Syrie : “Quelques mythes sur les bombardements israéliens contre Gaza”

Voici de nouvelles réactions de blogueurs syriens à la guerre israélienne actuelle en Palestine. Au quatrième jour des attaques (le 30 décembre), on comptait 385 morts et 1700 blessés.

Yaman Salahi, un blogueur syrien habitant aux Etats-Unis, a publié une note (en anglais) sur sa page Facebook, dans laquelle il commente “quelques mythes qui semblent circuler dans les médias américains sur les bombardements d'Israël contre Gaza”, selon ses propres termes.

Nous vous proposons ici quelques extraits de la note du blogueur.

1. Israël veut la paix

Il faut une bonne dose de toupet pour affirmer qu'Israël «veut la paix» alors que les avions de chasse israéliens font pleuvoir des centaines de tonnes de bombes sur la bande de Gaza, faisant des centaines de morts [385 au 30 décembre], détruisant l'université, des hôpitaux, des pharmacies, des écoles, des habitations et des bureaux d'aide sociale. Plutôt que de conduire à la paix, cette affirmation ne fait que masquer la violence et l'intransigeance continues d'Israël. Il n'y a pas eu un seul jour dans les 60 dernières années sans au moins un fusil israélien pointé sur un Palestinien, que ce soit aux points de contrôle qui parsèment la Cisjordanie, ou sur le champ de bataille pendant les fréquentes incursions terrestres d'Israël dans les villes de Cisjordanie, ou depuis les airs quand Israël bombarde Gaza. Si c'est à ça que ressemble l'aspiration à la paix, Dieu nous garde de voir une aspiration israélienne à la guerre.

S'attarder sur cette idée est vain de toute façon, car elle est également fausse. Selon Haaretz, le gouvernement israélien s'est préparé à cette attaque contre la population de  Gaza depuis qu'il a signé une trêve avec le Hamas il y a six mois. Plus troublant, l'article suggère que la signature par Israël d'une trêve avec le Hamas était en fait un élément d'une stratégie à long terme de déclaration de guerre à Gaza, une manoeuvre fourbe contraire à tout «désir de paix» proclamé.

Pour couronner le tout, un article du magazine américain Vanity Fair, publié en avril dernier, a exposé le complot à long terme entre le gouvernement israélien, l'administration Bush et des éléments opportunistes de la faction politique palestinienne Fatah pour renverser le gouvernement à Gaza, faisant ainsi avorter tout espoir d'un processus de paix véritable. […]

Yaman détaille ce qu'il croit être le deuxième mythe dans la presse traditionnelle américaine à propos de la guerre israélienne à Gaza :

2. Israël se défend contre les roquettes

Les Palestiniens ne possèdent de fait aucun armement présentant une menace significative contre Israël en tant qu'entité politique, ou contre les Israéliens en tant que citoyens. Il en est ainsi depuis des décennies. Les soldats israéliens n'ont même pas encore posé le pied à Gaza parce qu'ils attaquent en sécurité, à distance, avec la chasse aérienne. Gaza n'a pas de système de défense anti-aérienne, et n'a pas d'armes pour se défendre contre les attaques aériennes.  En d'autres termes, ils n'ont aucune chance, et il «ne reste» pas «à voir» qui sera le vainqueur militaire (càd le tueur le plus efficace) quand ces attaques sur Gaza auront temporairement pris fin.

Néanmoins, la communication israélienne tentera d'invoquer «l'horreur de la pluie de roquettes sur le sud d'Israël». Soyons bien clairs sur ce que sont ces fusées. Il y a une photo à droite [sur la page Facebook] par The Israeli Project, un groupe israélien de communication. Remarquez que ces roquettes sont pour la plupart intactes, même après s'être écrasées au sol. Il y a une autre photo plus loin montrant les dégâts causés par une de ces roquettes. Il y a à peine un trou dans le sol. L'idée qu'elles représentent réellement une menace justifiant une réponse militaire DE QUELQUE SORTE QUE CE SOIT est comique. Les médias américains ont été vraiment irresponsables avec ça, permettant de laisser sans réponse les affirmations  hystériques de propagande sensationnaliste et exagérée du gouvernement israélien.

Je ne mets pas en doute que les citoyens ordinaires s'inquiètent de ces trucs qui tombent du ciel, mais admettons-le, en Israël on risque beaucoup plus d'être victime d'un meurtre ordinaire que d'une de ces attaques de roquettes, selon les chiffres du Bureau central de statistiques d'Israël. En 2008, il y a eu plus de 300 affaires de meurtres ou de tentatives de meurtres en Israël. Dans les 6 dernières années, les projectiles venus de Gaza ont causé moins de deux douzaines de morts en Israël. […]

Troisième mythe selon Yaman  :

3.  Israël va libérer Gaza du Hamas

La communication israélienne est consciente que ça ne fait pas très bonne impression quand Israël envahit et renverse le gouvernement démocratiquement élu d'un autre peuple. C'est pourquoi il essaie de se poser en libérateur de Gaza contre le Hamas, comme si c'était le Hamas et non Israël qui occupait Gaza et, selon les mots de Tom Segev, «prenait les habitants de Gaza en otage,» alors qu'en fait, le Hamas est un parti politique qui a été démocratiquement élu par les Palestiniens en 2006. Un corollaire absurde de ce mythe est qu'Israël attaque uniquement le Hamas, comme si ses bombes ne tuaient et ne faisaient pas leurs ravages sur tous les Palestiniens de Gaza, et comme si un instituteur ayant voté pour le Hamas était une cible militaire légitime représentant une menace pour Israël.

Depuis 2006, Israël a tenu la population de Gaza en otage, en imposant un embargo et un siège à la bande de Gaza, qui ont créé des conditions de vie insupportables pour ses habitants. Les Palestiniens de Gaza ont touché au désespoir, creusant des tunnels à travers la frontière avec l'Egypte pour importer les denrées de première nécessité parce qu'Israël et l'Egypte maintiennent fermées les routes frontalières normales en punition du vote des Palestiniens.

La notion que le Hamas est un groupe de «voyous», selon George Bush, qu'il garde Gaza sous sa férule contre la volonté de la population de Gaza, ne pourrait pas être plus loin de la vérité.

Et pour finir, le quatrième mythe :

4. Le Hamas est une façade de l'Iran

Parce que l'Iran a le statut d'épouvantail aux Etats-Unis, la communication israélienne joue sur cette corde pour affirmer qu'Israël est confronté à Gaza à une menace venant d'Iran. Ceci se rattache à une longue histoire de la propagande israélienne qui présente les Palestiniens comme tout, sauf Palestiniens : au départ, ils faisaient partie d'une menace soviétique, puis c'était Al-Qaïda, et maintenant le gouvernement iranien actuel.

Le Hamas est, d'abord et avant tout, un mouvement politique indépendant et profondément palestinien qui, fait intéressant, a été autrefois tacitement soutenu par Israël quand celui-ci avait voulu affaiblir les groupes palestiniens laïques. Comme Israël, il utilise la violence à des fins politiques, et vise fréquemment des civils, mais à une échelle notablement plus petite. Dire qu'il est «soutenu par l'Iran» implique que son programme est contrôlé par l'Iran, ce qui est erroné. La résistance palestinienne à l'apartheid israélien est antérieure à l'épouvantail du jour quel qu'il soit.

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