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Bahreïn : Les joies et les tribulations des études à l’étranger

Catégories: Amérique du Nord, Bahreïn, Etats-Unis, Inde, Japon, Education, Médias citoyens, Voyages

Ce texte, publié en novembre 2008 sur Global Voices en anglais a été traduit par Ambre Jolibois, élève de la classe préparatoire ECS3 du Lycée Ozenne de Toulouse, sous la supervision de Audrey Lambert [1], dans le cadre du projet pédagogique “Initiation à la traduction d'actualités”.

Bien que Bahreïn possède un certain nombre d’universités, à la fois publiques et privées, beaucoup de Bahreïnis ont l’opportunité d’aller à l’étranger pour continuer leurs études de 2e et 3e cycles, souvent grâce à des bourses d’études. L’un des premiers problèmes auxquels ils sont confrontés est que peu de personnes savent où se trouve Bahreïn. Dans cette revue de blogs, nous lirons le témoignage de trois blogueurs qui viennent tout juste de partir à l’étranger pour leurs études supérieures : Japon, Angleterre et États-Unis, ainsi qu’un quatrième blogueur, qui étudie lui en Inde depuis quelque temps.

La blogueuse Cradle of Humanity vient tout juste d’arriver à Cleveland, dans l’Ohio, pour étudier et elle est un peu irritée [2] [en anglais] :

« Parfois, j’appréhende quand des gens me demandent d’où je viens. Lorsque je leur donne ma réponse, pas plus de 10% ont une quelconque idée de l’endroit où pourrait bien se trouver ce pays, mais cela ne me tracasse pas. Pour ceux qui savent que Bahreïn est effectivement dans le Golfe Persique, un seul mot leur vient à l’esprit – richesse. Certains posent la question, mais ce sont ceux qui font des suppositions qui m’agacent le plus. Ces deux derniers mois, je me suis fait beaucoup d’amis, surtout des Indiens, étant donné la composition du corps étudiant de mon cursus. Malgré le fait que la plupart d’entre eux fasse effectivement partie de l’élite indienne, celle des propriétaires de chaînes commerciales, eux-mêmes riches– ils aiment faire remarquer que je dois être riche. Quand il m’est arrivé de le leur dire, il a semblé que certains imaginaient que nous étions inutilement riches, c’est-à-dire que nous ne le méritions pas ; tandis que leur richesse à eux découlait d’un travail acharné. Ah oui, ils confondent aussi Dubaï et Bahreïn.

- Les transports publics ne sont pas très bien organisés ici, mais acheter une voiture revient très cher. J’en aurais bien pris une.

- Neuve ou d’occasion ?

- D’occasion, je suis là seulement pour quelque temps.

- Achètes-en une, ce sera mieux.

- Elle sera plus chère.

- Mais tu viens de Bahreïn, tu peux t’acheter une voiture !

- Tu veux dire que tu n’es pas riche ?

- En fait non.

- Tout le monde est riche à Dubaï.

- Je n’en sais rien, mais en tout cas tout le monde n’est pas riche à Bahreïn. »

Yagoob, qui vient juste d’arriver à Nagoya, doit faire face à un problème encore plus essentiel – la langue [3] [en anglais]:

« Pour être honnête, j’ai été très frappé par le choc des cultures. Quasiment aucune des personnes que j’ai rencontrées jusqu’à maintenant n’a la moindre connaissance de la langue anglaise. Je me sens comme un homme des cavernes du 21e siècle qui essaie de communiquer de la manière la plus primitive qui soit, en agitant les mains et en parlant anglais lentement et fort. […] Ma chambre universitaire est assez japonaise, extrêmement petite et tout est aux normes anti-sismiques donc c’est un peu comme vivre dans une boîte de sardines. Beaucoup de choses qui se trouvent dans la pièce semblent être couvertes d’instructions, mais tout est en Japonais, donc je n’ai pas la moindre idée de leur fonctionnement ! […] Le métro fait penser à celui de Londres sauf que celui-ci est bien plus propre et qu’une personne comme moi sort du lot (comme si un grand et gros Arabe en sueur et poilu ne sortait pas du lot ailleurs). […] Il semble que les habitants de Nagoya n’aient jamais rencontré de Bahreïnis auparavant, du moins c’est ce que les gens dans ma résidence universitaire disent, bien que je sois surpris qu’ils sachent où cela se situe ( peut-être grâce aux nombreux matches très disputées sur les terrains de football ces dernières années) et quand j’ai discuté avec l’un de mes voisins chinois, ‘Andy ’, il m’a dit “Aah, tu viens de l’Asie de l’ouest”, je suppose que je suis… spécial quand je suis en Extrême-Orient. »

MuJtAbA AlMoAmEn étudie en Inde et nous explique pourquoi il aime cela [4] [en arabe] :

ربما يكون البعد عن الوطن له سلبياته ، لكنه بلا أدنى شك فله إيجابياته .
تحدثت مراراً عن إيجابيات الاغتراب وسلبياته ، ولست في وارد إعادة تكرار ما كتبت ، لكنني اليوم أكتب بشكل مغاير ، فأريد الكتابة عن التأمل ، عن الهدوء ، وعن القدرة على الإطلاع ، وعن وقت الفراغ الذي أستطيع استثماره .
في البحرين ، بين أهلي وأصحابي ، لا أملك الكثير من الوقت لقراءة الصحف المحلية والعربية والعالمية ، ولا أملك الكثير من الوقت لقراءة الكتب أكانت سيرة ذاتية أم فكرية أم رواية … الخ .
هنا وفي الهند ، حالات التأمل كثيرة ، أشعر غالباً بصفاء ليس له مثيل على مستوى الذهن ، أستطيع التفكير كثيراً، أجد الحلول غالباً لأية مشاكل أو عراقيل تواجهني ، بل الأحلى من ذلك إنني أجد أكثر من طريقة للحل ، فلا أعتمد حلاً واحداً ، بل أستعرض الخيارات التي لدي ، وهذا إن دل على شيء فإنه يدل على حالة الصفاء العقلي والروحي الذي أعيشه .

« Peut-être qu’être loin de chez soi a des aspects négatifs, mais il ne fait aucun doute que cela comporte aussi des aspects positifs. J’ai déjà examiné les avantages et inconvénients d’être loin de chez soi ; je n’ai pas l’intention de me répéter, et j’écrirai autre chose aujourd’hui. Je veux écrire sur la réflexion, le calme, la possibilité de lire, et le temps libre dont je peux me servir utilement.

A Bahreïn, entre la famille et les amis, je n’ai pas beaucoup de temps pour lire les journaux, qu’ils soient locaux, arabes ou internationaux. Je n’ai pas non plus le temps de lire des livres tels que des biographies, des romans, ou ceux sur des sujets intellectuels.

Ici en Inde, il y a beaucoup de temps pour la réflexion. J’ai l’esprit serein et je peux beaucoup réfléchir – je trouve des solutions à tous les problèmes ou obstacles auxquels je suis confronté, et ce qui est encore plus agréable, c’est que je trouve plus d’une solution. Je ne dépends pas que d’une seule, et j’évalue mes options, et si cela fait ses preuves, cela témoigne du calme mental et spirituel dans lequel je vis. »

Bride Zone vient juste d’arriver au Royaume-Uni pour étudier, et son pays lui manque [5] [en arabe] :

…لا أستطيع أن أنكر كم هو صعب الشعور بالاغتراب والابتعاد عن الأرض..
الأرض هي الأرض.. ذلك الكوكب الثالث في المجموعة الشمسية درسناه جميعاً وعلمنا تعريفه علمياً.. ولكن في الواقع أرضنا تلك ليست هي ذاتها عندما تنتقل من مكان إلى آخر.. تلك الأرض التي عشت بين ظهرانيها سنين حياتي كلها بحلوها ومرها.. تلك التي تحمل أهلي وأصحابي أغلى عندي من كل أراضي العالم.. على الرغم من جمال الأرض التي أعيش عليها الآن إلا أنها لا تساوي عندي ذرة من تراب أرضي الغالية..
هنا في بريطانيا الجو جميل.. رأيت فصل الخريف كما لم أره في حياتي قط.. كنا في المدرسة نتعلم أنه في فصل الخريف تتساقط أوراق الأشجار ولكنني لم أر لك بعيني في أرض الواقع سوى هنا.. وبينما نعاني من قلة الأمطار في بلدي فإن المطر هنا يتساقط بين الفينة والآخرى يجعلني أحس بالحياة.. الحياة التي تهبها تلك الأمطار للأرض لتغدو روضة غناء كما هي الآن..
هل أهذي أنا أم أهلوس؟لا أجد رابطاً بين ما كتبته في صفحاتي غير أنها كلمات تزاحمت في عقلي وترجمتها في مساحتي الصغيرة ونافذتي التي أطل بها على العالم.. عذراً أحبتي.. فليس هناك لدي أمر آخر لأتحدث عنه اليوم سوى شوقي وحنيني للأرض والوطن..

« Je ne peux pas nier qu’il est difficile d’être loin de chez soi. La Terre c’est la Terre, la troisième planète du système solaire. Nous avons tous étudié ça et le savons scientifiquement. Mais la vérité c’est que notre Terre n’est pas la même lorsque l’on va d’un endroit à un autre. Cette terre où j’ai vécu toute ma vie, avec ce qu’elle a de bon et de mauvais, et où se trouvent ma famille et mes amis, est plus chère à mon cœur que toutes les autres terres de la planète. Malgré la beauté de l’endroit dans lequel je vis maintenant – il ne vaut pas un grain de sable de mon pays bien-aimé.

Ici, au Royaume-Uni, le temps est très agréable. J’ai vu un automne comme je n’en n’avais jamais vu auparavant. A l’école, on apprenait que l’automne était la saison à laquelle les feuilles tombaient des arbres mais je n’avais jamais vu ça de mes propres yeux à part ici. Et alors que mon pays souffre du manque d’eau, ici, il pleut régulièrement, et cela me rend avide de vie, une vie rajeunie par les pluies, qui en fait l’oasis que c’est ici.

Est-ce que je suis en train d’halluciner ? Je ne vois aucune cohérence dans ce que j’ai écrit sur ces pages sinon que ce sont des mots qui se sont accumulés dans mon esprit et que j’ai traduits dans ce petit espace et cette fenêtre [ce blog]  depuis laquelle je vois le monde. S’il vous plaît pardonnez-moi, chers amis. Mais il n’y a rien aujourd’hui dont je veuille parler, excepté de mon amour et de ma nostalgie pour ma terre et ma nation.