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Google, Yahoo et Microsoft reconnaissent la nécessité d'un code de conduite pour la liberté d'expression sur Internet

Catégories: Amérique du Nord, Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni, Cyber-activisme, Droit, Liberté d'expression, Média et journalisme, Technologie

Le projet Global Initiative Network [1] a été lancé. L'initiative est destinée à élaborer un code de conduite [2] pour les multinationales de l'univers Internet sur la protection de la vie privée et de la liberté d'expression de leurs utilisateurs. Cette initiative a  été lancée par une collectif [3] d'associations de défense des droits de l'homme, d'organismes de soutien aux médias, de laboratoires de recherche, et par les géants du secteur tels que Yahoo, Google et Microsoft. Son but : s'assurer que les opérateurs des nouvelles technologies de l'information reconnaissent leur  «responsabilité de respecter et de protéger la liberté d'expression et le droit à la vie privée de leurs utilisateurs.”

Cette initiative est née en réaction à la participation de ces opérateurs à la censure en ligne, particulièrement en Chine. Il a fallu deux ans pour la mener à bien et à définir les mécanismes pour des modalités acceptables aussi bien par les groupes de défense des droits de l'homme que par les entreprises.

Rebecca MacKinnon, co-fondatrice de Global Voices, a participé au groupe de travail et écrit [4] sur son blog RConversation :

 Des personnes m'ont appelée en me demandant si “cette chose est sérieuse” ou est-ce qu'il s'agit “seulement d'une “feuille de vigne” pour que le congrès [américain] laisse tranquille ces compagnies” ? Des organisations aussi respectées que Human Rights Watch, Droits de l'homme en Chine, Human Rights First, ainsi que le Comité pour la protection des journalistes, n'adhèreraient pas à ce processus si elles n'estimaient pas qu'il est utile.
Ceci dit,  cette initiative doit prouver son utilité au cours des deux prochaines années en élaborant un processus convaincant, qui conditionne l'adhésion des entreprises et leurs déclarations de principes à de rigoureuses évaluations et à un suivi.

L'un des organisateurs de l'initiative, Leslie Harris, du centre pour Démocratie & technologie, a écrit [5] sur son blog, PolicyBeta  [en anglais] :

L'Initiative exige non seulement des aspirations, mais aussi des engagements concrets de la part des sociétés qui participent à s'impliquer dans un processus de mobilisation interne et d'évaluation des risques au plus haut niveau, non seulement pour traiter les demandes [d'informations] que leur adressent les gouvernements, mais aussi pour offrir plus de transparence aux utilisateurs sur ce qu'impliquent ces demandes de gouvernements pour leur liberté d'expression et la protection de leur vie privée, dans tous les marchés où ils sont présents. Le respect de ces engagements devra être certifié par des audits indépendants et crédibles.

Le blog de lutte contre la censure GFW , en anglais et en chinois, présente [6] un résumé succinct des débats, des citations des participants, ainsi que leurs coordonnées. 

 Toutes les organisations impliquées dans ce processus n'ont pas pour autant ratifié les principes définis.  Amnesty International et Reporters sans frontières se sont tous deux retirés du processus. RSF (Reporters sans Frontières) estime que l'Initiative est “un pas dans la bonne direction”, mais qu'il manque les moyens de les imposer aux opérateurs. Ses principales préoccupations sont présentées sur ce lien [7]. La branche britannique de Amnesty n'a pas explicité sa position mais présente sur sa page Internet répression [8] une vidéo du co-fondateur de Global Voices Ethan Zuckerman, dans laquelle il expose en quoi consiste la censure en ligne.

Fondamentalement, il semble que certains organismes ont le sentiment qu'ils peuvent mieux défendre les droits des internautes s'ils ne transigent pas sur leurs principes. D'autres estiment au contraire que leur participation et l'établissement d'un dialogue qui peut aboutir à un changement progressif est la chose la plus importante.