Songkran, les fêtes du nouvel an thaï, célébrées du 13 au 15 avril, sont d'ordinaire une occasion festive en Thaïlande. Songkran, cette année, est appelé “Songkran noir”, depuis les violentes confrontations entre l'armée et les manifestants opposés au gouvernement actuel. Deux manifestants ont été tués, et plus d'une centaine blessés durant les affrontements dans les rues de Bangkok.
Richard Barrow écrit [en anglais, comme tous les blogs cités] :
Il s'agit vraiment d'une journée noire pour les Thailandais. Littéralement : avec la fumée noire qui monte des pneus qui brûlent, on dirait que la ville est en flamme. Ce devait être aujourd'hui un jour de fête, le début de la nouvelle année thaïlandaise.
Qui a commencé ? A voir les vidéos et les photos, à entendre les récits, les deux côtés ont participé au déclenchement des émeutes. Pour une liste complète de photos et de vidéos sur les Chemises rouges, voir The Red Shirt Report. Le journaliste Nirmal Ghosh donne sur son blog un récapitulatif des troubles de Bangkok au cours des deux derniers jours.
Les Chemises rouges demandent la démission du Premier Ministre Abhisit Vejjajiva, estimant qu'il est arrivé au pouvoir par des moyens illégaux. Beaucoup d'entre eux soutiennent l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Les Chemises rouges sont accusées d'utiliser des techniques de guérilla urbaine pour prendre le contrôle des rues. Les manifestant ont incendié des bus et lancé des cocktails Molotov contre les soldats. Face à eux, les soldats ont ouvert le feu sur des manifestants désarmés.
Voici trois vidéos sur YouTube, montrant comment les manifestants ont pris le contrôle des tanks qui ont été déployés quand l'état d'urgence a été décrété par le gouvernement.
La vidéo ci-dessous est présentée par les critiques des Chemises rouges comme la preuve que ce sont elles qui ont provoqué les violences.
L'universitaire thailandais Ji Giles Ungpakorn, réfugié à Londres, souligne que “aucun gouvernement, nulle part dans le monde, n'a le droit d'utiliser ses troupes pour tirer sur des manifestants dans les rues.” Il ajoute que la crise en Thailande est une manifestation d'une “lutte des classes grandissante” dans la société thaï :
…pour la quatrième fois en quarante ans, les soldats ont ouvert le feu sur des manifestants pro-démocratie à Bangkok.Chaque fois, le but a été le même : protéger les intérêts des élites conservatrices qui dirigent la Thaïlande depuis 70 ans.
ce que nous voyons en Thaïlande depuis la fin 2005 est une guerre entre classes sociales, entre les pauvres et les vieilles élites.
Comme on pouvait s'y attendre, les Chemises jaunes interprètent les actions de leurs rivaux, les Chemises rouges, comme un complot sinistre :
Après avoir saboté le sommet de l'ASEAN, les Chemises rouges ont lancé des actions terroristes à des points névralgiques de Bangkok, pour que Abhisit soit contraint de déclarer l'état d'urgence. Puis l'armée a été amenée pour écraser les manifestations des Chemises rouges. Quand les militaires écrasent les manifestations, il y a du sang et la situation échappera à tout contrôle, ce sera l'anarchie.
Le mouvement fait allusion au sommet des pays d'Asie, qui a été annulé quand les Chemises rouges ont occupé de force l'hôtel où devait avoir lieu le sommet.
Nganadeeleg critique les deux côtés: le gouvernement, comme les Chemises rouges :
Aucun des deux côtés ne semble capable d'admettre les torts de ses propres membres, et accuse toujours l'autre côté.
A ce jour, je n'ai vu aucun signe d'une conduite raisonnable ou de volonté de compromis d'un côté ou de l'autre, tous deux jouent encore comme si le gagnant allait remporter la mise, après plus de trois ans de conflits.
C'est très frustrant pour cet observateur ( qui comprend les doléances bien réelles des deux parties).
En dépit de ces sanglants affrontement entre armée et manifestants, de nombreux quartiers de Bangkok sont restés calmes . Bangkok Pastor observe :
Je ne dis pas qu'il n'y a pas beaucoup de Chemises rouges et je ne dis pas qu'ils ne causent pas beaucoup de problèmes, et qu'ils ne vont pas peut-être provoquer un changement de gouvernement. Mais je dis qu'il n'y a ni chemises rouges, ni soldats, ni tanks dans mon quartier. Si je ne regardais pas les informations, je ne saurais même pas ce qui se passe.
Twitter est une bonne source d'informations sur les événements en cours en Thailande. Sur cette plateforme, les réactions des habitants de Bangkok à la crise politique :
DanDepew: Les camps des chemises rouges sont gardés par des “services d'ordre” qui ont des tuyaux de plomb. Les bus brûlés bloquent tojours carrefours. Le nouveau groupe des “Chemises noires” se met du côté de l'armée.
pongsathorn: Très triste, les Chemises rouges on tué une personne d'ici il y a une heure.
tuangd: maudites soient les Chemises rouges, vous détruisez notre pays.
iamopen: Une voiture brule au carrefour Victory Monument, je vois la fumée de ma fenêtre. Les Chemises rouges se dirigent vers Phya Thai
JediPimmy: Les Chemises rouges sont des barbares, dégoûtants. Quelle humiliation pour la Thailande!!
Photo en vignette : compte Flickr de candice and jarrett