboy Caleb [4](anglais) décrit la situation en Malaisie avec un graphique, à la veille de l'augmentation du prix de l'essence :

“La circulation a été détournée de la route du bord de mer car on aurait dit qu'une foule manifestait. Plus loin, chaque station d'essence était prise d'assaut, avec des files de voitures attendant de faire le plein”.
“Naturellement, les Malais brandissent le poing avec colère. De tous les pays producteurs de pétrole, la Malaisie est celui où l'essence est la plus chère, même si elle est encore relativement économique à l'échelle de l'Asie. Tout ceci pue la mauvaise gestion gouvernementale”.

Konsyenz [5] (anglais) explique la colère du citoyen ordinaire :

“En quelques mots, une nation qui exporte comme la Malaisie devrait tirer profit de l'augmentation du prix du pétrole. La demande va toujours croissant, mais la rareté de la ressource fait augmenter les prix”.
“Donc, si nous sommes logiques, un pays producteur de pétrole comme la Malaisie, qui couvrira ses besoins et exportera jusqu'en 2014 selon les prévisions, gagne beaucoup d'argent quand le prix du baril augmente. Pourquoi la Malaisie souffre-t-elle, dans ces conditions, de l'augmentation mondiale du prix du pétrole ?”

Le blog freelittlebrain [6] (anglais) pense de son côté que les manifestations contre le prix de l'essence ne sont pas justifiées. Le même point de vue [6]est exprimé par les blogs Malay Women et Malaysia (anglais):

“J'ai été choquée et en colère quand le prix de l'essence a augmenté 24 h après le communiqué officiel, la semaine dernière, mais j'ai vite réalisé que nous ne pouvons rien faire. Je maintiens que la manifestation contre le prix de l'essence qui a été organisée aujourd'hui est une perte de temps.”

Le blog chantique79 [7] (anglais) estime que la politique du Premier ministre reflète son “imprévoyance des conséquences pour le peuple”. L'ex Premier ministre Mahathir Mohamad partage sur son blog [8], (en anglais)cette opinion :

“Je pense que les citoyens s'attendaient à l'augmentation de l'essence. mais ils sont en colère sur la méthode et la brutalité de la décision. Le Premier ministre parlait à mots couverts d'une augmentation au mois d'août, mais il a précipité les choses avec deux mois d'avance, juste après l'interdiction de la vente d'essence aux étrangers. Si l'augmentation avait été plus graduelle, les citoyens n'en auraient pas souffert autant”.

La blogueuse Fireangel [9] (anglais) a téléchargé l'article d'un ami sur l'impact d'une essence plus chère sur l'économie :

“Tout les secteurs qui dépendent du pétrole, des producteurs aux distributeurs, sont maintenant confrontés à une double peine : payer une augmentation de 25% sur leur facture d'électricité, tout en supportant l'augmentation importante du prix de l'essence. Les augmentations qui vont en résulter vont obligatoirement être répercutées sur le consommateur final, et cela va précipiter la crise de la production nationale quand la demande de biens va plonger à cause de la diminution du revenu disponible.
“Les effets de l'inflation, sans parler de l'hyper-inflation, sont imprévisibles au mieux dans un pays qui a récemment refusé de fixer le salaire minimum mensuel à 900 RM (roupie malaisienne).Au pire, l'effet combiné de ces événements allumera l'allumette qui mettra le feu à la poudrière de l'agitation sociale.”

Le blog Meshio.com [10] (anglais) ajoute :

“J'ai remarqué que les gens étaient plus concernés par le prix de l'essence que par l'augmentation du prix du riz. Cela prouve qu'ils ne sont pas stupides. Ils savent que l'augmentation du prix des ressources est une donnée mondiale. Mais il savent aussi que le prix choquant de l'essence en Malaisie N'EST PAS une donnée mondiale, mais un problème local concocté par les autorités locales.”

Les dirigeants malaisiens ont promis qu'il n'y aurait plus d'augmentation de l'essence cette année, que le gouvernement va chercher des sources de revenus autres. Le blogueur Cakap Tak Serupa Bikin [11] (anglais) réagit avec ces mots :

“Quelles alternatives ? Le gouvernement pourrait examiner la possibilité de diminuer la corruption, en trouvant des moyens de la légaliser, et c'est tout à fait possible. Nous avons des fonctionnaires légalisés qui travaillent au noir la nuit. Nous avons des paris légaux sur les courses de chevaux légales, nous avons des casinos, des officines de paris, des jeux sur les sports légaux. Il suffit de légaliser la corruption en plus”.

Le blog KTemoc Konsiders [12] (anglais) décrit l'augmentation du prix de l'essence comme “Vraiment Tragiquement Tsunamesque”. Et le blogueur souligne la conséquence “positive” de l'augmentation :

“La seule entreprise qui en bénéficiera, et je ne dis pas cela comme une blague cruelle mais en tant qu'observateur de la vie quotidienne en Malaisie, seront les loteries 4-Ekor et les jeux d'argent. La pauvreté mène au désespoir et le désespoir mène aux espoirs fantasmatiques….et les fantasmes guident les pauvres vers les officines de paris 4-Ekor.”

paultan.org [13](anglais) note que les voitures sont tout à la fois un luxe et une nécessité :

“Si l'on prend en compte notre revenu national par tête, les voitures sont maintenant officiellement un produit de luxe et, grâce à notre pathétique système de transports en commun, une nécessité ! Il va nous falloir trouver des moyens de consommer moins d'essence sans pour autant compter sur les transports en commun : réduire les déplacements, utiliser le co-voiturage.”

Rajan Rishyakaran  [14] (anglais) examine le système de subventions à l'esence de la Malaisie :

“Ce n'est pas comme si la Malaisie se noyait dans le cash : nous sommes en déficit fiscal depuis de nombreuses année. Et les revenus du pétrole ne devraient pas servir à subventionner le prix de l'essence. C'est un gâchis, mal ciblé, et inefficace. Distribuer des bons d'essence (un peu comme l'actuelle administration semble le faire) est beaucoup plus juste. Bien sûr, le gouvernement actuel pourrait beaucoup faire pour alléger les charges actuelles. Annuler les projets pharaoniques à l'utilité contestable (pour construire un Monorail à Pénang, par exemple, alors que rénover les lignes de tram existantes de l'île est beaucoup plus économique) – et redistributer cet argent par l'interdiaire de réduction d'impôts”.

Rant Cushion [15] (anglais) explique comment le système de l'essence subventionnée a été perverti :

“Les subventions au prix de l'essence ont été détournées par ceux qui ne méritent pas le sacrifice des contribuables; Quand une denrée subventionnée comme l'essence crée un double système, nous pouvons parier que l'argent sera siphoné le long de la chaîne et que certains s'enrichiront sur le dos des contribuables”. Mettre un terme aux subventions au prix de l'essence ne signifie pas l'arrêt des aides pour ceux qui en ont un réel besoin. Il y a des moyens pour s'assurer qu'ils reçoivent les fonds publics, via, par exemple, des allocations, qui seraient un moyen de redistribuer les bénéfices vers la population qui en a besoin”.

Oxyeleotris marmorata [16] (anglais) demande : ‘Avons-nous profité de notre pétrole ? Où sont passés les profits ?’

L'augmentation des denrées alimentaires et du prix de l'énergie inquiète ShadowFox's hideout [17] (anglais) pour le futur :

“La prospérité de la génération de nos parents s'achève, et nous affrontons une nouvelle génération de jeunes qui n'auront ni les mêmes opportunités ni les mêmes ressources que leurs parents, et souffriront un manque cruel d'opportunités basés sur leurs mérites. Même dans le secteur privé, les choses ne sont pas roses. Les jeunes d'aujourd'hui vont affronter un énorme problème financier”.