Egypte : Une école d'anglais sur la selette

Le centre d'apprentissage de l'anglais Al Azhar est financé par un accord de partenariat entre l'université d'Al Azhar, le fonds du Foreign and Commonwealth Office, ainsi que par le
British Council. Le centre était censé dispenser des cours d'anglais dans son premier semestre à 125 étudiants de diverses disciplines, jusqu'à ce qu’ Ali Laban, un député du parti des Frères musulmans, en décide autrement. Fatma Sabit – diplômée de l'université Al Azhar et enseignante dans ce centre – a écrit sur Facebook

سمعتوا اخر نكتة
الإخوان شايفين اني وزمايلي ف الجامعة متبرجين وبنحض علي الفسق والفجور.
Avez-vous entendu la dernière plaisanterie ?
Les frères musulmans pensent que mes collègues et moi sommes des poupées trop maquillées et pas assez habillées, qui ont un penchant pour la débauche et l’immoralité !

Fatma poursuit en anglais :

Le centre de formation anglais a été ouvert par le British Council en Egypte avec la coopération de l'université Al Azhar. Le centre a été établi pour aider les meilleurs étudiants de l'université Al Azhar à maîtriser l'anglais et obtenir leur diplôme.
Les étudiants ont la possibilité d'avoir des locaux spacieux,  des programmes de haut niveau, au sein du  British Council en Egypte, avec des sessions en tête à tête, et, en plus,  des enseignants britanniques hautement qualifiés.
En ce moment, je travaille au centre avec cinq autres de mes collègues du département d'anglais et nous collaborons toutes pour atteindre notre objectif. Ce qui s'est produit il y a quelques jours est que nos “amis” de la confrérie des frères musulmans n'ont pas apprécié notre travail ! Ils pensent que nous sommes en train de laver le cerveau des étudiants, de les corrompre et de les égarer ! ! !

L'enseignante exaspérée donne le lien vers les critiques de M. Ali Laban contre le programme (ici en arabe et ici en anglais). Elle poursuit :

 M. Ali Laban pense que nous sommes le diable, au lieu de nous remercier d’aider les étudiants à apprendre et à ouvrir leurs yeux sur le monde, il nous accuse, et dit que nous avons de mauvaises manières, et que nous enseignons à nos étudiants l'art de la danse et les encourageons à boire de l'alcool et à faire des rencontres ! !
 De quoi parlez-vous, Monsieur !!! J’ai toujours été une excellente étudiante dans mon université, et depuis que j'ai commencé a y enseigner, je n'ai jamais cessé d'offrir mon aide et mon soutien à tous mes étudiants.

Fatma conclut son billet en demandant :

J'ai une question pour ceux qui se rongent les ongles pour nos étudiants, à cause de ce qu'ils appellent l'invasion britannique : nous avons trois cadres britanniques parmi nous sur le campus, pourquoi l’ambassade britannique ne se soucie-t-elle pas de l'influence que nous pourrions avoir sur eux ? Et s'ils venaient à rejoindre l'Ikhwan, comme M. Laban ! !

En retournant à l'arabe, Fatma Sabit plaide :

نفسي أفهم هنبطل سذاجة امتي
يا ريت لو فعلا شايفين انكم مسلمين واخوان علي حق، ماتفوتوش الفرصة دي علي اخواتكم، فوقوا من السكرة اللي انتوا فيها!! الغرب عمره ماكان عدو اللا بسبب فزعكوا وجهلكم اللي بيخليكم تتصرفو غلط! فوقوا بدل ماييجي اللي يفوقكو وساعتها بقة ماتبقوش تعيطوا زي النسوان

عموما لو عليا، ف انا مش خسرانة حاجة، الناس كلها جوة الجامعة وبراها عارفين وشايفين كويس قوي مين اللي مبتذل وبيحرض عالفسق والفجور من اللي عاوز يعلم ويفيد بجد، والطلبة صحيح مراهقين زي مابتقول بس صدقني واعيين كفاية انهم يفرقو مابين المصلحين، والمفسدين يا سيد لبن

Je me demande quand nous nous débarrasserons de cette naïveté. Si vous vous considérez vraiment comme musulmans et vrais frères, alors n'esquivez pas une si grande opportunité d'apprentissage. Réveillez-vous ! L'Occident n'a jamais été un ennemi, si ce n'est par votre ignorance et vos craintes injustifiées. Quand votre ignorance prend le relais, vous commettez des erreurs. Réveillez-vous avant qu’il ne soit trop tard.
Quant à moi, je n'ai rien à perdre. Tout le monde à l'intérieur et en dehors de l'université sait qui est vraiment retors et immoral, et qui veut vraiment enseigner ces étudiants. Oui, ils sont des adolescents comme vous le dites (M. Laban) mais ils sont assez grands pour savoir qui veut les faire avancer et qui veut les tirer en arrière.

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