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Népal : Controverse autour d'un sanctuaire

Catégories: Inde, Népal, Arts et Culture, Politique, Relations internationales, Religion

La nouvelle année commence mal au Népal. Outre la crise énergétique, le pays est pris dans une importante controverse autour d'un sanctuaire hindouiste parmi les plus sacrés, le Pashupatinath [1] [en anglais].

Le cœur du débat est de savoir si la tradition – qui veut que des religieux indiens officient dans le sanctuaire – doit perdurer, ou si les Népalais doivent prendre le relais.


Le sanctuaire Pashupatinath , photo de l'utilisateur de Flickr wonker [2], reproduite sous licence Creative Commons

Le site India-Server [3] [en anglais] donne un aperçu de l'histoire des prêtres indiens de Pashupatinath et du rôle de la monarchie népalaise :

Rompant avec une tradition vieille de 300 ans, les déités seront officiellement honorées par des prêtres népalais au lieu de prêtres venus de l'Inde voisine. Depuis 1747, les rois du Népal embauchaient des prêtres originaires du Sud de l'Inde, connue pour son orthodoxie et sa connaissance des rituels hindous.

Le roi était auparavant le principal mécène du fonds de développement du temple et la reine en était la présidente. Cependant, après l'échec du roi Gyanendra [4] à obtenir les pleins pouvoirs, et le mouvement pour la démocratie qui en a découlé, un gouvernement maoïste est arrivé au pouvoir au Népal.

Tranchant avec l'usage et la tradition, des prêtres népalais ont été nommés. Mais cette décision ne fait pas l'unanimité : les manifestations d'opposition se sont multipliées en Inde comme au Népal.

Le site Singapore Star [5] [en anglais] propose un instantané des manifestations de mécontentement qui se sont propagées dans les rues de New Delhi, la capitale indienne :

Un groupe de personnes a organisé une manifestation devant l'ambassade du Népal de la capitale fédérale, dimanche, pour protester contre le départ des prêtres indiens du célèbre temple Pashupatinath.

Agités, les manifestants ont scandé des slogans contre le premier ministre népalais Pushpa Kamal Dahal, dit Prachanda [6] [en français]. Une effigie de Prachanda a aussi été brûlée. Les manifestants accusaient le gouvernement népalais de blesser la sensibilité hindoue en nommant des prêtres de nationalité népalaise dans le vieux temple.

Bien sûr, le rôle du gouvernement maoïste dans la décision de remplacer les prêtres indiens est minutieusement examiné.

Cependant, le blogueur de United We Blog [7] [en anglais] explique que le rôle des maoïstes, et la controverse sur la nationalité des prêtres, sont amplifiés hors de toute proportion :

Le gouvernement maoïste, sur ordre direct du Premier Ministre, a nommé des prêtres népalais en lieu et place des Indiens dans le plus grand temple du Népal. Certaines personnes se sont opposées à ce geste pour différentes raisons ; ils y trouvent leur propre intérêt. Un tel tollé autour de la nomination de citoyens népalais n'a pas lieu d'être. En réalité, l'éviction des prêtres indiens et la nomination de citoyens népalais n'avait que trop tardé. Les prêtres indiens pillaient littéralement le temple, avec le soutien et l'assentiment de l'ex famille royale. Ils n'avaient aucune obligation de rendre des comptes. Nous ignorions tout des donations et offrandes faites au temple. Tout cela devait changer, pour le bien du temple.

L'affaire [8] [en anglais] est désormais devant la plus haute autorité judiciaire du Népal, la Cour Suprême :

….le fonds de développement de la zone de Pashupatinah, qui gère le sanctuaire, a annoncé dimanche qu'il avait nommé deux jeunes prêtres népalais supplémentaires, pour assister les deux prêtres népalais plus expérimentés nommés récemment. Ces nominations interviennent précisément le jour où le fonds, les cabinets du Premier Ministre et de Gopal Kiranti [9] [en français], ministre maoïste de la culture et de la réforme de l'État, ont reçu une injonction de la Cour Suprême leur demandant de ne plus nommer de prêtres et de laisser les anciens continuer jusqu'à ce que le différend soit résolu.

Gopal Kiranti a fait savoir que son cabinet répondrait à la Cour Suprême pour défendre la nomination de Népalais à la place les Indiens, une décision qui rompt avec 300 ans de tradition.

Les maoïstes sont désormais passés à l'offensive, défendant leur position dans la presse [10] [en anglais].

Le Premier Ministre, Prachanda [littéralement “le féroce”, en népalais], a assuré à des leaders indiens que le gouvernement maoïste se plierait à la décision de la Cour Suprême et autoriserait les prêtres indiens à “remplir leurs fonctions” au temple Pashupatinath.