Tunisie : Attaques contre la liberté d'expression

Le gouvernement tunisien vient de démontrer une fois de plus sous “soutien sans faille” à la liberté d'expression. Selon des journalistes locaux, le 27 janvier 2009 des policiers en civil ont encerclé les bureaux de la nouvelle radio par satellite Kalima et ont arrêté un de ses journalistes, Dhafer Ottey. Le lendemain, les journalistes de Kalima sont restés dans le bâtiment et ont continué leurs émissions. Les policiers ont également agressé verbalement et physiquement des personnes proches de Kalima. Zouhair Makhlouf, un militant défenseur des droits humains, a été molesté (comme le montre la vidéo ci-dessous), ainsi que Omar Mestiri, le rédacteur en chef du site web de Kalima, qui a été menacé de mort avec un couteau. Les policiers ont insulté les journalistes de Kalima qui n'étaient pas à l'intérieur du bâtiment et la plupart des personnes qui sont venues manifester leur soutien à l'équipe de Kalima. Le 30 janvier, les policiers ont pénétré dans les locaux et ont saisi le matériel de radiodiffusion. Voici la vidéo montrant le siège de Kalima.

Par ailleurs, le Ministère de l'Intérieur tunisien a saisi, le 30 janvier 2009, le numéro 113 du journal dissident Attariq El Jadid, avant qu'il ne soit livré dans les kiosques, au prétexte que ce journal publiait le procès-verbal de l'interrogatoire d'un détenu dans le cadre de ce qu'on appelle les “événements de Gafsa”. La publication d'un tel document juridique est illégale selon les Articles 63 et 73 du Code du Journalisme, mais la loi précise qu'on ne peut publier de tels documents avant qu'ils n'aient été présentés en audience publique devant un Tribunal. Dans ce cas particulier, les documents juridiques en question ont été présentés au tribunal le 11 janvier 2009, ce qui par conséquent autorisait en droit leur publication, selon les journalistes. Le blog Farda oulaqat akhtaha [en arabe] parle de cette censure et cite une dépêche AFP reprise par le quotidien français Le Monde :

Tunisie: un journal d'opposition saisi pour violation du Code de la presse.

L'hebdomadaire d'opposition tunisien “Ettarik Al-Jadid” (la nouvelle voie) a été saisi samedi par décision judiciaire pour violation du Code de la presse, a-t-on appris de source gouvernementale.

La saisie a été ordonnée “en vertu des articles 63 et 73 du Code la presse”, selon un communiqué publié par l'agence gouvernementale TAP.

Hatem Chaâbouni, directeur de l'organe bilingue du Mouvement Ettajdid (Renouveau, légal), a indiqué à l'AFP que le numéro saisi diffusait une transcription de l'interrogatoire de Bechir Laabidi, un des dirigeants du mouvement social de Gafsa (sud) dont le procès en appel est en cours.

“L'interrogatoire d'un prévenu peut être rendu public dès lors que les audiences publiques au procès ont commencé”, a assuré pour sa part Adel Chaouch, rédacteur en chef du journal.

Les articles du Code de la presse invoqués interdisent, sauf autorisation du juge, la publication de tout acte de procédure pénale et sanctionnent “celui qui, à la suite des troubles, a accepté de se substituer aux autorités régulièrement constituées”, la punition pouvant aller dans ce cas jusqu'à l'emprisonnement à vie.

Bechir Laabidi fait partie d'une trentaine de Tunisiens poursuivis pour leur participation à un mouvement de protestation sociale dans la région minière de Gafsa et dont le procès en appel ouvert le 13 janvier reprendra mardi prochain.

Il fait suite à des condamnations allant jusqu'à 10 ans de prison prononcées en première instance le 11 décembre à Gafsa (350 km au sud-ouest de Tunis).

La saisie de l'hebdomadaire intervient alors qu'une enquête a été ouverte par le parquet tunisien sur le lancement sans autorisation de Kalima, une station dirigée par la journaliste dissidente Sihem Bensedrine, selon une source gouvernementale.

“Radio Kalima” avait commencé à émettre lundi mais ses locaux ont été perquisitionnés vendredi et les équipements saisis, a indiqué à l'AFP un de ses collaborateurs.

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