Les téléspectateurs du monde entier sont horrifiés en voyant les photos accablantes des victimes de Gaza – dont certaines sont déformées au point d'en être méconnaissables. L'ONG internationale de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch appelle aussi Israël à mettre fin à l'usage illégal de phosphore blanc dans sa guerre contre Gaza.
D'Egypte, la blogueuse Zeinobia écrit (en anglais) :
Il est devenu notoire qu'Israël utilise des bombes au phosphore. La seule observation des images des brûlures sur les corps de Palestiniens, la première semaine, suffisait pour savoir qu'ils utilisent les bombes au phosphore, même pas les bombes à sous-munitions dont nous savons qu'il les ont utilisées au Liban.
Mais bien-sûr comme simple blogueuse, je ne pouvais pas savoir que les Forces de Défense Israéliennes (IDF) utilisent des bombes au phosphore, au début, je pensais qu'ils essayaient un nouveau type de bombes sur les pauvres Gazaouis, ensuite, j'ai pensé aux bombes à sous-munitions, qu'ils préfèrent. […]
Même la presse internationale comme le Times en ont parlé.
Evidemment, Israël a démenti cette allégation dangereuse d'utilisation d'armes interdites par le droit international contre les habitants de Gaza. D'abord, il [Israël] vise les soi-disants terroristes du Hamas, et ensuite ces bombes sont des fumigènes !!
Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mais ils ne peuvent changer la vérité, malgré tous leurs efforts.
Fumée s'élevant au-dessus de Gaza après une attaque israélienne. Crédit photo : Amir Farshad Ebrahimi
Selon le site Human Rights Watch (en anglais) :
Les 9 et 10 janvier 2009, des chercheurs de Human Rights Watch en Israël ont observé des salves aériennes multiples de tirs d'artillerie de phosphore blanc, au-dessus de ce qui s'est avéré être la zone de Gaza-Ville/Jabaliya. […]
Human Rights Watch est convaincu que l'utilisation de phosphore blanc dans des zones densément peuplées de Gaza viole les exigences du droit humanitaire international, de prendre toutes les précautions possibles pour éviter blessures et morts chez les civils.
[…]
Depuis le début de l'offensive terrestre israélienne à Gaza, le 3 janvier 2009, de nombreuses informations ont fait surface dans les médias sur la possible utilisation de phosphore blanc par les Forces de Défense Israéliennes (IDF). IDF a déclaré à la fois à Human Rights Watch et aux journalistes qu'elle n'utilisent pas de phosphore blanc à Gaza. Le 7 janvier, un porte-parole d’ IDF a déclaré à la chaîne de télévision CNN : “Je peux vous affirmer en toute certitude que le phosphore blanc n'est absolument pas utilisé.”
La Palestinienne Laïla El-Haddad, dont les parents sont à Gaza en ce moment, ajoute (en anglais):
Les habitants de Gaza ont parlé d'une force sans précédent déchaînée contre eux par l'armée israélienne – mais ils ont aussi évoqué de nouvelles sortes d'armes. Ce n'est pas une surprise – Gaza a toujours été le “terrain d'essai” – depuis les neurotoxiques (en anglais) utilisés à Khan Younès en 2003 jusqu'aux “raids aériens fantômes” de franchissement du mur du son. Maintenant, on parle de bombes à sous-munitions, d'uranium appauvri et de phosphore blanc.
Et ce ne sont là que [les armes] que les gens peuvent identifier. Les correspondants de CNN stationnés près des frontière de la bande de Gaza ont également parlé de nouveaux types d'explosions.
Deux médecins norvégiens ont affirmé que certaines des victimes qui ont été blessées depuis qu'Israël a commencé ses attaques contre la bande de Gaza le 27 décembre présentent des traces d'uranim appauvri dans le corps, selon PressTV.
On peut également lire des informations selon lesquelles l'armée israélienne utilise dans le nord de la bande de Gaza à la fois des bombes à sous-munitions et du phosphore blanc, une arme incendiaire utilisée par les Etats-Unis en Irak (ce qui expliquerait les grandes explosions à gerbes lumineuses, jamais vues auparavant à Gaza).
Elle détaille aussi la description faite par son père, médecin, des blessés qu'il a examinés à Gaza :
Hier, mon père a soigné à l'hôpital de Shifa des patients exposés à certains de ces obus. La description qu'il a donnée est la suivante :
“Il y a eu une série de bombes en une rangée, un grand halo blanc, suivi d'une fumée blanche qui a provoqué une irritation sévère et une impossibilité de respirer ; les zones exposées deviennent rouges, boursouflées sur toute la peau, et démangent”.
Sur une note différente, un autre blogueur, The Rag bag, a cité (en anglais) d'après Times Online, quelques faits à propos des bombes au phosphore blanc :
- Phosphore blanc : le produit chimique à écran de fumée qui peut brûler jusqu'à l'os
- Le phosphore blanc éclate en une flamme jaune vif quand il est exposé à l'oxygène, produisant une épaisse fumée blanche
- Il est utilisé comme écran de fumée ou pour des engins incendiaires, mais peut aussi être déployé comme composant de lance-flammes anti-personnel, capable de provoquer des brûlures potentiellement mortelles
- Les brûlures de phosphore sont toujours au deuxième ou au troisième degré parce que les particules ne s'arrêtent pas de brûler au contact de la peau avant d'avoir complètement disparu – il arrive qu'elles atteignent l'os
- Les conventions de Genève interdisent l'utilisation du phosphore comme arme offensive contre les civils, mais son utilisation comme écran de fumée n'est pas interdite par le droit international
- Israël a déjà utilisé le phosphore blanc durant sa guerre avec le Liban, en 2006
- Il a été utilisé fréquemment par les forces britanniques et américaines dans les guerres récentes, notamment lors de l'invasion de l'Irak en 2003. Son utilisation a été abondamment critiquée.
Pendant ce temps, dans la ville de Rafah, à la frontière entre l'Egypte et Gaza, la blogueuse et activiste des droits de l'homme égyptienne Nora Younis rapporte sur la plateforme de micro-blogging Twitter :
(“Gaza : un garçon palestinien, avec possibles blessures provoqué par phosphore blanc vient de traverser la frontière à Rafah en direction de l'hôpital d'Arish”)