Barbade : Arrestation de deux journalistes

La blogosphère barbadienne est en émoi à la suite de l’arrestation de deux journalistes de médias traditionnels [tous les liens sont en anglais], arrestation considérée par les blogueurs comme une atteinte à la liberté de la presse.

Le très populaire Barbados Free Press [en anglais], blog connu pour son franc-parler, déclare que les arrestations viennent en représailles contre les journalistes qui “avaient révélé qu'un agent de police était accusé de trafic de drogue”, et rappelle à ses lecteurs que deux incidents “où la police a brutalisé des journalistes et a détruit des notes, des photos et des vidéos” se sont produits par le passé. Bien qu'il constate  que “le préfet de police Dottin a encore une fois promis de mener des recherches ou une enquête sur cet incident”[en anglais], Barbados Free Press reste sceptique quant à l'issue de cette investigation:

Il n'y a aucune enquête ou explication de Dottin ou de la Police Royale barbadienne, parce qu'à Barbade la police est au dessus des lois. Il n'y a aucun contrôle civil sur la police barbadienne. Il n'y a pas non plus de commission des plaintes ni d'agence d'enquête contre les bavures policières.  Si un citoyen souhaite porter plainte contre un agent de police pour un délit, il s'expose à un monde de difficultés.

Dans un appel à la démission du Préfet de police, Barbados Free Press complète son premier billet en publiant de nouveau un message de la journaliste barbadienne Amanda Lynch-Foster, qui se lit comme un appel à réactions [tous les liens sont en anglais]:

Je suis convaincue que la majorité d'entre nous ressent la même chose aujourd'hui, du dégoût et de la frustration dus au manque de respect à l'égard des journalistes actuellement. Ceci est le troisième incident en un an et demi et je ne suis pas satisfaite des réactions. Le préfet de police ne cesse de répéter qu'il mènera une enquête, mais ça, nous l'avons déjà entendu. L'an dernier, l'ancien Ministre de la Justice a déclaré que nous n'étions pas autorisés à pénétrer dans l'enceinte de l'hôpital. Certains citoyens pensent même que nous méritons un tel traitement. Un manque de respect croissant envers les journalistes se fait sentir et ce, de toutes parts. 

Qu'allons-nous donc faire à ce sujet?

Barbados Underground [en anglais] a aussi affiché le message d'Amanda Lynch-Foster, ainsi que les photos de la dite “maladresse policière”.

Boyce Voice [en anglais] (un blog généralement spécialisé dans le divertissement) s'est senti touché au point de s'exprimer sur la situation:

En tant que Barbadien, j'ai honte et je suis inquiet des agissements de la Police Royale barbadienne, en ce qui concerne l'emprisonnement des journalistes Chérie Pitt et Jimmy Gittens, et les lourdes charges retenues contre eux, alors même qu'ils exerçaient leurs devoirs de journalistes hier.

Je suis dégoûté quand je vois dans le journal d'aujourd'hui la photo d'un policier costaud en train de bousculer Chérie Pitt, la journaliste, qui essayait alors de prendre la photo d'un homme, accusé d'être un traficant de drogue.

Quel message envoie la police, censée protéger les femmes barbadiennes des violences domestiques? L'autorité de la Police Royale barbadienne est-elle supposée protéger des agents de police accusés de trafic de drogue?

Je suis révolté que la police se conduise de manière aussi écoeurante et répréhensible et ait ensuite l'audace d'accuser Jimmy et Chérie d'obstruction à la justice. La police devrait être accusée d'obstruction au travail de journaliste et d'agression sur Chérie Pitt.

Je suis écoeuré quand je lis les propos du Préfet de police Darwin Dottin promettant une enquête complète car ses paroles ont fait la preuve de leur impuissance.

La question est : “qui surveille les policiers” ?
Cet incident révèle encore une fois, si besoin en était, le besoin d'avoir une autorité extérieure pour mener des enquêtes et prendre des mesures disciplinaires à l'encontre des policiers qui abuseraient de leur pouvoir.

Il poursuit [en anglais] en comparant les agissements de la police barbadienne aux “techniques de la Gestapo”:

Il est prouvé que tout système d'oppression de la société commence par l'intimidation et le baillonnement de la presse et ensuite la généralisation au public n'est plus qu'une question de temps… 

Et dans un billet qui compile des liens vers diverses réactions de blogueurs, The Bajan Dream Project  [en anglais] donne son “humble avis” :

Ceci est d'une simplicité enfantine : un policier qui a juré ‘de servir et de protéger la population’ va comparaître devant les juges pour possession et trafic de cocaïne, alors même que des journalistes viennent prendre des photos pour la presse écrite. C'est simple, non? Non, pas à Barbade. Car à Barbade, ce ‘hâvre de paix dans un monde en pleine turbulence’, deux journalistes attendent leur procès après une arrestation violente alors qu'ils étaient dans l'exercice de leur fonction[¹]. La liberté de la presse n'est pas censée comprendre la complaisance à l'égard d'une police ripoux. Bienvenue à Barbade, une démocratie émaillée d'avertissements.

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