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Le tsunami financier vu de Hong-Kong

Catégories: Hong Kong (Chine), Catastrophe naturelle/attentat, Economie et entreprises, Médias citoyens, Politique

Place financière majeure dans le monde, la ville a été durement touchée par le tsunami financier déclenché par la faillite de Lehman Brothers. Le 18 septembre, l'indice Hang Seng (HIS) a plongé d'environ 1.300 points dans la matinée et a atteint 16.283, mais grâce à l'intervention conjointe des gouvernements chinois et de Hong-Kong, il a rebondi à 1.566 points dans l'après-midi. Bien que le marché des actions semble stabilisé, les détenteurs de mini-bons [note de la traductrice : bons adossés à des produits dérivés liés aux actions de sociétés importantes] émis par Lehman Brothers craignaient d'avoir définitivement perdu leurs économies.

Pendant le week-end, plus de 500 investisseurs ont manifesté dans la rue, appelant le gouvernement à intervenir. CC a écrit une lettre au Secrétaire aux Finances, Tsang Chun Wah [1] [tous les liens qui suivent pointent vers des sites en chinois] et l'a publiée dans son blog :

Tout comme les quelque cinq cents investisseurs qui manifestent aujourd'hui dans la rue, je suis moi aussi une des victimes qui ont acheté les mini-bons et sont affectées par la chute de Lehman Brothers. Nous sommes terrifiés et dans une profonde colère que nos économies durement gagnées puissent disparaître et être emportées à jamais. Personne ne semble savoir ce qui va arriver à notre argent. La SFC [note de la traductrice : Securities and Futures Commission, organisme de contrôle de la Bourse à Hong Kong] a exigé de Lehman Brothers de fournir des informations  aux investisseurs, mais jusqu'à présent on n'a rien vu ni entendu venir. J'ai posé la même question à ma banque, et tout ce qu'ils peuvent me dire, c'est qu'ils ne savent pas ou bien qu'il faut attendre. Il est inimaginable qu'une infrastructure financière de niveau mondial permette à une société à risque potentiel élevé, dangereuse et irresponsable comme Lehman, de partir sur la pointe des pieds, et pire encore, que personne ne semble pouvoir ou savoir prendre la moindre initiative pour y remédier.

Nous serions très reconnaissants au gouvernement d'offrir plus d'aide et de prendre un rôle prépondérant pour protéger les intérêts des détenteurs de mini-bons.

Wanszezit compatit avec les petits porteurs et critique [2] l'institution financière qui a fait se fourvoyer ses clients dans cet investissement :

無何置疑,投資者自己也需付一定責任,跟風吹噓的媒體也有責任。不過,以上兩類人,到底是愚蠢,沒錯,他們被罰了,卻不是罪。反之,明知科網空殼風險甚高,還刻意隱瞞,誤導投資者購買的金融機構,那就是罪。

Sans aucun doute, les investisseurs doivent être tenus responsables de leur investissement, mais les médias y jouent aussi leur rôle. Ils sont stupides et ils sont punis, mais ce qu'ils ont fait n'est pas un crime. Au contraire, si les sociétés financières connaissaient le risque de cet investissement et qu'elles l'ont caché ou ont trompé les investisseurs, c'est cela qui est un crime.

INFI rapproche scandale du lait frelaté et tsunami financier [3] et souligne l'importance de la responsabilité sociale des entreprises.

這個多星期,不論是內地奶粉製造商或國家質檢部門,抑或是美國的財金機構或華府,不約而同都處於水深火熱之中,相同的是,它們的誠信都破產了,人們對它們都存在相當戒心。

含三聚氰胺的毒奶粉食死人,危害公眾健康,相關有問題食品越揭越多,弄致人心徨徨;而是次金融海嘯,繼早前次按問題,加上風險高沒保障的眾多投資衍生工具被不斷炒作,金融機構玩弄財技,最終泡沫爆破,有些企業甚至資不抵債,情況極為嚴峻;最後迫使一向奉行自由市場主義的華府,亦要動用千億公帑救市,荒謬是,企業虧損,最後卻由人民血汗錢找數,這到底是那門子道理?

建立良好信譽,可能需時數十年,但要摧毀它,一下子就成事;商家們追求利潤,天經地義,但妄顧社會道德責任,卻等同自毀長城,最後可能連老本也要輸掉。

Construire une relation de confiance prend plus d'une décennie, et pour la démolir il suffit d'un clic. Il est absolument admis que les entreprises recherchent le profit, mais si elles méprisent leur responsabilité sociale, c'est elles-mêmes qu'elles ruineront.

Depuis ces deux dernières semaines, les fabricants de lait en poudre, l'Administration Générale du Contrôle de Qualité, de l'Inspection et de la Quarantaine de la République Populaire de Chine, les institutions financières aux USA et le gouvernement de Washington, tous ont des ennuis. Plus grave, ils ont tous perdu leur crédibilité, leurs déclarations laissent les gens très sceptiques.

 La poudre toxique à la mélamine a mis la santé publique en danger, et de plus en plus de produits laitiers ont été affectés. Les gens sont angoissés par la situation. Le tsunami financier, s'ajoutant au problème des subprimes, a été le signe qu'il y a trop d'outils financiers hasardeux qui sont vendus et manipulés par les banques d'investissement. A présent, les bulles ont éclaté. La situation empire quand de nombreuses entreprises ne peuvent plus rembourser leurs dettes. Et à la fin, le gouvernement de Washington, après avoir soutenu le principe du libre marché, doit utiliser l'argent des contribuables pour sauver le marché. Le comble du ridicule, c'est que les dettes des entreprises doivent être endossées par l'argent que les gens ont durement gagné. Est-ce raisonnable ?

Diumanpark a remarqué que les partisans du libéralisme économique dans les journaux locaux ont changé d'opinion et soutiennent l'intervention du gouvernement, et il est frustré par ce double standard [4] :

嘩,原來挽救弱勢社群,就會引發干預市場的惡果,但出動真金白銀入市出手挽救,干預私人公司運作以及證券市場,卻不能出手太遲,更不能不干預。換言之,資本家平時賺到仆街,少少嘢就嘈你干預市場,但當佢哋輸到仆街,又死死氣要你來打救,如果你說你不能打救他,那是干預市場,他又說:「不,你干預會引發惡果,但你救市太遲也會引發惡果。」

我真是經濟大鈍胎啊,我竟然毫不明白這種邏輯,完全不知道政府「救市」是不等於政府「干預」。

Ainsi donc, ils disaient qu'aider les faibles dans notre société aurait un mauvais impact sur le marché. Maintenant que le gouvernement utilise ses liquidités pour sauver le marché des actions et intervient dans les affaires des entreprises privées, ils encouragent le gouvernement à agir vite. En d'autres termes, quand les capitalistes font des profits, on condamne une petite augmentation des dépenses publiques parce que c'est une intervention sur le marché, mais quand ils sont perdants, ils appellent à l'aide. Si vous disiez que vous pouvez les aider parce que c'est une intervention sur le marché, ils vous répondraient : si vous tardez à sauver le marché, le résultat sera désastreux. J'ai beau être complètement nul en économie, comment ne pas comprendre une telle logique ? Comment ne pas comprendre que «sauver le marché», ce n'est pas la même chose qu’ «intervenir sur le marché».

Les effets essentiels du tsunami financier sur l'économie sont encore à venir. Charles mok a anticipé [5] que l'impact négatif sera plus sérieux que celui du SARS (la pneumopathie atypique) en 2003 et il demande instamment au gouvernement de développer le service public des technologies de l'information et de se préparer à l'avenir.