Israël : l'armée mène-t-elle une guerre “morale” à Gaza ?

Des blogueurs israéliens ont pris la défense de l'armée israélienne (IDF), qui a été fortement critiquée pour mener une guerre injuste à Gaza. Beaucoup ont choisi de souligner des faits qui ne sont pas forcément présentés dans les informations générales, sur ses techniques de combat – minimiser les pertes civiles (en anglais) par l'utilisation de technologies de missiles de précision, les appels téléphoniques aux habitants, le largage de tracts d'avertissements, ceci, tout en se concentrant sur la cible : affaiblir le Hamas, détruire son artillerie et sa capacité à tirer des roquettes sur le territoire israélien. Ils s'en prennent aussi aux manoeuvres du Hamas, qui utilise les civils de Gaza comme boucliers humains, et même plus, opèrent délibérément à partir d'écoles, de mosquées et de bâtiments avoisinnant les centres d'aide humanitaire.

Yaron réagit en publiant le dessin suivant, qui montre un soldat israélien protégeant un landau de bébé, tandis que le milicien du Hamas utilise le bébé comme bouclier :

Alan Abbey de l’Institut Shalom Hartman, écrit (en anglais) :

Le débat sur les actions d'Israël à Gaza s'intensifie à travers le monde. Au moment où j'écris, les médias, depuis le New York Times jusqu'à Al-Jazeera, débattent si la guerre est “morale”, défensive, et  «proportionnée.» Cet article, ”Israelis United on War as Censure Rises Abroad” (Les Israéliens unanimes sur la guerre alors que la censure monte à l'étranger») d'Ethan Bronner, du Times, «comprend» le conflit du point de vue israélien et cite ostensiblement le doyen de l'Institut Hartman, Moshe Halbertal, un des auteurs du code d'éthique des Forces de défense israéliennes :

« Les roquettes du Hamas pourraient finalement atteindre la totalité d'Israël,» a-t-il dit. «Ce n'est pas un fantasme. C'est un problème réel. Il y a donc un écart entre les images réelles sur l'écran et la situation géopolitique.

«Vous avez Al-Jazeera postée à l'hôpital Shifa, et les blessés arrivent,» poursuit-il, se référant à la chaîne d'informations arabe. «Alors, voilà le gros Goliath en train d'écraser ces pauvres gens, et ils sont perçus comme des victimes. Mais du point de vue d'Israël, le Hamas et le Hezbollah sont en réalité le fer de lance d'une menace globale plus grande et invisible. Les Israéliens se sentent le minuscule David face à un immense Goliath musulman. La question, c'est : qui est David ici ?»

Alan Abbey conclut en donnant un lien vers un texte complémentaire de l'Institut Hartman sur ce thème (en anglais).

Uri Heitner écrit sur le dilemme moral suscité par cette guerre. Il demande si l'opération «Plomb durci» est une guerre «juste», et s'il y avait une alternative :

L'opération est contre un ennemi qui n'a pas de code éthique quand il combat. Un ennemi qui vise des civils et des enfants. Un ennemi dont les actions dans les années passées se sont concentrées sur des attentats-suicide massifs en Israël, et huit années de tirs de missiles directement sur des populations civiles israéliennes. Il est du plus haut devoir du moral d'un pays de défendre la vie de ses citoyens. C'est pourquoi une guerre contre un ennemi qui vise ses citoyens est à l'évidence justifiée. Et si viser cet ennemi à pour prix de nuire aussi à des civils, avec grand chagrin et douleur, ce prix est justifié.

Même quand une guerre est justifiée, il est nécessaire de se demander s'il y a une alternative. Dans le cas présent, nous avons tout essayé. Au début, on expliquait les tirs sur Sdérot par nos implantations à Gaza. Ils tiraient sur Sdérot pour nous chasser de Goush Katif. Lorsque nous avons retiré toutes nos implantations et forces de Gaza, leurs tirs ont continué et se sont amplifiés. Israël a répondu en utilisant une politique de retenue, puis en tirant sur des terrains dégagés, en fermant les points de passage, etc… Israël a accepté un accord de «houdna» qui a été rompu au bout de 46 minutes, et a continué à le respecter unilatéralement. Israël a accepté un accord de «tahdiya» qui a aussi été respecté unilatéralement. Israël a mendié une continuation du cessez-le-feu, même si ce n'était pas vraiment le calme. Mais les Palestiniens ont décidé d'y mettre fin et ont tiré des dizaines de fusées sur les populations civiles en Israël.

Non, il n'y avait pas d'alternative.

Quand un ennemi qui vise nos civils nous tire dessus en se cachant au milieu de la population civile, la guerre est pleinement justifiée. Et le prix est douloureux – des civils et des enfants palestiniens meurent, et notre ennemi en porte pleinement la responsabilité.

Alors, n'y a-t-il pas de règles quand on lutte contre la terreur ? A mon avis, la règle morale devrait comporter de faire tous les efforts pour empêcher qu'il y ait des victimes civiles, tout en exécutant les plans. L'armée agit-elle selon ce principe ?

Je n'ai aucun doute que l'IDF est une armée morale, aussi stricte que possible avec le combat conforme à l'éthique, même dans les conditions particulières de cette guerre. Pour cela, les IDF doivent continuer à toujours enquêter sur leurs actions, vérifier si elles ont porté atteinte à des civils quand cela pouvait être évité, et apprendre comment, dans des conditions de guerre aussi différentes, elles peuvent minimiser le mal infligé aux civils.

Nate de Patterns R’ Us examine (en anglais) une tactique des IDF : téléphoner aux cibles présumées pour les avertir d'une attaque imminente, afin qu'elles puissent se mettre à l'abri pendant que le bâtiment et l'équipement militaire seront détruits :

Je suis certain que cette adaptation tactique est une réponse aux leçons que l'IDF a apprises de la guerre du Liban en 2006. Elle a peut-être gagné la bataille sur le terrain militaire, mais elle a perdu la bataille de l'information, et donc la guerre. (On peut arguer qu'elle n'a pas perdu, mais n'a fait que se retirer. Dans ce cas, un retrait, face à des acteurs non-étatiques, de l'Etat d'Israël subventionné par les Américains est une victoire pour le Hezbollah.) Cette fois, contre le Hamas, Israël et l'IDF déploient tous leurs efforts pour gagner la guerre de l'information. Premièrement, ils ont laissé le Hamas rompre en premier le cessez-le-feu et ont attendu plusieurs jours avant de riposter aux tirs de missiles. Deuxièmement, ils ont immédiatement publié sur Internet, et en particulier sur YouTube, des vidéos de militants du Hamas attaqués par l'IDF. Troisièmement, ils appellent les civils pour les avertir des bombardements de façon à réduire les pertes civiles et la chair à canon que le Hamas utilise contre eux dans la guerre de l'information.

Il est clair que la nouvelle tactique d'IDF sert aussi un objectif psychologique au-delà de la simple réduction des pertes civiles. C'est la tactique d'opération psychologique idéale, qui rend l'attaque militaire plus efficace, réduit les victimes civiles, et sert de dissuasion pour d'autres civils. Je suis sûr que l'armée américaine observe et s'instruit, et qu'elle incorporera des éléments de cette tactique dans ses opérations en Irak et en Afghnaistan.

… Dans l'ensemble, je pense que cette tactique militaire des IDF est un bon développement à la fois pour combattre dans des guerres non-conventionnelles et mener des opérations de renseignement, ainsi que comme objectif moral de réduction des victimes civiles. Mais tout comme pour l'introduction des munitions à guidage de précision il y a vingt ans, je me demande quelles seront à long terme les conséquences non désirées de ces tactiques.

Meryl Yourish commente (en anglais) la réponse de Mark Regev à un présentateur partial de CNN lors d'un entretien sur la tactique militaire d'IDF : (la vidéo de l'entretien est insérée ci-après)

Regardez cette vidéo, et voyez combien de fois le présentateur de CNN prend pour la vérité les affirmations palestiniennes que l'IDF a délibérément visé le bâtiment de l'ONU qui a été frappé aujourd'hui.

Par exemple, le présentateur dit qu'Israël utilisait des obus aux phosphore blanc. Mark Regev le dément, souligne que le CICR a prouvé qu'Israël n'utilise pas illégalement le phosphore blanc, et que le Hamas a tiré un obus au phosphore blanc sur Israël. Le présentateur dit alors : «Mais seul Israël tire des obus au phosphore blanc» aussitôt après que Regev lui a dit que c'est le Hamas qui en tire.

 

 
 

 

(“Israël répond sur l'incendie du bâtiment de l'ONU
Le porte-parole du gouvernement israélien Mark Regev, en réaction à la frappe sur le complexe de l'ONU.
Source : CNN – ajoutée le 15 janvier 2009)

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