Santé/Monde : M. Obama révoque la politique du “Global Gag Rule”

Dès sa première semaine en fonction, le Président des Etats-Unis a révoqué les mesures politiques généralement connues sous le nom de “Global Gag Rule”(en anglais). Cette décision a été accueillie avec satisfaction par les mouvements des droits des femmes et des groupes impliqués dans la prévention et la santé, car elle va permettre à nouveau le financement des programmes internationaux de planification familiale.
Cette politique, connue aussi comme “les mesures de Mexico”, interdisait les financements gouvernementaux américains à des groupes et à des cliniques qui pratiquent ou promeuvent l’avortement ou luttent pour sa légalisation. M. Obama a révoqué ces mesures à la veille du 36ème anniversaire du jugement Roe contre Wade, qui a permis la légalisation de l’avortement aux Etats-Unis. Ces mesures avaient été introduites en 1984 et adoptées ou révoquées par les présidents successifs. Un billet sur le blog South-South explique (en anglais, comme tous les blogs cités):

“[Les dispositions politiques du “Global Gag Rule” [connues aussi comme les “Mesures politiques de Mexico” ou plus précisément la Loi sur l’assistance étrangère de 1961 (22 U.S.C. 2151b(f)(1))] interdisait le financement des activités de planning familial aux ONG qui utilisaient leurs propres fonds, dans leur monnaie et non en dollars, pour conseiller les femmes, faire référence à l'avortement, ou le pratiquer.  Elles interdisaient le financement même à des ONG qui avaient exprimé leur soutien aux lois encadrant les avortements sûrs et légaux. La politique de Gobal Gag Rule a été en vigueur de 1985 à 1993, jusqu’à ce que le Président Clinton l'annule. Le Président George W. Bush a rétabli cette politique en 2001, et elle est restée en vigueur jusqu’au vendredi 23 Janvier 2009.”

Des critiques se sont élevées contre la “Global Gag Rule” parce que ces mesures limitaient la participation des diasporas au débat sur l’avortement dans leurs pays mêmes. Selon le blog Texas in Africa, un autre problème que soulevait cette politique est qu'elle était trop vague.

La Global Gag Rule ne prend pas en considération les politiques d’un pays sur l’avortement. Mais elle bloque le financement de toute organisation qui reconnait le droit à l’avortement n'importe où dans le monde. Ce qui veut dire que si une ONG de planification familiale gère une clinique en Ouganda qui donne des conseils sur la planification familiale et qui pratique le dépistage prénatal, elle perdait la possibilité d’obtenir des financements lorsque la politique de Global Gag Rule était en vigueur, à cause de sa position dans ce débat aux Etats-Unis. Cela se vérifie alors même que l’avortement est illégal en Ouganda, à moins que la vie ou la santé de la mère ne soit en danger.  

Lorsque l’Administration du Président Bush a rétabli les mesures de Global Rule Gag en 2001, des cliniques ont perdu tout financement en Afrique. Dans de nombreux endroits, en particulier au Kenya et au Ghana, cela a signifié pour des dizaines de milliers de personnes la perte de tout accès aux soins médicaux. Tout simplement.”

A la lumière de cela, beaucoup de blogueurs louent cette décision de M. Obama et soulignent son impact potentiel sur la santé des femmes et la planification familiale dans le monde entier. Danie, Danie, Danie  pense que nous devrions remercier M. Obama, tandis que Arash Kardan écrit de son côté :

“Des femmes désespérément pauvres exposées à de graves risques de grossesse n’auront plus à mourir parce que leurs docteurs ne peuvent pas leur révéler les différentes autres options. Beaucoup auront un plus grand accès aux soins abortifs, et n’auront pas à mourir ou subir des lésions permanentes à cause des risques auxquels les exposaient la débrouillardise pour l’interruption volontaire de grossesse. Des femmes ne vont pas être enceintes parce que leur clinique de contrôle des naissances doit choisir entre renoncer au financement ou fournir des soins malhonnêtes et de qualité inférieure, ou a du fermer…. Voilà ce que veut dire le changement. Des milliers de femmes vont avoir la vie sauve. Après 8 ans de cette politique meurtrière, il était temps que ça change.”  
 Toutefois, de nombreux groupes qui luttent contre l'avortement ont condamné cette décision, soutenant, par exemple, que l'argent des contribuables américains ne devrait pas être dépensé pour soutenir l'avortement et que cela va encourager les avortements dans le monde entier. Le Vatican a condamné la décision de M. Obama, et cette action a soulevé des craintes dans les pays concernés par ce financement. Le blog philippin Mike in Manila commente les réactions aux Philippines en ces termes:

“Il y a des craintes que maintenant des fonds américains vont être débloqués ici en Asie aussi pour financer des programme visant une légalisation générale de l'avortement. Certains groupes ont fait pression pour que l'aide des Etats-Unis soit liée à la légalisation de l'avortement dans les pays en développement.
Cette décision préoccupe fortement les membres de la CBCP [Catholic Bishops’ Conference of the Philippines], la Conférence des Evêques catholiques des Philippines, qui ont lancé un appel aux Américains-Philippins de toutes les confessions pour protester contre ce changement de politique et pour qu'ils mènent une campagne, par l'envoi de courriels et par téléphone, auprès des membres élus de la Chambre des représentants et du Sénat américains. Il est demandé aux catholiques du monde entier de s'assurer que les “partisans de la mort et de l'avortement” de l'extrême gauche américaine n'imposent pas des politiques en faveur de la légalisation de l'avortement au reste du monde.”  
 Nicholas, dans un message paru sur le blog Staying Left, Living and Driving in South Africa (Rester à gauche, Vivre et Conduire en Afrique du Sud), remarque que le choix d'un avortement n'est pas toujours évident dans les pays qui ont besoin de ce financement :

“Quand on parle d'avortement, spécialement dans les pays en développement, les arguments sont très sensibles. Dans certaines parties du KwaZulu Natal, en Afrique du Sud, jusqu'à 50 pour cent des femmes enceintes sont séropositives. Si mon travail était couronné de succès, nous aurions pu compter les cas de transmission du virus du VIH de la mère à l'enfant sur les doigts, au lieu d'une proportion atteignant plus de 30 pour cent dans la majeure partie du pays. Mais cela suppose que nous aurions accompli un parcours sans faute. Considérant la fragilité du système de santé, la probabilité du virus du VIH de passer à l'enfant est très élevée, et si c'était moi la femme enceinte, ce n'est pas un jeu de roulette russe auquel je voudrais jouer.”  

Photo de The Abortion Debate par Better In the Basement sur Flickr.

 

 

 

 

 

 

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