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Arabie saoudite : Une femme entre au gouvernement, le monde réagit

Catégories: Amérique du Nord, Arabie Saoudite, Etats-Unis, Malaisie, Dernière Heure, Education, Femmes et genre, Gouvernance, Médias citoyens

Alors que des millions de femmes à travers le monde ont fêté la Saint-Valentin en recevant des cadeaux de leurs proches, pour une femme, dans un pays qui a interdit cette fête et la qualifie de «péché», le 14 février 2009 restera un jour inoubliable.

Et voici Noura Al Fayez, enseignante hors du commun, produit du système éducatif américain, qui est devenue samedi dernier la première femme vice-ministre au royaume d'Arabie saoudite.

Les blogueurs tout autour du globe ont été en effervescence sitôt rendue publique sa nomination, avec de milliers de «Twitterers» microbloguant au sujet de la nouvelle ministre à peine quelques minutes après l'annonce des télévisions, y compris Channel One, la Première Chaîne publique saoudienne.

La Britannique @lizaquincy a écrit [1] :

Super nouvelle, l'Arabie saoudite a sa première femme ministre. Je ne peux pourtant pas m'empêcher de me demander si elle sera harcelée par ses pairs.

Elle a ajouté dans un tweet [2] ultérieur :

«Pour sûr c'est un pas de géant pour les femmes en Arabie Saoudite, mais en fait – comment cela peut-il marcher alors que souvent les droits des femmes n'y sont pas respectés ?»

L'Américain @jeffwarrens a répondu au «tweet» de Liza [3] :

Je pense qu'il y aura quelqu'un pour la piéger, pour qu'on puisse dire «vous voyez bien, les femmes sont incapables.”

Un autre utilisateur américain de Twitter, @jacob1207 a simplement dit :

est content qu'une femme ait été nommée au Conseil des Ministres saoudiens. A présent, si seulement les femmes pouvaient conduire au Royaume du Désert.

Samedi, le roi Abdullah a aussi limogé le chef de la police religieuse et un clerc, qui considéraient comme acceptable la mise à mort des propriétaires de chaînes de télévision diffusant des programmes «immoraux».

Ce que l'on a très largement annoncé comme «LE remaniement», le premier effectué par le roi depuis son accession au trône en août 2005, inclut la nomination de Mme Al Fayez au poste de vice-ministre pour l'enseignement des filles – de loin le poste gouvernemental le plus élevé jamais obtenu par une Saoudienne.

Mais, alors que la nouvelle que le royaume avait sa première femme ayant jamais été ministre continuait à faire son chemin dans les esprits, les blogueurs dans le monde sont prompts à exprimer leurs inquiétudes pour Mme Al Fayez.

Ils se demandent déjà si elle aura ou non une influence dans un pays où les femmes sont toujours confrontées à de graves discriminations dans de nombreux aspects de leur vie – y compris l'enseignement, l'emploi et le système judiciaire.

Eman Al Nafjan, la femme qui dirige le Saudi Woman's Weblog [4], se félicite de la nomination de Mme Al Fayed, qu'elle qualifie de bond en avant pour son pays (tous les liens sont en anglais).

Aujourd'hui est vraiment un jour de bonheur. L'Arabie saoudite a fait un bond vers le progrès. Le roi Abdullah a surpris tout le monde hier avec des remaniements majeurs du système éducatif et judiciaire. Et la surprise la plus extraordinaire de toutes, c'était qu'une femme soit désignée à la tête de l'enseignement pour les filles. C'était un poste qui avait toujours échu au muttawa le plus conservateur et à la plus longue barbe, et y voir à présent une femme, c'est FANTASTIQUE, sans compter que la femme qui a été choisie est une musulmane modérée, éduquée et hautement qualifiée. Elle a une expérience approfondie de l'enseignement des filles. Je ne crois pas qu'on aurait pu trouver quelqu'un de plus qualifié.

Eman, elle-même enseignante à Riyad, a aussi remarqué que la photo de Mme Al Fayed publiée dans un journal local la montre à visage découvert.

A présent il y a toutes ces rumeurs selon lesquelles elle ne serait évidemment pas aussi progressiste si elle n'était pas non-tribale, probablement originaire de Jordanie ou de Palestine, et qu'elle est sûrement divorcée parce qu'aucun «vrai» Saoudien ayant son bon sens ne permettrait à sa femme de paraître en public à visage découvert. Je suis très fière de pouvoir dire qu'en réalité elle appartient à l'une des plus importantes tribus d'Arabie saoudite, les Bani Tamim de la branche Al Nawaiser et elle est originaire d'Al Washim dans le Najd. Son mari la soutient largement et il est fier d'elle.

La blogueuse Rasha [5], elle aussi saoudienne, a exprimé sur MidEastYouth.com son espoir que ceci soit un tournant pour son pays.

Le roi Abdullah d'Arabie saoudite a a surpris le pays avec un remaniement qui est considéré comme le plus grand changement intervenu dans le pays depuis 20 ans.

Noura Al-Fayez, une fonctionnaire de l'Institut saoudien d'administration publique, a été promue au nouveau poste de vice-ministre de l'enseignement féminin ; la première fois qu'une femme est nommée vice-ministre dans l'histoire de ce pays. La nomination de Mme Al-Fayez est apparue comme la réponse du roi à la pression croissante des groupes de défense des droits des femmes contre la discrimination.

D'autres changements ont été apportés dans de nombreux ministères, et on peut espérer que ceci sera un tournant pour le pays. Néanmoins, les changements réels ne se font pas du jour au lendemain. Mais je suis convaincue que c'est un pas dans la bonne direction, et j'espère voir de mon vivant les fruits de tous ces changements positifs…

Reme Ahmad, dont le blog OpEd a laissé provisoirement de côté la politique malaisienne pour écrire sur Mme Al Fayez, livre un billet intitulé «L'Arabie saoudite nomme sa première femme ministre” [6].

D'accord, elle est donc VICE-ministre. Ouais. C'est mieux que rien. Je me demande si les Saoudiens autoriseront bientôt les femmes à conduire…

Quant aux femmes ministres, dans d'autres pays musulmans, je suis heureux de dire que c'est un non-événement. Nous avons eu deux Bégums batailleuses au Bangladesh, toutes deux ont été Premier ministre. L'une d'elles est de retour à la tête du gouvernement, après avoir repoussé l'autre. Au Pakistan, Benazir (Bhutto) est toujours au sommet de la célébrité malgré sa disparition l'année dernière. En Asie du Sud-Est, nous avons depuis longtemps des ministres-en-bujakurongs (pour changer des bananes-en-pyjamas) en Indonésie et en Malaisie.

Quand même hip hip hip hourrah pour l'Arabie saoudite, le pays gardien des deux mosquées saintes.

L'Américain Merv Benson [7], auteur de Prairie Pundit, pense que le remaniement était nécessaire.

(Le cheikh Ibrahim al-Gaith, ancien chef de la Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice) et ses voyous étaient une source continue d'embarras pour les Saoudiens. Ils ont arrêté une femme d'affaires parce qu'elle prenait un café dans un Starbuck's avec un associé de son entreprise. Dans une autre affaire, ils ont arrêté un immigrant qui venait en aide à une voisine qui avait un malaise.

Leur action peut-être la plus atroce a abouti à la mort de jeunes filles d'une école qui n'ont pas été autorisées à échapper à l'incendie de leur dortoir parce qu'elles n'avaient pas d'accompagnateurs ou de tenues «convenables».

Voilà qui semble une mesure sage du roi saoudien.

The Cylinder [8] a noté que le remaniement du roi Abdullah a consisté en de «tout petits pas de bébé».

L'Arabie saoudite a nommé la première femme ministre dans un remaniement ministériel qui a aussi vu le renvoi de quatre ministres et des chefs de la puissante police religieuse et des autorités judiciaires. Le roi Abdullah Bin Abdul Aziz a nommé Noura Al Faiz vice-ministre pour l'enseignement féminin, une mesure considérée comme une étape importante en Arabie saoudite.

Vraiment de tout petits pas de bébé… il reste tant de chemin à faire !

Sabbha999 [9] a écrit sur Religion Compass que le monde aura vraiment à l'oeil les droits des femmes, après la nomination de Mme Al Fayez.

Alors que la police religieuse s'activait à emprisonner les commerçants qui vendaient des cadeaux de Saint-Valentin, le roi Abdullah a renvoyé le chef de la police religieuse le jour même de cette fête interdite.

Des changements dans l'enseignement sont aussi attendus, avec la nomination de Mme Al Fayez, la première femme jamais en fonction dans le cabinet saoudien, comme vice-ministre pour l'éducation des filles. Tout cela devrait secouer l'establishment religieux.

C'est un fait bien connu qu'il est illégal de célébrer la Saint-Valentin en Arabie saoudite. Chaque année, la police religieuse patrouille pour s'assurer que personne ne marque cette journée interdite. Les policiers contrôlent au hasard les magasins à la recherche de cadeaux et d'autres objets de couleur rouge ou rappelant cette fête, et les font retirer des rayons. Chaque année, un certain nombre de vendeurs passent quelques jours derrière les barreaux pour avoir enfreint cette loi.

La Saint-Valentin, interdite parce qu'elle célèbre à l'origine un martyr chrétien du IIIe siècle, est aussi visée parce que des hommes et des femmes non mariés ne peuvent pas se trouver seuls ensemble.