Cuba : 55ème anniversaire du 26 juillet 1953

A Cuba, en 1953, en lutte contre la dictature de Fulgencio Batista qui bénéficiait du soutien des Américains, Fidel Castro a dirigé un groupe de jeunes révolutionnaires lors d’une attaque contre la Caserne Moncada à Santiago. Cet évènement est maintenant reconnu comme étant le début de la Révolution cubaine.
 Le week-end du 26 juillet 2008, Cuba a commémoré le 55ème anniversaire de cet assaut, cérémonie présidée par Raul, le frère et successeur de Fidel, en sa qualité de président cubain.

1Click2Cuba résume à sa manière l'objet des commémorations :

Aujourd'hui, 26 juillet 2008, cela fait 55 ans que le président Raul Castro, son frère Fidel et une bande de rebelles dépenaillés ont mené une attaque audacieuse, lançant ainsi une révolution qui a changé une île, et le monde par la même occasion.

Avant les commémorations, l’influente blogueuse Yoani Sanchez (établie à La Havane), a écrit un article dans lequel elle s'interrogeait sur le message que contiendrait le discours de Raul Castro :

Nous n’allons pas nous contenter d’écouter l'annonce de nouvelles mesures, nous Cubains, nous nous préparons à témoigner quant au peu accompli ces douze derniers mois.
L’époque des promesses et des solutions miracles pour venir à bout de notre sous-développement est révolue. Le discours politique  a vraisemblablement commencé sa chute. Mais ceci ne signifie pas qu'un jour, il atterrira. Un homme avec les pleins pouvoirs continue à piloter l'avion, tandis que personne n’annonce, dans les haut-parleurs, si nous maintenons une bonne altitude ou si nous sommes en train de nous écraser, si le vent nous est favorable ou si les moteurs sont sur le point d'exploser. Seul un silence, interrompu de temps en temps par des appels à la discipline et au sacrifice, émane des haut-parleurs de cet avion IL-14 de l’ère soviétique.

Après le discours, d'autres blogueurs ont réagi. Child of the Revolution  [anglais] a créé une revue de presse des réactions au discours de Castro, couvert par les principaux médias, revue dont il déduit que plus les choses changent, plus elles restent pareilles.

Ninety miles away… in another country [en anglais] n'a pas pu s’empêcher de mettre le doigt sur un thème émergent dans le «flamboyant discours» :

Dans le discours du 26 juillet de l'an dernier, Raul Castro est parti sur le sujet du lait, une disgression que les médias n'ont pas relevée, mais peut-être était-ce une affaire de langage. Pourtant, presque tous les Cubains cités par les médias se sont plaints du fait qu’ils n’avaient plus leur verre de lait, Il semblerait qu’il ait revu ses aspirations à la baisse cette année.
Cette année, le sujet qui a fait un retour timide est… celui de l'eau. L'aqueduc de Santiago est prévu d’être achevé en 2010, autant dire lorsque les cubains auront des grille-pain.

 L'intégralité du discours a été publié par haiti-cuba-venezuela>analysis  et par The Cuban Triangle , ce dernier faisant remarquer qu'on y trouvait “aucune quelconque feuille de route pour la mise en place des projets de Raul Castro » :

Castro, même s'il a présenté brièvement quelques résultats économiques positifs (croissance du tourisme, efficacité du transport), est resté muet quant aux politiques qui aideraient à affronter les défis qu'il a sombrement décrits – vieillissement de la population, diminution de la force de travail, système de la double monnaie. Et il a encore moins donné l'impresssion que, comme en matière d'agriculture, il cherche des moyens de changer de politique pour libérer des énergies productives qui généreraient de la croissance et de l’emploi.
Au contraire, un avis a été lancé pour nous informer que les temps allaient être difficiles…

Ce sentiment est partagé par le blogueur espagnol Alejandro Armengol, Cuaderno de Cuba [en espagnol]:

Le discours a également donné une idée du chemin restant à parcourir en matière de démocratie et d’économie … Le panorama qu’offre l'île laisse peu d'espoirs pour une transition progressive. A lieu de cela, les alternatives continuent de rebondir du changement brutal et traumatisant à une lente évolution, mais le danger du chaos demeure latent dans le contexte de manque d'espoirs d'une population.

Il compare aussi « la tendance du nouveau leader à présenter la `légitimité d'origine’ comme la justification fondamentale pour le gouvernement à La Havane », à la «stratégie adoptée il y a de nombreuses années par le dictateur espagnol Francisco Franco, qui a utilisé les mêmes moyens pour rester au pouvoir pendant une longue période : sa victoire durant la guerre civile d'Espagne a garanti son autocratie».

Uncommon Sense [en anglais] voit le véritable héritage du 26 juillet comme l'incessante perte en vies humaines engendrée par la Révolution cubaine, tandis que Yoani Sanchez, qui vit sous le régime créé par cette révolution, affirme :

Nous ne nous attendons ni à des pirouettes dans les airs, ni à des bonbons pour nous aider à surmonter les turbulences. Ce que nous voulons vraiment, c’est que le pilote ait le courage de nous avouer ce que nous allons traverser, et c’est à nous ensuite de décider ce qu’il en sera. Nous n'avions pas besoin de ce discours, samedi, pour nous réconforter avant de flotter dans les airs ; nous aurions préféré un exposé clair sur comment et quand embarquer sur un autre vol.

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