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Iran : Internet, vu à travers les filtres des censeurs

Catégories: Iran, Droits humains, Gouvernance, Liberté d'expression, Médias citoyens, Technologie

L'Iran a une communauté de blogueurs très dynamique d'environ 60 000 blogs en activité, sur approximativement 20 millions de personnes connectées à Internet [1] [en anglais, comme tous les liens suivants]  Tout aussi dynamique est le filtrage d'Internet par le gouvernement des contenus accessibles en ligne.

Au-delà des sites pornographiques, les autorités iraniennes ciblent beaucoup de sites et blogs politiques ou consacrés aux questions de société, privant ainsi les internautes de la possibilité de pouvoir exprimer leurs opinions et d'être informés. Le gouvernement iranien n'a pas de règles très claires, et modifie souvent ses politiques de filtrage, “tuant” ou “ressuscitant” des sites ou blogs selon son bon vouloir.

Iranian internet users are met with this image if they attempt to access content that is filtered

Les internautes iranien voient cette page s'ils tentent de se connecter à des contenus “filtrés”

Dans ce billet, nous examinons plusieurs aspect du filtrage et tenterons de clarifier certaines fausses idées très répandues.

Des chiffres astronomiques :

Les autorités iraniennes avaient déclaré en 2006 avoir filtré [2] 10 millions de sites et de blogs et que 90 pour cent de ceux ci contenaient des contenus “contraires à la morale”. Voici quelques mois, selon un autre rapport, 5 millions de sites et de blogs sont bloqués en Iran. Un magistrat a également annoncé [3] à la fin de l'année dernière qu'un budget supplémentaire de 5 millions de dollars (US) sera investi dans un nouveau “système de filtrage”. Devant ces chiffres astronomiques et contradictoires, Bruce Etling, du projet ‘Internet and Democracy Project’ au Centre Berkman de l'université de Harvard n'était donc peut-être pas trop optimiste  en  écrivant [4] que les déclarations du gouvernement iranien étaient exagérées. Selon sa propre étude [5], seule une fraction de la blogosphère iranienne est censurée.

Les sites filtrés en priorité :

Le changement de politique iranienne envers Facebook et YouTube illustre encore une fois la nature mouvante de sa politique de censure. Les raisons de ce changement n'ont pas été rendues publiques et les Iraniens s'interrogent.  Certains pensent que le gouvernement est devenu ‘plus doux et plus ouvert’ à cause de l'élection présidentielle qui se profile, cet été. D'autres sont plus pessimistes, et pensent que les agents de sécurité veulent espionner les profils de ces réseaux sociaux pour savoir “qui est qui” sur Internet.

Et les sites étrangers ?

Les Iraniens ont accès à la plupart des sites d'informations internationaux tels que le  New York Times ou les sites d'informations israéliens. Cela peut surprendre, mais des sites publiant des positions anti-Bush et contre la guerre en Irak, tels que le  Huffington Post [11] ou Informed Comment [12] ont été très longtemps interdits, alors que leur ligne éditoriale prône le rétablissement des relations entre le gouvernement américain et  l'Iran.

Les sites islamistes sont-ils censurés aussi ?

La réponse est oui.Fatemeh Rajabi est l'épouse du porte-parole du gouvernement iranien et une partisane virulente du Président  Mahmoud Ahmadinejad. Pourtant, son blog-site a été “filtré” [13]. Elle avait pour habitude d'y insulter d'autres hommes politiques importants. Les sites qui sont favorables à l'ancien Président Mohammad Khatami,  comme Yari News, sont filtrés [14]également.

Qui décide  ?

Le comité officiel de la censure est composé de membres du Ministère de la culture et des directives sur l'islam, des services secrets, de la télévision et radio nationales. Leurs ordres sont exécutés par le Ministère iranien des télécommunications. On murmure que la police souhaiterait avoir un représentant au sein de ce comité aussi.

Témoignages :