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Angola : encore peu de réactions au procès de l'affaire des ventes d'armes

Catégories: Angola, Droit, Gouvernance, Médias citoyens, Politique, Relations internationales

L'infâme affaire des ventes d'armes à l'Angola [1] est jugée [2] [en anglais] en France ce mois d'octobre 2008. Elle implique en France des personnalités importantes et des Angolais soit-disant influents, à commencer par le Président José Eduardo dos Santos [3]. L'Angola a pourtant tout essayé pour empêcher ce procès [4] [en anglais], en appelant à respecter “les lois sur la confidentialité” d'un état étranger.

Cette affaire, appelée souvent “Angolagate“, ou affaire Mitterrand-Pasqua, est un scandale politique qui a débuté en 1992, lorsque José Eduardo dos Santos s'est rendu compte de son infériorité militaire face à l’UNITA [5] de Jonas Savimbi [6], qui à ce moment-là contrôlait 80 % du territoire angolais. Pour faire face à cette situation, le président angolais a alors décidé de contourner les sanctions de l'ONU interdisant les ventes d'armes à l'Angola, et d'acheter 400 chars d'assaut, 150 000 obus, 100 000 mines anti-personnel, une douzaine d'hélicoptères, quelques navires de guerre et d'autres armes en provenance de l'ancienne Union soviétique.

La vente des armes, pour 790 millions de dollars, a été effectuée par un consortium de sociétés, établi à Paris, appelé Brenco International. Son dirigeant, Pierre Falcone [7], et le politicien israélien Arkadi Gaydamak [8], maintenant au banc des accusés, ont été les principaux acteurs de ce marché. Au total 40 autres accusés, dont certains sont des responsables politiques français de premier plan [9] [en anglais], sont jugés et risquent jusqu'à 10 d'emprisonnement.

Le procès a commencé le lundi 6 octobre 2008, et les débats devraient durer jusqu'au 4 mars 2009. À l'occasion de ce début du procès, il y a eu très peu de réactions dans la blogosphère angolaise, et dans les médias.

Un des rares blogueurs à aborder le sujet, Roberto Ivens, sur le blog Nos Cus de Judas [10] [en portugais], s'étonne qu'il n'y ait aucun accusé angolais dans ce procès :

Não haver neste processo um único arguido angolano não deixa de ser curioso. Que todo o material de guerra, tanques, navios, helicópteros, obuzes, minas, tivesse entrado em Angola sem que ninguém o houvesse solicitado faz pensar que, afinal, poderá ter havido uma..invasão estrangeira?!

Il est très curieux qu'il n'y ait pas un seul Angolais accusé dans ce procès. Imaginer que tout ce matériel militaire, tanks, navires, hélicoptères, obus, mines, puisse être entré en Angola sans que personne ne l'ait commandé fait finalement penser qu'il a pu s'agir… d'une invasion étrangère ?!

La justice française met aussi en accusation Jean-Christophe Mitterrand, fils du Président de la République français de l'époque, décédé depuis, l'ancien expert pour l'Afrique australe du Parti socialiste français Jean-Bernard Curial, et Charles Pasqua [11], ancien Ministre de l'Intérieur français, entre autres. Le blog Moçambique para Todos [12] [en portugais] revient lui aussi sur cette affaire avec un article de l'Angolais Eugénio Costa Almeida :

Pois então não é que a justiça francesa, sem tomar em linha de conta os superiores interesses da República Francesa, decidiu iniciar o julgamento deste processo, com acusações que vão desde tráfico de armas, abuso de confiança, fraude fiscal e tráfico de influências. Tudo por causa de uns míseros 420 carros de combate, 150 mil obuses, 170 minas anti-pessoais, 12 helicópetros e 6 navios de guerra, eventualmente comprados por Angola e para os quais uns quantos auferiram umas míseras dezenas de milhares de dólares em “luvas”. Gingubas ou peanuts, como diriam os nossos amigos norte-americanos, eventualmente depositadas em contas obscuras em empresas, cidades francesas, suíças ou israelitas, antes de seguir para as de companhias e empresas financeiras sedeads em paraísos fiscais onde o dinheiro “adormece” por uns tempos antes de voltar a circular…é que parar é morrer, e há tantas quintas e palácios na Europa para serem comprados.

Maintenant, la justice française, sans tenir compte des intérêts supérieurs de la République Française,  a décidé de démarrer ce procès, avec des charges qui vont du trafic d'armes, à l'abus de confiance, à la fraude fiscale et au trafic d'influence. Tout ça à cause de ces misérables 420 chars d'assaut, 150 000 obus, 170 [mille] mines antipersonnel, 12 hélicoptères et 6 navires de guerre, achetés par hasard par l'Angola, et pour lesquels quelques intermédiaires ont reçu quelques petits “cadeaux” de dizaines de milliers de dollars. Peanuts, comme diraient nos amis américains, trois fois rien, probablement déposé sur les comptes obscurs de sociétés, dans des villes françaises, suisses ou israéliennes, avant de poursuivre leur route sur ceux de sociétés financières établies dans des paradis fiscaux où l'argent reste “endormi” pour quelques temps avant de circuler à nouveau… parce qu'arrêter, c'est mourir, et qu'il y a tant de propriétés et de résidences de luxe à acheter en Europe.

Comme prévu, l'Angola nie toute infraction à la loi et rejette les accusations de trafic d'armes et de fraude fiscale, en affirmant que le matériel militaire était licite, n'était pas d'origine française et qu'il n'a pas transité par la France. Le gouvernement angolais menace la France de s'en prendre à ses intérêts pétroliers en Angola.

Ce procès arrive à un mauvais moment, alors que la France a essayé de se rapprocher de l'Angola depuis le début de l'année, la visite de Nicolas Sarkozy en Angola le 23 mai 2008 le démontrant.