- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Arabie saoudite : Gaza, qui est à blâmer ?

Catégories: Arabie Saoudite, Israël, Palestine, Action humanitaire, Guerre/Conflit, Manifestations, Médias citoyens, Politique, Relations internationales

Comme dans le reste du monde arabe, les blogs d'Arabie saoudite ont regorgé de commentaires sur les événements de Gaza. Cependant, il n'y a pas de consensus sur les responsabilités politiques.

Saudiwoman est contente de constater ce que fait [1] son pays (en anglais) :

Mon coeur se gonfle de fierté de savoir que mon pays essaie de faire quelque chose pour les Palestiniens à Gaza. Un ami qui travaille à l'hôpital militaire ici à Riyad m'a dit que depuis deux jours l'hôpital a laissé sortir des gens ici et là pour admettre les blessés de Gaza et que la première évacuation par pont aérien est arrivée aujourd'hui. Chacun ici en Arabie Saoudite se sent impuissant et frustré an voyant les photos des suites des raids aériens israéliens. Les photos d'enfants en sang et de bâtiments rasés nous rendent fous. Nous avons besoin de faire quelque chose. C'est si grave que beaucoup de gens se sont rendus dans les hôpitaux publics et voulaient donner du sang pour les Palestiniens. Il y en avait tellement que le ministre de la Santé a dù publier un communiqué disant que les Palestiniens ont besoin de vivres et non de sang.

Mais Ahmed Ba-Aboud voit les choses [2] autrement (en arabe) :

كل شخبطاتنا لن تغير من الواقع شيئا لكنني لا أملك إلا أن أضحك أمام محاولات الترقيع التي نراها، فهناك من يريد فتح الحدود لسيارات الإسعاف و هنا من يعلن علاج الجرحى، يعنى نحن لا علاقة لنا بالأصحاء من أهل غزه المحاصرين، بل ننتظرهم مصابين و قتلى لكي نقدم لهم يد المساعدة.

Tous nos gribouillages ne changeront absolument rien, les efforts décousus que je vois sont dérisoires. Certains veulent ouvrir les frontières aux ambulances, d'autres annoncent des soins aux blessés. Autrement dit, nous n'avons aucune relation avec les gens valides assiégés à Gaza, nous ne faisons qu'attendre les blessés et les morts pour leur offrir une main secourable.

Le blogueur et journaliste Yaser Al-Ghaslan est frustré [3] lui aussi (en arabe) :

 

يا ناس هل يعقل أننا وصلنا لهذا المستوى من الشلل و العجز بكل المقاييس، فنجد مثلا رئيسا عربيا يصرح بأنه سيعمل على تسهيل إجراءات تمرير المعونات الإنسانية
و آخر يتكلم عن جهوده في صياغة مشروع قرار عربي لشجب ما يجري بينما مجموعه منهم يخططون لتناول الموضوع ضمن أجندة إجتماعهم المقرر أصلا سابقا، (كلام كلام كلام كلام(.
[…] أحبتي نحن امه لم يبقى منها شئ سوى إسمها، فالشعب لا يعدو من كونه (صوت) يهلل بجميع الإتجاهات حتى اصبح نشازاً و مثيراً للأعصاب لدرجة القرف

Mon peuple, est-ce possible que nous ayons atteint ce niveau de paralysie et d'impuissance, à ce point ? On trouve, par exemple, un Président arabe déclarant qu'il va travailler à faciliter les procédures pour le passage de l'aide humanitaire. Un autre parle de ses efforts pour rédiger un projet de résolution arabe condamnant ce qui se passe, tandis qu'un groupe projette d'inscrire la question à l'ordre du jour de leur réunion initialement prévue pour plus tôt. Paroles, paroles, paroles. […] Mes amis, nous Arabes sommes une nation dont il ne reste rien d'autre que le nom, et les gens ne sont plus qu'une voix criant dans toutes les directions, à en devenir une cacophonie portant sur les nerfs jusqu'au dégoût.

Abdul Rahman Allahem pense que l'Egypte a été injustement accusée [4] :

للأسف أن مثل هذه الأحداث الدامية فرصة ذهبية للمتاجرين بالدماء والأشلاء للاستفادة من هذه المجزرة لتحقيق مكتسبات سياسية على أشلاء جثث الشهداء في غزة وهذا يتضح بشكل جلي عندما نرى ونسمع هذا الضغط غير المبرر على (مصر ) ومحاولة تحميلها كل ما يحدث في غزة في محاولة من (البعض) للتهرب من المسئولية

Malheureusement, des événements sanglants comme ceux-là sont une occasion en or pour les marchands de sang et de chair humaine pour profiter du massacre, pour réaliser des gains politiques sur les restes des cadavres de martyrs à Gaza. C'est l'évidence même quand nous voyons et entendons les pressions injustifiées sur l'Egypte et la tentative de l'accuser de tout ce qui s'est passé à Gaza, en vue pour les autres d'abdiquer leurs responsabilités.

Mohammed Abdullah Al-Shahri pense que ça ne sert à rien de faire des reproches aux pays [5] arabes quels qu'ils soient :

لا مزيد من اللوم للعالم العربي … أرجوكم .. صدقوني هو أيضاً يعاني … ومن المحرج أن تطلب من المريض علاج مريض !

Assez de reproches au monde arabe… Je vous en supplie… Croyez-moi il souffre aussi… Et c'est embarrassant de demander à un malade de soigner un autre malade !

Ecrivant un autre billet, Yaser Al-Ghaslan a une idée très claire de qui est responsable [6] (en arabe) :

لست من المؤيدين لحركة حماس و في ذات الوقت أرى بأن عباس و حركته ارتكبوا إهمالا لا يغتفر تجاه أهل غزة. […] لا ألوم إسرائيل بما فعلت اليوم فهي في تركيبتها الإجتماعية و السياسية دولة وحشية و همجية و ساعية لقتل كل ما هو عربي و فلسطيني و هو أمر نعرفه جميعا، و لكني ألوم أشد اللوم هؤلاء السياسيين الفلسطينيين و الذين أود أن أصفهم هنا بأوصاف لا تليق بالمحترمين و لكني احتراما لمسامعكم و عيونكم لن أتجاوز حدود الأدب […]دماء أبناء غزة هي عار عليك أيها الفتحاوي و أيها الحمساوي و أيها السياسي النكرة الذي لا تملك دولة و قد نصّبت نفسك قائدا همام ( خسئ عبد السلطة،،، خسئ عبد الدولار،، خسئ إبن…………..).

Je ne suis pas un partisan du Hamas, et en même temps je suis convaincu qu'Abbas et son mouvement [Fatah] sont coupables de négligence impardonnable envers les gens de Gaza. […] N'accusez pas Israël de ce qu'il fait en ce moment, car cela fait partie de la structure politique et sociale d'un Etat brutal et barbare qui cherche à tuer tous les Arabes et les Palestiniens, nous le savons tous. La responsabilité la plus forte devrait revenir à ces politiciens palestiniens, et à ceux que je veux décrire avec des mots qui ne sont pas dignes de personnes respectables, aussi  par égard pour vos oreilles et vos yeux, je ne franchirai pas la limite des bonnes manières. […] Que la honte du sang des enfants de Gaza retombe sur vous, partisans du Fatah et du Hamas et autres politiciens anonymes, qui n'avez même pas d'Etat et vous êtes auto-proclamés commandants héroïques. (Honte aux esclaves de l'autorité, honte aux esclaves du dollar, honte aux fils de …)

Hala, qui vit actuellement aux USA, demande [7] (en anglais) :

Est-ce que les guerres et les armes seraient les seuls moyens – comme toujours – d'arriver à des résolutions et à la paix ?

Sabria Jahwar écrit [8] (anglais) :

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert est apparu la semaine dernière dans une émission arabe d'actualités, où il s'est essentiellement vanté de ce qu'Israël est le pays le plus grand, le plus méchant et le plus fort de la région, et qu'il n'hésitera pas à utiliser sa puissance pour se protéger. Alors, ma question est : si Israël est vraiment le pays le plus grand et le plus puissant du Moyen-Orient, pourquoi ne prend-il pas une ligne modérée en consacrant une grande part de cette énergie négative à quelque chose de positif, comme d'épargner les vies innocentes et d'exiger la reprise des pourparlers de paix avec le Hamas ? La triste réalité, c'est que les civils de la bande de Gaza ne sont que des pions dans une lutte de pouvoir qui aurait dù cesser depuis longtemps. Et le prix, ce sera davantage de sang.

Et Ahmed Al-Omran rapporte (en anglais) des manifestations qui ont eu lieu [9] :

Le 19 décembre, quelques centaines de personnes ont manifesté à Qatif, une région majoritairement chiite à l'est de l'Arabie Saoudite, pour protester contre le siège israélien de Gaza. Les manifestants ont brandi des portraits du leader du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, et ont scandé des slogans anti-israéliens et anti-américains. Selon le site web Rasid, la manifestation s'est terminée pacifiquement sous les yeux des forces de sécurité qui observaient de près. Cependant, des dizaines de jeunes manifestants ont été arrêtés la semaine suivante. Après qu'Israël a lancé son attaque barbare sur Gaza samedi dernier, des milliers de manifestants en colère sont descendus dans les rues en Egypte, en Jordanie, au Yémen et dans d'autres pays. En Arabie Saoudite, où la loi ne donne pas aux gens le droit de manifester en public, plus de 60 militants politiques et des droits de l'homme ont signé et envoyé une lettre au Ministère de l'Intérieur, demandant l'autorisation de tenir une manifestation pacifique à Riyad. Tandis que les activistes de Riyad attendaient une réponse du ministère, les manifestants de Qatif ont recommencé lundi, mais cette fois, ils ont été confrontés aux forces de sécurité et à la police anti-émeute, qui ont tiré des balles de caoutchouc pour briser la manifestation. Mansour al-Turki, porte-parole du Ministère de l'Intérieur, a démenti qu'une telle manifestation ait eu lieu. «Les manifestations de rue sont interdites dans le Royaume, et les forces de police interviendront pour faire respecter l'interdiction,» a-t-il ajouté. Son démenti n'est pas une surprise, mais chacun sait que les habitants de Qatif ont une longue histoire de protestations de rue avec les grandes manifestations de 1979, 2002 et 2006. […] Les gens devraient être autorisés à manifester, mais il semble que le gouvernement craint que les gens ne se rendent compte du pouvoir des manifestations publiques et ne l'utilisent par la suite, pas seulement pour protester contre Israël, mais aussi pour exiger [le respect de] leurs droits. Autoriser ces manifestations établirait un précédent dont le gouvernement à l'évidence ne veut pas avoir à gérer les résultats et les conséquences. 2009 sera intéressant.