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Afghanistan : Sayed Parwez Kambakhsh toujours condamné à mort pour ses écrits sur Internet

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Sayed Parwez Kambakhsh est étudiant en journalisme à l’Université Balkh [1] [anglais] de Mazar-e-Charif [2]. Il aurait reproduit le texte d'un site Internet iranien critiquant la position de l'Islam sur le traitement des femmes et ajouté ses propres opinions en la matière. Suite à cela, les services secrets afghans ont mené une enquête à son sujet et, après son arrestation, une cour de la province de Balkh l'a condamné à mort pour hérésie.

Lors des audiences de son procès en appel, Sayed Parwez Kambakhsh a été fustigé par le juge [3] d'après Jean MacKenzie, de l’Institute for War and Peace Reporting :

Presiding judge Abdul Salam Qazizada has weathered several Afghan administrations. He is a holdover from the Taleban regime, and his antagonism to the defendant was visible…

During the session, Qazizada appeared to take on the role of prosecutor rather than impartial judge, engaging in a legal duel with defence attorney Mohammad Afzal Nooristani. Lacking a gavel, he repeatedly banged his pen against his microphone in an effort to halt Nooristani’s defence of his client.

Time and again the judge attacked Kambakhsh, who sat pale but composed in the defendant’s chair.

“Just tell me why you did these things,” insisted Qazizada. “What were your motives?”

“I cannot give you reasons, since I did not do anything,” responded Kambakhsh.

Le Juge Abdul Salam Qazizada a résisté à plusieurs administrations afghanes. C'est un reliquat du régime taliban et son hostilité à l'égard de l'accusé était perceptible.

Pendant l'audience, le juge Qazizada a semblé jouer le rôle du procureur plutôt que celui d'un juge impartial, s'engageant dans un duel légal avec l'avocat de la défense Mohammad Afzal Nooristani. Faute de marteau, il a à plusieurs reprises frappé son micro d'un stylo, de façon à interrompre la plaidoirie de Mohammad Afzal Nooristani en défense de l'accusé.

Le juge n'a cessé d'attaquer Sayed Parwez Kambakhsh, qui semblait pâle mais calme dans le box de l'accusé.

“Dites moi seulement pourquoi vous avez fait ces choses”, a insisté le juge Qazizada. “Quel était votre mobile?”

“Je ne peux pas vous donner de raisons puisque je n'ai rien fait”, a répondu l'accusé.

Sayed Parwez Kambakhsh aurait été battu depuis son emprisonnement initial en décembre dernier, mais avant qu'un examen médical ne soit programmé, la plupart des marques physiques auront eu le temps de guérir. Quoiqu'il plaide coupable, il affirme l'avoir fait sous la contrainte.

Durant l'enquête de moralité, il a été retenu que Sayed Parwez Kambakhsh posait trop de questions,  cherchait à attirer l'attention sur lui,  voulait être populaire, était impoli et échangeait des blagues salaces via son téléphone portable.

Il est face à de nombreux obstacles : une semaine avant sa première audience en appel, ses avocats n'avaient pas encore examiné son dossier et la Chambre haute du Parlement a fait savoir qu'elle soutenait [4] [en anglais] son exécution, tout comme des religieux conservateurs et quelques chefs de tribu.

En 2006, Abdul Rahman [5] [en français] avait encouru la peine de mort pour s'être converti au christianisme. Sous l'intense pression internationale, il a été déclaré juridiquement irresponsable et déporté en Italie. La pression internationale est moindre dans le cas de Sayed Parwez Kambakhsh : voilà des mois que les médias internationaux n'ont pas couvert son procès, en dépit d'informations alarmantes selon lesquelles sa condamnation interviendrait en représaille [6] [anglais] des activités de son frère, un journaliste, pour l’IWPR.

Mise à jour :

Une photo émouvante de Sayed Parwez Kambakhsh, escortés par des policiers afghans à la sortie d'une audience du tribunal à Kaboul, le 18 mai 2008, sont en ligne sur le site dailylife [7].