L'incendie de l'extension des futurs locaux de la Télévision Centrale de Chine (CCTV) d'hier soir (le 9 février) a été provoqué par des feux d'artifice tirés durant les célébrations de la Fête des Lanternes (元宵). Le blogueur Anlei a témoigné de sa propagation par une série de photos. Bien que l'incendie ait été un accident, le Département de la propagande a tout de même décidé “d'harmoniser” (censurer) la nouvelle. Cette notice a ainsi été communiquée à tous les principaux portails Internet (via twitter) :
À tous les sites Internet : “En ce qui concerne l'incendie de l'annexe du nouvel immeuble de la CCTV, veuillez n'utiliser que les dépêches de [l'agence de presse officielle] Xinhua. Ne publiez pas de photos, de vidéos, ou d'analyses en profondeur. Placez l'article dans la section “Informations nationales”, fermez les commentaires, et ne proposez pas de liens vers les fils de discussions sur les forums ou de billets de blogs sur ce sujet.
De telles mesures peuvent-elles empêcher les gens de parler de l'incendie ? Wang Xiaofeng formule la même question d'une manière plus rhétorique : “Le papier peut-il étouffer le feu ?”
La nouvelle extension des locaux de la CCTV a pris feu par accident pendant la Fête des Lanternes. Les témoins ont rapidement disséminé la nouvelle avec leurs téléphones mobiles, les sites Web ont ensuite récupéré l'information pour la diffuser. De nombreux portails Internet ont créé des pages spéciales sur l'incident. Toutefois, ces contenus ont rapidement été supprimés. C'est tellement évident que même ceux qui pensent avec leur caleçon ont compris que ces sites ont agi ainsi après en avoir reçu l'ordre de la part du Département de gestion de l'Internet. Pour les scoops comme celui-ci, toute information doit se baser sur les dépêches de l'agence Xinhua et les sites Internet ne peuvent pas rapporter l'incident comme ils l'entendent. Mais les journalistes de Xinhua sont en vacances et l'incendie était imprévisible. D'ailleurs, si un journaliste avait été sur place, il aurait été interrogé car on l'aurait soupçonné d'être impliqué dans l'incendie. Et même si un reporter de l'agence Xinhua avait été présent sur les lieux, il aurait dû vérifier l'information, rédiger son papier puis le soumettre à son supérieur pour validation. Et pour ce genre d'événement, son supérieur direct n'aurait sans doute pas pu avoir le dernier mot, il aurait dû consulter son supérieur à lui. Puis, au final, avant même que l'article ne soit validé, le monde entier aurait déjà été au courant.
Le problème de l'angle de l'article se pose, par exemple : quel est l'étendue des dégâts causés par l'incendie ? Lourds ou légers ? Le problème du ton également. Par exemple : des responsables politiques se sont-ils rendus sur place ? Si oui, quelles ont été leurs déclarations ? Dans le cas d'informations importantes comme celle-ci, les articles ne peuvent pas ne pas faire mention des responsables politiques. Ces derniers doivent être encore plus chaud que la braise. C'est pourquoi la dépêche de l'agence Xinhua doit faire autorité. Donc, même si vous avez assisté à l'incendie depuis le début, et même si vous en avez été à l'origine, votre article ne peut pas être véridique. Vos sourcils peuvent bien être en train de brûler, la nouvelle de l'incendie doit quand même être étouffée.
Le temps où quelques personnes avaient le monopole des médias est dépassé. Nous avons tous des téléphones portables, des appareils photo, des ordinateurs et nous pouvons nous connecter à Internet quand bon nous semble. Cela met l'agence Xinhua et le Département de contrôle des médias dans une situation difficile. Comment gérer un incident dans lequel le papier ne peut pas étouffer le feu ? J'ai de la peine pour eux.
Le pire, c'est que l'incendie a eu lieu dans une zone où sont installés des médias étrangers ainsi que des ambassades. Les journalistes étrangers n'ont eu qu'à installer une caméra dans leur bureau pour couvrir l'événement en direct. Même pas la peine de poser le pied dehors. Pendant ce temps, notre principale chaîne de télévision, dont les nouveaux locaux étaient en proie aux flammes, retransmettait des programmes sur la Fête de la Lanterne. Les autres chaînes d'information n'ont rapporté l'incendie qu'une heure après, à travers un dépêche déroulante en bas de l'écran. Ils n'ont pas ressenti le besoin de couvrir l'incendie alors que leurs sourcils étaient en train de cramer. Bravo. Heureusement, personne ne s'étaient encore installé dans l'immeuble et il n'y a pas eu beaucoup de blessés. Mais l'édifice a quand même coûté très cher, comment ont-ils pu négliger cette information ? Fallait-il attendre que le bâtiment principal, le “Grand Caleçon” (surnom de l'immeuble de la CCTV), prenne feu dans l'entrejambe pour qu'ils commencent à ressentir la douleur ?
在这次突发事件中,中国所有官方媒体都输给了民间媒体。
En ce qui concerne cet incident, les médias officiels se sont faits battre par le journalisme citoyen.
Voici, ci-dessous, quelques vidéos Youtube de l'incendie filmées par des citoyens
Pour plus d'informations sur l'incendie de la CCTV (en anglais) :
De toute façon la Chine a toujours joué avec le feu. A commencer par le génocide cambodgien, l’afrique en vue, … le Monde entier ?
Donc ce n’en est pas étonnant que une petite erreur devient une réalité monstrueuse!
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1 commentaire
De toute façon la Chine a toujours joué avec le feu. A commencer par le génocide cambodgien, l’afrique en vue, … le Monde entier ?
Donc ce n’en est pas étonnant que une petite erreur devient une réalité monstrueuse!