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Ukraine : La politique contre l'économie sur fond de crise

Catégories: Ukraine, Développement, Droit, Economie et entreprises, Gouvernance, Médias citoyens, Politique, Relations internationales

La politique intérieure tumultueuse de l'Ukraine a longtemps été un obstacle au développement économique du pays – et même maintenant, en ce temps de crise économique, il ne semble y avoir aucun signe de répit. (tous les liens suivants sont en anglais).

Tout au long de la semaine dernière, Edward Hugh de Ukraine Economy Watch a rapporté les dégradations successives de la note de l'Ukraine sur les indices Moody's (le 20 octobre [1]), Fitch (le 21 octobre [2]) et Standard & Poor's (le 24 octobre [3]). Mais jeudi 21 octobre, l'Ukraine paraissait être enfin «sur le point de signer un prêt d'un montant atteignant 15 milliards de dollars avec le Fonds Monétaire International.»  A la fin de la semaine, pourtant, vendredi 24 octobre, la situation semblait avoir changé, en grande partie à cause du manque de volonté politique, selon Edward Hugh :

[…]Pendant ce temps, le président du parlement ukrainien, Arseniy Yatsenyouk, a averti une chambre des députés bondée que les négociations de l'Ukraine pour s'assurer l'aide financière du Fonds Monétaire International pourraient échouer si le parlement n'agissait pas pour voter les mesures nécessaires pour pallier les effets de la crise financière globale.

«Il est très important que nous obtenions des résultats par un vote sur la crise financière,» a déclaré  Arseniy Yatsenyouk à la chambre, bloquée depuis quatre jours, après avoir ajourné à la semaine prochaine le débat sur ce sujet.

«Bang, boum, patatras», voilà à mon avis ce qu'ils peuvent détecter comme bruit de fond venant les interrompre depuis la rue, tandis qu'un morceau d'échafaudage après l'autre dégringole du bâtiment qu'il soutenait momentanément, alors qu'ils se traînent lourdement à travers leur interminable débat sur le devenir à court terme de leur pays en danger.

Une mission du Fonds Monétaire International a tenu des discussions pendant plus d'une semaine à Kiev pour élargir un crédit, que les officiels ukrainiens disaient pouvoir atteindre 14 milliard de dollars. Yatsenyuk a indiqué qu'il n'a été possible d'aboutir à aucun consensus sur six projets de loi pour s'attaquer à la crise, y compris un train de mesures proposées par le gouvernement de la Premier Ministre Ioulia Timochenko.

[…]

Le parlement a été jeté dans la confusion par des propositions de combiner le débat sur la crise avec des mesures pour financer des élections anticipées convoquées par le Président Viktor Youchtchenko. Timochenko, brouillée depuis des mois avec le Président, s'oppose aux élections et des membres de son bloc ont tourné en rond autour du perchoir pour couper court au débat.

Le Président a dissout le parlement ce mois-ci et a convoqué des élections législatives pour le 7 décembre, après la chute d'une équipe gouvernementale liée à la «Révolution orange» de 2004. Il a annulé l'ordre de dissolution cette semaine et déclaré qu'il différait les élections d'une semaine, au 14 décembre. On ne sait pas vraiment quand se tiendra le scrutin.

Levko de Foreign Notes a écrit [4] que, tandis que la Premier Ministre Ioulia Timochenko pensait que tenir des «élections anticipées en pleine crise financière mondiale [serait] un crime contre l'Etat», et que le directeur adjoint de la Commission Electorale Centrale Andriy Mahera «a affirmé qu'il serait impossible de tenir des élections législatives avant le 21 décembre», le Président Viktor Youchtchenko croyait de son côté qu’ «une nouvelle coalition et un nouveau gouvernement [seraient] formés pour le 1er janvier 2009.» Levko a résumé ainsi la situation :

[…] L'histoire politique récente de l'Ukraine, les négociations prolongées et tortueuses pour former des coalitions parlementaires, leur instabilité, et les récents sondages d'opinion sur la composition d'un nouveau parlement, tout cela indique que [le Président Viktor Youchtchenko] a perdu le contact avec la réalité. […]

Dans un autre billet sur Foreign Notes, Levko a rapporté [5] que la deuxième plus grande entreprise métallurgique d'Ukraine, les Aciéries et Fonderies Ilytch [6] de Mariupol, a arrêté la production :

[…] L'usine, une coopérative ouvrière, compte environ 60 000 salariés dans ses registres. Ils ont été mis en «salaire réduit».

Levko craint que ce ne soit un indicateur significatif de la crise économique qui menace le pays – peut-être la plus importante de la brève histoire indépendante du pays. L'arrêt et le redémarrage dans des usines telles que les Aciéries et Fonderies Ilytch ne sont pas une mince affaire – on ne peut pas les éteindre et les rallumer à volonté. On peut maintenant envisager l’ éventualité qu'elles ne redémarrent jamais. […]

Dans la section de commentaires de ce billet , un lecteur, Elmer , mentionne les trains de vie présumés de Viktor Ianoukovytch [7], le leader du Parti des Régions [8], et de Rinat Akhmetov [9], un député du Parti des Régions et l'homme le pplus riche d'Europe [10] :

Je me demande si [Yanoukovitch] devra réduire ou arrêter les travaux de son ENORME manoir, «Mejihirya», ou si [Yanoukovitch] et Akhmetov devront tailler dans leurs jets [privés], limousines, 4 x4 de luxe et ainsi de suite.

Certes, les députés ukrainiens semblent s'inquiéter des effets que la crise actuelle pourrait avoir sur leurs finances personnelles, puisque certains d'entre eux paraissent s'être précipités comme tout le monde pour retirer leurs économies des banques ukrainiennes, obligeant Oleksandr Souhonyako, Président de l'Association des Banques Ukrainiennes, à publier cet appel, traduit de l'Ukrainien [11] par Taras d’Ukrainiana :

[…] Il ne nous reste qu'une chose à faire : être de vrais citoyens et demander… peut-être même les députés entendront-ils l'appel… ne courez pas, n'exigez pas, ne prenez pas un prétexte pour retirer vos dépôts avant la date d'échéance. Donnez l'exemple.  […] Parce que le sang-froid est indispensable pour que notre société ukrainienne surmonte la crise et se consolide.