Népal : Pléthore de manifestations

 
La nation himalayenne ne connaît pas le répit, semble-t-il. La liste des malheurs du Népal s'allonge de jour en jour. Après la querelle autour du sanctuaire de Pashupatinath, l'effort de recrutement de l'armée népalaise et l'absence d'intérêt des dirigeants pour l'élaboration d'une nouvelle constitution, le pays est touché à présent par une vague de manifestations violentes. Sans compter les coupures d'électricité journalières de 16 heures.

La semaine dernière, les réfugiés tibétains au Népal ont organisé une manifestation contre le gouvernement chinois pour le 50ème anniversaire du sooulèvement du Tibet. Trois étrangers, un Néerlandais, un Britannique et un Norvégien, ont été interpellés pendant la manifestation. Bien que le Népal soutienne depuis longtemps la politique d'une seule Chine, les fréquentes manifestations des réfugiés et le spectacle des échauffourées avec les manifestants montré dans les médias internationaux ont terni l'image du pays.

Manifestation de réfugiés tibétains devant lambassade de Chine le 12 octobre 2008. Photo Mafate 69 sous licence creative commons

Manifestation de réfugiés tibétains devant l'ambassade de Chine le 12 octobre 2008.

Photo Mafate 69 sous licence creative commons

Red Room met en ligne [anglais] l'interview d'un réfugié tibétain réalisée par Andrew Q Lam.Cet entretien donne le point de vue des réfugiés sur leur vie au Népal et leurs sentiments sur le Tibet, qui rompt avec l'habituelle guerre des mots entre la Chine et ceux qui sont favorables à la cause tibétaine.

«En 1961, quand j'avais huit ans, nous avons fui au Népal quand les Chinois nous ont chassés de nos maisons. Ils voulaient nous faire étudier pour devenir de bons communistes et ont arrêté tous nos lamas, alors nous ne pouvions pas rester.

Avec nos familles, nous étions 14, et pendant les trois premières années, nous avons vécu comme des animaux – nous étions complètement dépendants des organisations humanitaires internationales pour nous nourrir. Mais ensuite mes soeurs et moi avons appris à tisser des tapis, et nous avons commencé à subvenir à nos besoins et à ceux de notre famille.

Au Népal nous n'avons pas de citoyenneté. Au bout de presque 40 ans, nous ne pouvons toujours pas posséder de terre. Nous pouvons seulement louer ou vivre dans un camp tibétain.

A présent j'ai mon magasin d'antiquités ici, mais il est impossible d'en être propriétaire.»

Les Tharus, une minorité ethnique groupée dans les plaines méridionales du Népal sont eux aussi descendus dans la rue depuis deux semaines pour exiger de ne pas être classés comme groupe Madhesi dominant et devenir prioritaires pour les emplois dans la fonction publique.

Voice of Tharus a publié une tribune en népalais de Kishore Nepal sur l'agitation des Tharu, disant :

Dans cette période de changements, nous ne pouvons survivre comme nation que si nous arrivons à inclure des opinions et idées différentes dans l'identité népalaise commune. Nous n'avons pas besoin pour cela d'une base culturelle commune, mais il nous faut travailler à établir une région autonome où les Tharus et les Madhesis, ainsi que d'autres groupes ethniques puissent vivre dans l'unité et la diversité.

Comme les Tharus, les Musulmans [anglais] sont aussi un groupe minoritaire au Népal. La semaine dernière, ils sont eux aussi descendus dans la rue pour réclamer un statut de groupe ethnique particulier et une priorité pour les emplois publics :

La communauté de la minorité musulmane du Népal a menacé aujourd'hui de lancer une grève générale dans la capitale si le gouvernement dirigé par les Maoïstes refuse de les reconnaître comme groupe ethnique particulier dans les plaines du Terai.

La menace des Musulmans va accroître l'agitation ethnique dans le pays en faveur de droits politiques et économiques plus grands. La communauté a annoncé qu'elle protesterait la semaine prochaine contre la catégorisation établie par le gouvernement dans la nouvelle constitution, qui les inclut dans la liste de la communauté Madhesi vivant dans les plaines du Terai à la frontière avec l'Inde.

Aux dernières nouvelles en provenance du Népal, les discussions entre la direction musulmane et le gouvernement ont pris fin, selon le quotidien népalais Kantipur. Le dialogue est qualifié de positif, le gouvernement s'est engagé à répondre à leurs demandes, mais les détails restent encore à mettre au point. Mais en ce moment rien n'est simple au Népal. Dans un tournant bizarre au moment où les pourparlers s'achevaient, un groupe de Musulmans a déclaré que l'équipe menée par le Comité unifié de lutte nationale musulmane n'était pas représentive de la communauté, et a exigé que le gouvernement traite en premier leurs demandes (soumises le 25 février).

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