Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, les blogueurs internationaux disent que la gouveneure de l'Alaska Sarah Palin a cassé la baraque quand elle s'est adressée à la convention nationale républicaine à Saint Paul – Minneapolis. Certains la voient même devenir Présidente un jour. Voici un pot-pourri de réactions des quatre coins du globe.
En Nouvelle Zélande, David Farrar écrit sur le Kiwiblog (en anglais):
Sa candidature reste risquée. A un certain stade, elle sera questionnée sur les affaires nationales et internationales, et aura besoin de s'y connaître dans ces domaines. Mais les experts sont tous d'accord que c'était un excellent discours.
Egyptian Chronicles note (en anglais, vidéo) ainsi ses remarques sur le discours de Palin :
* Une fois de plus, cette femme a plus de charisme que McCain, elle parle comme si elle avait été choisie pour la présidence et non la vice-présidence
* Elle est une bonne oratrice en son genre
* Les caméras de RNC étaient focalisées principalement sur les dames
* La description par Sarah de sa famille comme typique avec ses hauts et ses bas était une excellente manière de traiter tout le battage autour de sa famille
* Elle cible un nouveau segment dans cette élection, les familles d'enfants ayant des problèmes de scolarité, c'est un segment de niche, dépourvu de pouvoir, mais il peut apporter d'autres votes en-dehors de la base républicaine.
* Elle cible encore et toujours les petites villes, utilisant les attaques sur son expérience
* Dès le début elle attaque très vigoureusement Obama
* Elle est si fière de son fils de 19 ans qui va en Irak et si heureuse qu'il aille se battre pour rien. Je me demande ce qu'elle ressentira si son fils de 19 ans revient à la maison dans un cercueil et qu'après quelques années elle réfléchit et se demande à nouveau si cela valait la peine ou non !?
* Le même vieux poncif malfaisant sur les pays terroristes, «cette chère Syrie» et le méchant Iran nucléaire !
* Elle a parlé de la victoire en Irak qui est si proche, mais de quelle victoire en Irak parle cette femme !!??
* L'indépendance énergétique est un bon slogan mais cela veut-il dire que l'armée américaine va évacuer pour de bon ses bases dans le golfe Persique et quitter pour de bon le Moyen-Orient, car elle parle comme si les riches états pétroliers arabes contrôlaient l'Amérique ?
* Elle a démontré qu'elle comprend la politique étrangère -bien entendu selon les critères républicains.
Zeinobia poursuit :
Vous pouvez être sûrs que son discours avait de la force et elle a fait revivre en quelque sorte le vieil esprit républicain grâce à son énergie, une énergie qu'elle gaspille, j'en ai bien peur. Je ne suis pas surprise que ce discours plaise tant aux Républicains, elle était leur Obama, elle devrait prendre la place de McCain ou peut-être ils savent qu'elle la prendra !!?? Voyez-vous, je n'ai rien contre elle, sauf que je n'aime pas sa politique vis-à-vis de notre région, le Moyen Orient.
Super Frenchie, de France, est en état de choc. Il écrit (en anglais) :
On dirait que les Républicains arrivent toujours à trouver un moyen de conjurer le sort : Sarah Palin pourrait bien être un futur président américain, et c'est quelqu'un qui croit au créationisme et pense que le réchauffement climatique est un canular !
Dans le pays le plus avancé scientifiquement au monde, c'est plus que choquant.
Pendant ce temps, le Canadien Stephen Taylor, qui a assisté à la convention républicaine, partage ses réflexions (en anglais, photos, vidéo) :
Hier soir, j'ai vu Sarah Palin accepter l'investiture de son parti à la vice-présidence des Etats Unis. J'étais assis quelques rangées derrière le podium des VIP et j'ai observé la famille de Palin, objet d'une intense attention des medias (qu'elle soit impartiale ou malveillante), prendre place et regarder leur mère, épouse et fille faire l'Histoire comme première femme à figurer sur le ticket présidentiel du GOP (le parti républicain).
Partageant ces sentiments, son compatriote canadien The Strong Conservative dit que Palin a cassé la baraque.
Qui a dit que Palin n'est pas prête ? La gouverneure Sarah Palin a cassé la baraque dans le Minnesota. Je crois qu'on peut dire sans se tromper qu'une nouvelle star politique est née ce soir.
Sa meilleure phrase était sans nul doute, «Et puisque nos adversaires dans cette élection présidentielle semblent regarder cette expérience avec condescendance, je vais leur expliquer ce qu'implique ce poste. Je pense que le maire d'une petite ville est une sorte d’ «organisateur de communauté», sauf que vous avez de vraies responsabilités.»
Oh, comme les médias traditionnels et la gauche vont la haïr à présent. Mais Palin est une femme indépendante, elle va traiter ça comme elle a traité les défis dans le passé : en faisant front. Sarah Palin pourrait être un jour la première femme Présidente des Etats-Unis, et quel grand jour ce serait.
Palin a aussi magnifiquement réussi à décrire le caractère de John McCain et la force de conviction qu'il apporterait à la Maison Blanche. J'ai été moi-même un critique féroce de McCain, mais il a merveilleusement bien choisi sa co-listière et il serait un homme intègre dans le Bureau Ovale.
Au Bangladesh, Mash (en anglais) est catégorique : Palin, la campagne de McCain, et ceux qui ont écrit son discours ont commis deux erreurs fatales, qui coûteront aux Républicains l'élection à venir le 4 novembre. D'abord, elle ne s'est pas rachetée aux yeux du public américain :
Ceci était sa première grande occasion de se présenter et se définir auprès du public américain. Après 5 jours de presse négative et les révélations en série sur son compte, qui ont gâché son lancement, c'était sa dernière chance de raconter son histoire. Elle avait besoin de se présenter, non pas comme la «hockey mom» (note traduction : «la maman qui joue au hockey») que McCain et elle aiment mettre en avant, mais comme une personne qualifiée pour être Président des Etats-Unis dans l'éventualité d'une incapacité du président. Elle a échoué. Pour sûr, elle a passé beaucoup de temps dans son discours à présenter sa famille, mais elle n'a pas fourni sa biographie politique. Ce que nous avons retenu, c'est la même impression qu'au début du discours : c'est qu'elle a été maire d'une petite ville et qu'elle remplit maintenant son premier mandat de gouverneur de l'Alaska. Ce n'était pas suffisant avant le discours, et ça ne suffira pas pour aller de l'avant, surtout qu'elle se présente avec un homme de 72 ans qui a eu un cancer.
Sa deuxième faute, selon Mash :
Son échec à étoffer sa biographie politique dans la première partie du discours a assuré l'échec de sa deuxième partie. Dans son discours, elle a longuement attaqué Barack Obama, parfois personnellement, disant qu'il manquait de gravité pour être président des Etats-Unis. De telles attaques venant d'une candidate à la biographie politique pathétiquement mince ont été avalées par la base républicaine, mais semblaient probablement un peu creuses, un peu trop sarcastiques, et largement trop négatives au public américain en général. Si sa tâche était de récupérer les électeurs de Hillary, ce n'était pas le discours qu'il fallait pour cela. Au contraire, ce discours ameutera la base contre la «gauche en colère». Si la base peut garder son enthousiasme intact pour les quelques mois qui viennent, elle affluera aux urnes pour rougir davantage les Etats rouges. On entendra beaucoup l'expression «guerre culturelle» durant le reste de la campagne. Les Républicains ont apparemment décidé une fois de plus de retourner aux sources – la base républicaine – pour gagner de justesse la victoire.
Mash continue :
La campagne de McCain a fait une erreur stratégique. L'élection ne va pas se jouer à la base. Cependant, vu l'état de la course [à la présidence], McCain n'avait peut-être pas le choix. L'homme, qui est connu pour aimer le jeu, a fait le seul pari à sa portée. Il a lancé une guerre culturelle. Ca prendra une très vilaine tournure, mais ça ne marchera pas.
Pour revenir au Canada, Darryl Wolk écrit en titre (en anglais, vidéos) : Sarah Palin était époustouflante ! Il ajoute :
Après toutes les attaques déloyales des médias, la chasse aux sorcières en Alaska et les critiques sur son expérience, Sarah Palin est sortie renforcée et confiante hier, en prononçant hier soir le meilleur discours de la convention républicaine. Je dois dire qu'elle est impressionnante. Oratrice solide (peut-être l'Obama au féminin sur le téléprompteur), ultra-conservatrice et sans aucun doute une maman qui donne la priorité à la famille, je pense qu'elle est devenue une star et qu'elle est un modèle pour les femmes cherchant à entrer en politique. En tant que Conservateur au Canada, j'adorerais la voir battre les chemins de la campagne électorale avec Harper pendant quelques jours ! Les organisateurs de la convention de novembre devraient essayer de la recruter pour prononcer le discours-programme. Je suis toujours pour Obama, mais pour la première fois dans cette campagne, je trouve qu'il y a de quoi être excité par le ticket républicain. Félicitations à Palin pour avoir prononcé un discours aussi puissant et bien interprété dans les circonstances auxquelles elle a fait face pour s'y lancer. Epoustouflante, je ne trouve pas d'autre mot.
La blogueuse de la diaspora cubaine Babalu ajoute (en anglais) que le discours l'a touchée :
Ceux d'entre nous qui l'ont captée en direct ont été témoins de l'Histoire. Néanmoins, je n'ai pas de scrupules à l'affirmer : Sarah sera presque à coup sûr un jour Présidente des Etats-Unis.
D'un autre côté, le blogueur de la diaspora des Barbades Jdid reconnaît (en anglais) qu'il n'était «pas particulièrement impressionné» par le discours :
Elle avait l'air de flatter un peu l'auditoire au début avec tout son “Et voilà ma tranche de vie”. Voilà mon fils aîné, il part en Irak et on va lui tirer dessus. Voilà mon bébé handicapé qui me rend désormais plus proche de vous tous qui avez des gamins handicapés.
On dirait qu'Obama avait raison et que les Républicains essaient de mettre l'accent plus sur les personnalités que sur les problèmes. Ele a essayé d'attaquer Obama sur une quelconque histoire triviale où on l'avait déjà attaqué avant, elle n'a pas innové et avec son air de Tina Fey et ces mots de la fin faiblards, étais-je seul ou y en avait-ils d'autres à s'attendre à ce qu'elle enchaîne avec «Live from New York, it's Saturday night»?
Je dois dire cependant que ce choix de Palin est vraiment dingue. C'est-à-dire, à mon avis, en surface, ils voulaient juste choisir une femme pour faire contrepoids à Obama, mais Palin, vraiment ? C'était votre meilleur choix ?