Économiser l'énergie et trouver des sources d'énergie ne nuisant pas à l'environnement est un sujet dont on discute dans le monde entier. Pour les pays développés comme pour ceux en voie de développement, l'énergie est vraiment un des problèmes qui comptent. On a maintenant vraiment peur devant un futur où l'énergie sera rare, de Washington à Riyad.
Au Népal, l'un des états les plus pauvres au monde, qui doit affronter une crise aiguë de l'énergie, cet avenir redouté est devenu réalité. Le Gouvernement a déclaré une “crise nationale de l'électricité”, et le pays pourrait subir des coupures du courant de 16 heures par jour.
Selon une dépêche AFP du 27 décembre 2008 [en anglais], le Ministre des Ressources en Eau a déclaré :
“Nous n'avons pas eu d'autre choix que de déclarer une crise nationale de l'électricité, car il y a un manque important d'électricité”.
Bien que le niveau des dernières coupures électriques soit très élevé, le Népal subit une alimentation électrique insuffisante depuis déjà plusieurs années. Je me rappelle de l'époque où j'étais élève à Katmandou, à la fin des années 1990, et que je faisais mes devoirs à la chandelle. Pendant la sécheresse hivernale, les coupures étaient plutôt habituelles.
Les habitants de la capitale, Katmandou, où se concentrent les activités de services du pays, font connaître leur agacement, provoqué par les coupures électriques et leurs effets sur l'économie déjà en difficulté du Népal.
Le commentaire laissé par Ujwal à un billet sur NowPublic [en anglais] exprime l'inquiétude d'un citoyen ordinaire face à la crise électrique :
Il est à présent presque impossible de faire fonctionner toute activité de service utilisant l'électricité à Katmandou. Je prévois une grande agitation dans les jours à venir. Je crains que l'économie du pays ne s'effondre si cela s'ajoute à la chute des envois d'argent au pays par les travailleurs émigrés, qui dépendent de la prospérité économique du Moyen-Orient…
Temple népalais aux chandelles par Ron Layters, sur Flickr, photo utilisée sous licence Creative Commons
Le gouvernement maoïste népalais tente de trouver des idées pour faire face à cette situation, mais certaines de ses décisions semblent trop limitées et trop tardives. Par exemple interdire l'utilisation d'électricité pour l'affichage.
Chandan Sapkota [en anglais] liste d'autres mesures annoncées par le gouvernement :
Le gouvernement a encouragé l'emploi de lampes compactes fluorescentes. Il a aussi subventionné l'importation de ces lampes, il a lancé la production de 200 MW d'électricité par des centrales thermiques, et il essaie d'importer de l'électricité depuis l'Inde… Pourquoi si tard ? Pourquoi nos dirigeants n'ont-ils pas tenu compte plus tôt de cette crise imminente ? La corruption ? Le manque de dirigeants visionnaires ?
La construction de centrales thermiques comme nouvelle source d'électricité est observée avec intérêt au Népal où on utilise traditionnellement l'hydro-électricité.
Le blogueur Utsav Maden [en anglais] est sceptique sur les projets du gouvernement :
Des investissements qui seraient de 9,6 milliards de roupies népalaises [88 millions d'euros] ou plus, dans une technologie qui est critiquée pour ses effets sur le réchauffement de la planète, entre autres, par un gouvernement étranglé financièrement, cela semble vraiment peu ordinaire. Des écologistes qui défendent ce projet malgré l'avis opposé d'experts en énergie et de l'administration chargée de la distribution de l'électricité, voilà de quoi s'interroger sur leurs motivations.
Alors qu'on débat sur les nouvelles façons de produire de l'électricité et sur les raisons pour lesquelles le Népal manque d'électricité, certains s'inquiètent des conséquences des coupures électriques sur les plus vulnérables. Comme le souligne Sangeeta Rijal sur My Republica [en anglais], le manque d'électricité touche aussi des services hospitaliers vitaux :
L'Hôpital Capitale, dans le quartier de Putalisadak (à Katmandou) connaît également de sérieuses difficultés. Prakash Adhikari, le directeur de l'hôpital, a déclaré qu'il utilisait un groupe électrogène, mais qu'il ne parvenait pas à produire assez d'électricité pour faire fonctionner tout son équipement, comme les appareils de radiographie. Ces appareils ont besoin d'environ 250 kiloVolts (kV). Le groupe électrogène ne peut délivrer cette tension.