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Philippines : Meurtre de la fille d'un dirigeant communiste

Catégories: Asie de l'Est, Philippines, Droits humains, Guerre/Conflit, Jeunesse, Médias citoyens, Politique

Dans la nuit du 5 mars 2009, deux hommes armés ont enlevé Rebelyn Pitao, 20 ans, enseignante à Davao, une ville du sud des Philippines. Le jour suivant, son corps a été retrouvé dans une cité voisine. Il portait des blessures profondes dues à un pic à glace, des traces de torture et probablement de viol.

Rebelyn aurait fêté ses 21 ans le 20 mars. Si Rebelyn était la fille de Lenicio Pitao, un des chefs communistes rebelles de la Nouvelle armée du peuple, sa mère a affirmé que la jeune femme n'était pas impliquée dans les activités de son père.

La présidente Gloria Macapagal-Arroyo, sur laquelle continue de peser des accusations de violations des droits de l'Homme [1] [en anglais] dans sa guerre contre les rebelles, a démenti [2][en anglais] toute implication de l'armée dans l'enlèvement et le meurtre de Rebelyn.

Beaucoup de personnes ont été scandalisées par ce crime abominable, qui a suscité de nombreuses réactions dans la blogosphère philippine. Parmi elle, on compte un poème en filipino et anglais [3]écrit par E. San Juan Junior [4][en anglais], un intellectuel et critique culturel philippin connu.

Rebelyn aurait pu faire beaucoup pour la communauté en tant qu'enseignante si elle n'était pas morte ainsi prématurément, écrit [5] [en anglais] Norma Dollaga. L'auteur du blog Marry Anne's Musings exprime [6][en anglais] sa sympathie pour la victime et ses proches.

I don't know Rebelyn Pitao personally but I was moved when I learned what has happened to her, when they found her body in a creek clad only with underwear, bore several stabs wounds. And her hands were tied and her mouth was bound with masking tape, fueling speculations she was tortured and sexually assaulted. I as a mother will do her best to protect her children, to do not let them be harm in this cruel world, to get hurt triple times when my daughters are in pain. My deepest sympathy to the Mom of Rebelyn and condolences to the family.

Je ne connais pas Rebelyn Pitao personnellement mais j'ai été touchée d'apprendre ce qui lui était arrivé, lorsqu'ils ont trouvé  dans un ruisseau son corps, en sous-vêtements, portant plusieurs blessures par lame. Ses mains étaient liées et sa bouche fermée par du ruban adhésif, alimentant les spéculations de torture et d'agression sexuelle. En tant que mère, je ferai de mon mieux pour protéger mes enfants, leur éviter d'être blessés dans ce monde cruel, tout en ayant trois fois plus mal quand mes filles souffrent. Ma plus profonde sympathie à la maman de Rebelyn et mes condoléances à sa famille.

L'auteur du blog That Word in Me est en colère [7] [en anglais] contre le mépris persistant pour la valeur et le caractère sacré de la vie humaine.

Never mind that she was the daughter of a rebel; a rebel who the government has failed time and again to capture; who has had a string of battlefield victories under his Command against the military and the government.

What infuriates me, what really, really infuriates me is the fact that something so heinous and monstrous was done to an innocent person. Was it her fault that she was her father’s daughter ? Was it her fault that her father has eluded capture all these years ? What has she got to do with all these ?

Peu importe le fait qu'elle était la fille d'un chef des rebelles ; un chef que le gouvernement a maintes fois tenté de capturer, en vain. Un homme responsable de nombreuses victoires sur le terrain des combats contre les militaires et le gouvernement.Ce qui me rend furieuse, ce qui me rend vraiment, vraiment furieuse, c'est le fait qu'une innocente ait été victime d'un acte aussi ignoble et monstrueux. Était-ce de sa faute si elle était la fille de son père ? Était-ce de sa faute si celui-ci a évité de se faire prendre pendant toutes ces années ? Qu'a-t-elle à voir avec tout ça ?

Ce meurtre terrifiant témoigne du triste état des droits de l'Homme dans ce pays écrit [8] [en anglais] le journaliste  Ding Gagelonia.

We are supposed to be living in a democracy with the Bill of Rights a cornerstone of the Republic.

But what has just happened to 20-year-old Rebelyn Pitao tells us otherwise.

Nous sommes censés vivre dans une démocratie ayant pris la Charte des Droits de l'homme comme pierre angulaire de la République.

Mais ce qui vient d'arriver à Rebelyn, 20 ans, nous dit tout autre chose.

Qui a tué Rebelyn s'interroge [9] par ailleurs Gagelonia ? De nombreuses personnes, comme l'auteur du blog Musings of a Random Mind [10][en anglais], attribuent l'enlèvement et le meurtre à l'armée.

If it’s not the elements in the military, then who would have the capacity and motivation to kidnap and murder a young woman whose only “crime” was being the daughter of a rebel leader? human rights watch reported last year that the number of extra-judicial killings in the philippines have increased significantly after president gloria arroyo declared an “all-out war” against the new people’s army in 2006.

President gloria arroyo has ordered a probe into the killing so that the murderers can be punished. judging from the results of previous investigations of this nature, however, nothing much can be expected from an administration perceived to be the most corrupt in philippine history.

Si ce ne sont pas des membres de l'armée, alors, qui serait capable et assez motivé pour enlever et tuer une jeune femme dont le seul crime était d'être la fille d'un chef rebelle ? L'association Human Rights Watch a signalé l'an dernier que le nombre d'exécutions a augmenté de façon significative depuis que la présidente Gloria Arroyo a déclaré une “guerre totale” à la Nouvelle armée du peuple en 2006.

La présidente Gloria Arroyo a ordonné une enquête sur le meurtre afin que les coupables puissent être punis. A en juger par les conclusions d'investigations de ce type menées précédemment, il ne faut néanmoins pas attendre grand-chose d'une administration, perçue comme étant la plus corrompue de l'histoire des Philippines.

Le Père Amado Picaradal, prêtre et activiste pour la paix, se plaint [11][en anglais] de la persistance de la “culture de la mort” dans le pays.

Over 25 years ago, the killing of suspected subversives and criminals were a common occurence. I was hoping that it would be a thing in the past with the fall of the Marcos dictatorial rule. Today it continues in Davao. There is a death squad that assassinates suspected criminals and there is also another group abducts and kills not only suspected rebels but also their relatives. This is another manifestation of the culture of death and the spiral of violence in our land.

Il y a plus de 25 ans, l'élimination d'individus supposés subversifs et de criminels était monnaie courante. J'espérais qu'avec la chute de la dictature de Marcos, tout cela appartiendrait au passé. Aujourd'hui, ça continue à Davao. Il y a un escadron de la mort qui assassine ceux suspectés d'être des criminels et il y a un autre groupe qui enlève et tue non seulement les supposés rebelles mais aussi leurs proches. C'est un nouvel exemple de la culture de la mort et de la spirale de la violence dans notre pays.