Après les catastrophes [1] (en anglais) qu'ils ont subies en 2008, les Haïtiens ont célébré le début de 2009 plus ou moins joyeusement – à Haïti [2], le 1er janvier marque non seulement le Nouvel An, mais aussi le jour où, en 1804, l'île a obtenu son indépendance de la France, devenant la première démocratie noire du monde.
Des blogueurs haïtiens francophones rendent hommage à cet anniversaire tout en se préparant aux difficultés que leur pays devra affronter dans le futur :
Darlie explique [3] les événements historiques qui ont conduit à l'indépendance de l'île [4], mais parle aussi de la célébration traditionnelle héritée par les Haïtiens : manger de la “soupe joumou [5]” le 1er janvier…
On raconte que du temps de la colonie, à Saint-Domingue, la soupe était très en vogue et réservée uniquement aux maîtres d'esclaves et dans la plupart des cas à certains esclaves domestiques communément appelés esclaves talentueux comme par exemple Toussaint Louverture.
Le parfum envoutant du mariage des légumes exotiques et de la viande bovine ajoutée sur les multiples revendications que les esclaves des champs murmurèrent déjà, suscitèrent chez eux le désir de révolte.
Tandis qu'elle souhaite à son peuple “bon appétit”, ses voeux de bonne année sonnent plutôt comme un plaidoyer pour la solidarité :
Vivons en vrai, vivons ensemble, marchons unis sur le chemin de la fraternité, de la paix et de la réconciliation
Ces mots de Darlie sont d'autant plus intéressants que le Président René Garcia Préval [6] a prédit que 2009 serait “une année difficile… pour les Haïtiens” (comme l'a rapporté Romandie News [7]) lors de sa visite officielle aux Gonaïves, dans le nord d'Haïti. Coïncidence, Gonaïves est le berceau historique de l'indépendance de Haïti – et aussi la région qui a le plus souffert des ouragans dévastateurs de 2008 [8].
Dans le blog HaitiRectoVerso [9], Decky Lakyel raconte avec quelque stupéfaction l'arrivée précoce des officiels du gouvernement haïtien aux Gonaïves, un jour avant la date officielle de la célébration. Bloguant à propos d'un entretien entendu sur Radio Kiskeya [10], il explique la double motivation de cette visite anticipée :
Le ministre confie que le séjour inhabituel de 48 heures des membres de l’Exécutif dans la Cité de l’indépendance pour marquer les 205 ans de l’épopée haïtienne, représente une « manifestation de reconnaissance de l’importance symbolique » de lieux fondateurs de l’histoire nationale.
Outre les activités officielles, le Président Préval, la Première ministre Pierre-Louis et leurs principaux collaborateurs auront l’occasion de s’entretenir avec les victimes des intempéries qui avaient durement frappé les Gonaïves.
Mais, à lire le dernier billet du blogueur haïtien Stanley Lucas sur Solutionhaiti [11], il est parfaitement évident que ces efforts n'ont pas convaincu tout le monde.