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Russie – U.S.A. : Obama gagne, Medvedev parle

Catégories: Amérique du Nord, Etats-Unis, Russie, Droit, Droits humains, Élections, Gouvernance, Guerre/Conflit, Histoire, Médias citoyens, Politique, Relations internationales

Quelques heures à peine après la victoire d'Obama à l'élection présidentielle américaine, le Président russe Dmitri Medvedev a prononcé son premier discours [1] (anglais) devant le Conseil de la Fédération de Russie [2]. Ses déclarations ont retenu autant l'attention du pays que celle de l'Occident.

L'utilisateur de LiveJournal oleg-kozyrev a réagi [3] ainsi (en russe) à la proposition de Medvedev d'allonger le mandat présidentiel en Russie de quatre à six ans :

J'ai trouvé une solution. Je soutiens la proposition de Medvedev de gouverner pendant six ans. Mais par la même occasion, on devrait aussi changer la législation concernant la durée de l'année. Une année devra durer 243 jours.

Dans son discours, Medvedev n'a ni félicité Obama pour sa victoire, ni prononcé le nom du président élu. Il a de plus envoyé un message cassant en guise de bienvenue, promettant, entre autres, de déployer le système de missiles à courte portée Iskander [4] (anglais) dans la région de Kaliningrad [5], sur la frontière occidentale de la Russie, afin de « contrer efficacement les tentatives persistantes et consistantes de l'administration américaine actuelle pour installer de nouveaux éléments d'un système global de défense anti-missiles en Europe.»

Ci-après, voici ce que des blogueurs russes ont écrit en réaction à la partie du discours de Medvedev qui était destinée aux auditoires aussi bien internationaux que nationaux.

L'utilisateur de LiveJournal viking-nord [6] (en russe) :

Alors, dites-moi pourquoi Medvedev a dù attendre le résultat de l'élection américaine pour prononcer son adresse à la Douma Fédérale ??? Pas le moindre pas n'a été fait vers une amélioration des relations avec les Etats-Unis.

J'aurais volu l'entendre dire qu'il ouvrait une nouvelle page dans les relations avec la nouvelle administration américaine. Comme par exemple, que nous allons commencer des négociations sur le système de défense anti-missiles en Europe de l'Est. Mais rien de tel n'a été dit. Tout au contraire, voilà à quoi ça ressemblait – vous déployez, ça nous est égal, et en réaction, nous allons installer des Iskander à Kaliningrad et laisser une division de missiles déployée à Kozelsk. Autrement dit, nous allons lancer une course aux armements en pleine crise économique !!! Pas mal, non ???

En bref, je pense que même Obama ne s'attendait pas à quelque chose de ce genre… Et il y avait une possibilité qu'il renonce au système anti-missiles, car c'est une friandise coûteuse, et les Démocrates, en principe, ont un grand sens pratique.

Quelques commentaires sur ce billet :

disaster_cake :

Ne soyez pas naïfs, rien ne changera dans la relation entre la Russie et l'Amérique dans le futur proche. Un changement de régime d'un côté ne veut rien dire. En outre, l'attitude envers la Russie est peut-être le seul point sur lequel Obama et McCain étaient d'accord lors des débats.

***

Prikolruss :

Ils ont besoin d'un ennemi. D'où la provocation et l'acharnement. Ils ne peuvent pas se passer d'ennemi, pas vrai ??? :(((

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viking_nord :

Une effigie d'ennemi extérieur est nécessaire pour réprimer les libertés internes.

telemont [7] (en russe) :

[…] S'il n'y avait pas eu [le discours de Medvedev le 5 novembre], tous les commentateurs se seraient mis à analyser l'élection américaine, et on aurait inévitablement comparé les réalités russe et américaine. En montant sur le podium et en lâchant un assortiment de fiches préparées à l'avance, Medvedev a détourné l'attention du public de sujets dangereux pour le régime.

C'est exactement la même approche qui a été utilisée au moment de [la tragédie de Beslan [8]] : quand il s'est avéré que la société se posait beaucoup de questions brûlantes et très désagréables pour le régime, Poutine a tout à trac proposé de supprimer les élections pour les gouverneurs de régions. Franchement, une initiative [à côté de la question], mais ça a parfaitement marché : tout le monde s'est immédiatement précipité pour discuter, choisir et désigner, oubliant les enfants qui avaient péri.

Dans un autre billet, telemont a noté [9] (en russe) qu'essayer de décrypter le sous-texte du message de Medvedev est un pur exercice de futilité :

[…] A quoi bon chercher un sens dans les discours de gens qui n'assument pas la responsabilité de leurs actes, et encore moins de leurs paroles.

(Une sélection de liens vers des réactions de blogueurs anglophones au discours de Medvedev se trouve ici [10].)