Les blogueurs du Bahreïn enragent contre la décision de la Ministre de l'Information de bloquer l'accès [en anglais] à un grand nombre de sites web [en anglais], et d'interdire l'accès à des serveurs proxys qui permettraient d'accéder à ces sites en contournant ce blocage.
Ammaro répond à la ministre [en anglais] :
MINISTRE ; VOICI UN MESSAGE SPÉCIAL POUR VOUS. VOUS POUVEZ BLOQUER UNE PORTE, VOUS POUVEZ EN BLOQUER DEUX, MAIS VOUS NE POURREZ JAMAIS CENSURER INTERNET, QUE ÇA VOUS PLAISE OU NON. IL Y A MILLE ET UNE FAÇONS DE CONTOURNER VOS BLOCAGES, ET VOUS N'ARRIVEREZ JAMAIS À LES CONTRÔLER TOUTES.
Rayyash fait part de sa surprise [en arabe] :
Hussain Marhoon a un point de vue différent [en arabe] :
Jenan se demande [en arabe] :
Mohammed Marhoon se pose aussi des questions [en arabe] :
The Redbelt écrit [en anglais] :
Permettez-moi de vous peindre un paysage :
C'est les années 1980. Pas d'Internet ni de télés par satellite ni rien. Les seuls moyens de communication que nous avons avec le monde extérieur sont les cassettes vidéo et audio, les livres et les magazines. En cette période plus simple, interdire quelque chose pourrait vraiment marcher. Si le gouvernement dit pour une raison ou une autre qu'un film par exemple est inacceptable et indésirable, la majorité de la population, si ce n'est la totalité, ne le verra pas. Les cassettes seront facilement trouvées et confisquées. Et alors ? La censure à cette époque était plutôt efficace. Mais c'était il y a très, très, TRÈS longtemps. Voyez mon frère, il n'était qu'un projet en 86 et il est né en 87. Aujourd'hui c'est un grand type de 1 m 86, qui porte le bouc, a le permis de conduire et un diplôme universitaire. Les médias ont changé de la même façon.
Eyad s'interroge sur la logique économique d'une telle décision [en anglais] :
Ne considérons pas Internet comme une autoroute de l'information mais comme un service, les gens, chez eux, paient chaque mois une bonne somme, seulement pour avoir accès à Internet et y prendre du plaisir, et [les entreprises des télécommunications] investissent de façon importante dans les réseaux et les technologies pour fournir une connexion à chaque foyer et à chaque entreprise dans le pays ; que se passera-t-il si les gens, étant donné ce qui vient d'arriver, résiliaient leur abonnement Internet ou avaient recours à d'autres possibilités, comme l'abonnement partagé, comment les FAI pourraient rentabiliser leurs investissements et leurs efforts pour améliorer le service alors que le Gouvernement ne fait rien pour les aider ?
Funaki écrit [en anglais] :
Nous avons été dotés d'un esprit à nous, que nous pouvons employer pour prendre des décisions et distinguer entre le bien et le mal. Je n'ai pas besoin qu'une personne extérieure vienne me dire ce qui est bien et ce qui est mal.
Yagoob exprime un point de vue proche, et il demande à la ministre de renoncer à sa décision [en anglais] :
Les gens devraient être libres de faire ce qu'ils veulent en ligne, que ce soit risqué ou un péché n'est pas l'affaire de l'état… Nous ne sommes pas un troupeau qu'on doit conduire et à qui on doit montrer le “bon” chemin, ou plutôt “celui du gouvernement”. […] Madame la Ministre, le blocage de ces sites web continuera, à brève et à longue échéance, à saper les libertés accordées au peuple du Bahreïn par la Constitution, et quoi qu'il en soit privera les habitants du Bahreïn de sites web utiles sans aucune raison. Veuillez s'il vous plaît réexaminer cette décision et lever l'interdiction de ces sites web et permettez-nous, en tant que peuple, de devenir plus instruits, informés et inspirés…
Hussain Yousif ironise [en anglais] :
Je voudrais remercier le gouvernement pour nous rappeler que le Bahreïn est encore un autre exemple de pays du Tiers-Monde où la liberté est un sujet dont on parle, mais qu'on ne vit pas.
Silly Bahraini Girl est encore plus mordante [en anglais] :
Ce n'est pas un autre pas en avant pour brider ma liberté d'expression, car je suis libre de dire et d'écrire ce que je veux, même si personne ne m'écoutera. Ce que je ne suis pas libre de faire est de surfer sur Internet comme j'en ai envie, parce que je suis une enfant aux yeux du pouvoir, une enfant à qui on devrait dire ce que je suis autorisée ou pas à lire. Et puisque personne n'écoute, je voudrais remercier le gouvernement de bloquer l'accès à tous ces sites web et je voudrais lui demander de bloquer l'accès à tout l'Internet parce que franchement, nous n'en avons pas l'utilité.
Sous, une Suédoise qui vit au Bahreïn, est furieuse [en anglais] :
C'EST INSENSÉ ! TOTALEMENT INSENSÉ !! J'EN SUIS SUFFOQUÉE ! C'EST INSENSÉ !
Suad se demande [en arabe] :
ماذا استفاد المواطن أو الدولة من قرارات الحجب غير تراجع سمعة البحرين ومسيرتها الاصلاحية وانعدام الشفافية وانتهاك حرية التعبير وإرجاعنا الي عصور التخلف والظلام؟
Mohammed Zainal ne parvient pas à y croire [en anglais] :
C'est triste, sérieusement, ce n'est pas drôle, j'écrivais dans mon billet précédent à quel point la technologie est en train d'évoluer et comment les gens s'en servent pour de nouvelles utilisations tous les jours, transforment le paysage médiatique, en poussant les gens à utiliser les outils et les éléments du Web2.0 ++…
Est-ce que c'est ça que doit devenir notre “Âge de l'Engagement” ?
MuJtAbA AlMoAmEn pense que le blocage des sites n'est pas la solution [en arabe] :
ثم إنني لا أرى أية فائدة تقنياً من المنع فالوسائل كثيرة ، كما وإني مع عدم رضاي بالجو الطائفي المشحون المقبل للإنفجار إلا أنني أتقبل ما يحصل لأن مصدره شعب حقيقي مأزوم ومشحون ومتشرب للطائفية ، فما يحصل على المنتديات هو يعبر بدرجة كبيرة عن آراء تلك الفئة الغير قليلة في مجتمعنا ، ويبقى الحل سياسياً لا بيد وزيرة الإعلام ولا غيرها
Hayat se demande comment la décision a été prise [en arabe] :
Khalid ajoute [en arabe] :
Qassim Ahmed a une autre idée [en arabe] :
Enfin, dans un autre billet, Ammaro affirme qu'il a trouvé ce qu'il se passe vraiment [en anglais] :
Vous vous rappelez de Matrix ? Comment le monde dans lequel les humains vivent, qu'ils croient réel, et en réalité complètement inventé ? Juste une illusion ? C'est sans doute la situation d'Internet au Bahreïn. Internet n'est rien qu'une illusion créée par le gouvernement du Bahreïn, pour que vous puissiez croire que vous vous connectez au monde extérieur, alors qu'en réalité on vous maintient complètement isolés de tout et de tout le monde à l'extérieur. Tous les sites que vous visitez, depuis le début, ont été créés par des employés du Ministère de l'Information ; tous. Il y a un type qui rédige le site de CNN, et invente les nouvelles du monde, un autre qui tient le site de la BBC. Il est évident qu'ils travaillent assis l'un à côté de l'autre ; leurs informations sont presque exactement les mêmes sur leurs deux sites… […] Nous vivons un mensonge. La dernière interdiction des sites web n'est pas vraiment un “blocage” des sites web. C'est en réalité une conséquence de la Crise Mondiale du Crédit, le Ministère a dû licencier un grand nombre de ses employés par manque d'argent, et ne peut plus faire fonctionner autant de sites web qu'auparavant. D'où cette interdiction.