[…] L'important […] n'est pas de tomber amoureux, mais que les gens le restent. […]
Il semble qu'aujourd'hui est une sorte de jour férié spécial, avec un nom à rallonge qui se termine par «fidélité». La Journée de la famille, de l'amour et de la fidélité. Ou quelque chose comme ça.[…]Tous les talks shows de la télé aujourd'hui ont mis solennellement à la une des familles nombreuses Certaines avec neuf enfants, d'autres avec onze. […] Et ma mère (qui travaille dans un service de maternité) a dit aujourd'hui : «Une femme dans notre hôpital a abandonné ses jumeaux. Eh oui. Elle a 36 ans et déjà une fille de 8 ans.» Ma mère sait soigner les gens qui ne savent pas dire où ils ont mal parce qu'ils n'ont que quelques jours. Et ma mère s'y connaït. Et aussi, en tant que directrice du service, elle a la responsabilité de parler avec les femmes qui abandonnent leurs enfants. Elle a ses propres mots et ses méthodes, qui sont difficiles à rendre par écrit. «Et je lui demande, continue ma mère, comment pouvez-vous les abandonner ?» – «Eh bien, vous voyez, dit la femme, je ne pourrai pas m'en occuper. Et quelqu'un les adoptera et les élèvera de façon normale, les aimera comme ses propres enfants.» Ma mère, à nouveau : «Est-ce que vous savez que normalement on n'adopte pas deux enfants à la fois ? Dans 99% des cas, un couple adopte un seul enfant. Et selon la loi actuelle, les jumeaux ne peuvent pas être séparés. Surtout s'il s'agit d'un garçon et d'une fille. Ils peuvent se rencontrer plus tard et cela peut mener à l'inceste. […]» La femme a réfléchi quelques jours. Et à ce jour elle refuse toujours de garder les enfants. Elle a dit qu'elle pensait que l'homme [le père des enfants] allait l'épouser, mais il a changé d'avis. Il a dit : «Ce ne sont pas mes enfants ! Il n'y a jamais eu de jumeaux dans notre famille!»J'écoute ma mère sans rien dire. Et elle continue : «Récemment, une fille de 18 ans a abandonné son fils. J'ai essayé de lui parler de différentes manières, mais elle m'a regardée et m'a dit : « Savez-vous que mon père est à la tête de telle et telle région ? Et que ma mère travaille dans telle et telle institution ? Ce sont des gens respectés. Voyez-vous, je ne peux vraiment pas». – «Vos parents savent-ils que vous allez abandonner votre enfant ?» – Maman le sait.» – «Et votre papa ?» – «…» «Ainsi vous avez peur toutes les deux d'en parler à votre père. Comment la fille d'un tel père a-t-elle pu avoir un enfant en-dehors des liens du mariage?» – «…» – «Dites-moi juste une chose : pourquoi n'avez-vous pas avorté ?» – «Vous me prenez pour une idiote ? C'est mauvais pour la santé. Et si je ne pouvais plus avoir d'enfants à l'avenir ?»Ma mère continue à parler. Dans son service, une fille a accouché récemment. La fille a 25 ans, elle est handicapée mentale. Ses parents sont venus, ils sont également ses tuteurs. La mère pleure, le père serre les mâchoires pour ne pas pleurer. Des gens normaux, en bonne santé, il s'est seulement trouvé que leur fille est née ainsi. Ele a fréquenté une école pour enfants handicapés, y a rencontré un garçon. Tous deux ont environ 25 ans, mais leur âge mental est de 10 ans. Tout le monde savait qu'il avaient une liaison. Les médecins disaient que dans leur état ils étaient tous deux complètement stériles et qu'il n'y avait aucun souci à se faire. Expliquez-leur les préservatifs, disaient-ils.Un garçon est né. Pas gros, mais en bonne santé. Il y a 90 % de chances qu'il ait un handicap similaire à celui de ses parents. Les nouveaux grands-parents sont venus. En pleurant. Ils ont rempli les papiers certifiant qu'ils vont abandonner le bébé en tant que tuteurs. Ils vont prendre leur retraite sous peu, ils l'ont traïnée, elle, toute leur vie, des gens ordinaires, ils ne gagnent pas des milliers de dollars. La fille ne reçoit qu'[…]environ 100 $ de pension d'invalidité. Où croit-on qu'ils puissent encore trouver l'argent ? Quand nous mourrons, qui prendra soin de ces trois-là ? Elle ne peut même pas prendre l'enfant dans ses bras, ni le langer. Tout ça retombera de nouveau sur nous. Et c'est ainsi que nous avons passé toute notre vie !!!…Comment pouvons-nous le prendre ???Finalement, ils l'ont gardé.Ma mère a dit qu'au départ ils avaient bien signé les papiers pour l'abandonner. Et alors la jeune maman s'est présentée à l'entrée de la pouponnière – elle restait debout et braillait. Elle ne peut pas bien parler, alors elle restait debout et braillait. Elle a eu sa montée de lait, a commencé à allaiter le bébé. Ne voulait pas le lâcher. En violation du règlement, à titre exceptionnel, on a autorisé le père du bébé à entrer. Ma mère a dit que tous deux se penchaient sur l'enfant, le touchaient, disant quelque chose dans leur langage. Les infirmières ravalaient leurs larmes en sortant de la pièce.[…]Quand ils ont quitté l'hôpital avec le bébé, ils ont offert à tous les médecins du service de maternité un gâteau. Un gâteau vraiment énorme. Avec ces mots écrits dessus : «Que Dieu vous bénisse».Ma mère a dit : “Et comment êtes-vous supposés couper quelque chose de pareil ?»