Congo (RDC) : Kinshasa la baroque

Le blog Du Cabiau à Kinshasa a récemment publié un billet sur la passion de Kinshasa – la capitale – pour l'excès en toute chose, intitulé “Kinshasa est baroque”.

« Le baroque est un style qui se caractérise par l’exagération du mouvement, la surcharge décorative, les effets dramatiques, l’exubérance et de la grandeur parfois pompeuse.»

Alors, Kinshasa est incontestablement baroque. La simplicité est rarement du goût des kinois. A la sobriété, ils préfèrent la surabondance. De l’architecture à la musique, de la danse à l’habillement. Ici, on force le trait. En particulier quand il s'agit de frimer, on aime l’excès.

 

Le N'dombolo en est le meilleur exemple.  “Aujourd'hui, c'est “la” musique kinoise par excellence” écrit Cabiau. Le N'dombolo “est une musique et une danse née ici et qui font bouger les filles jusqu'à Dakar et Abidjan. C'est la fierté de tous les Congolais”.

Généralement, les (très) longs morceaux de ndombolo commencent doucement pour évoluer vers le «sebene», la partie déjantée de la chanson, ces quelques minutes où la piste de danse entre en ébullition. Les riffs de guitares sont alors ininterrompus et le rythme ultracadencé. Là dessus se greffent les chanteurs et les ambianceurs qui donnent de la voix… en même temps! Pour le profane, cette partie est presque inaudible tant le style est chargé. C'est pourtant le coeur de l'ambiance kinoise.

Cabiau, qui travaille dans l'humanitaire au Congo, admet qu'il a un peu de mal à différencier  Werra Son (photo ci-dessus) et Wazekwa mais qu'il “a pris goût à cette joyeuse cacophonie”.

Lorsque les décibels s'affolent, impossible de rester assis. Si l’on se donne la peine de s’aventurer sur la piste, au milieu des miroirs et des déhanchements endiablés, on ne peut que succomber. On est alors entraîné dans des chorégraphies délirantes que tout bon kinois connaît sur le bout des doigts. C’est le feu. De la folie furieuse. C’est Kinshasa.

Cabiau aborde aussi le phénomène du “libanga.”  Le Libanga est à la musique congolaise ce que le “placement de produits” est à la production cinématographique et télévisuelle. Pour quelques centaines de dollars, une société, une marque de bière, un politicien, ou un officier de l'armée, peut placer son nom dans les paroles d'une chanson. Un morceau peut comprendre plusieurs dizaines de ces dédicaces sponsorisées.  “Curieusement, cela ne semble pas émouvoir beaucoup de monde”, remarque Cabiau.  

Comme la «sape» et bien d’autres phénomènes sociaux ou musicaux, le «libanga» est né à Kin pour se répandre par la suite à travers continent. Kinshasa, c’est l’Afrique de l’Afrique. C’en est à la fois le cœur et la caricature. Comme un aimant, le noyau attire à lui ce qui l’entoure. Les éléments convergent vers Kinshasa. Une fois au cœur du cyclone, ils se mélangent, se transforment, renaissent et rejaillissent. Même si la ville a perdu de sa superbe, c’est ici que surgissent nombre d’influences qui se propagent ensuite alentours. Kinshasa est un bouillon de cultures. C’est le cratère du volcan. Tout ici est exacerbé… baroque…

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