Le Maroc a une longue histoire avec le judaïsme ; pendant la phase d'expansion de l'empire romain, un certain nombre de juifs se sont implantés dans ce qui est actuellement le Maroc. Au cours du temps, la qualité des relations entre la population majoritairement musulmane du Maroc et sa petite communauté juive est passée de très bonnes à très tendues. Après la création de l'État israélien, la grande majorité des juifs du Maroc ont émigré (approximativement 15% des juifs israéliens sont en fait des descendants des juifs marocains); cependant, approximativement 7 000 juifs résident encore au Maroc aujourd'hui. Les Marocains sont prompts à préciser que le premier conseiller du roi, André Azoulay, est juif.
On trouve très peu de choses sur les juifs marocains sur Internet , comme le blogueur marocain Ibn Kafka l'a récemment précisé. Dans un billet repris sur le blog Jewish Morocco, il écrit :
Celui qui cherche des infos sur le net sur le judaïsme marocain devient vite frustré : entre la débauche de liens et la qualité disparate de l'information, la frustration est souvent au rendez-vous. Jusqu'ici, l'excellent site de Rick Gold – Visiting Jewish Morocco - constitue un point de départ incontournable, et on pourrait y rajouter le forum communautaire Dafina, désordonné, foisonnant mais inégal. On pourrait rajouter à cette liste deux musées – celui du judaïsme marocain de Casablanca, et celui du Centre de la culture judéo marocaine à Bruxelles. Sans compter les sites connexes – comme celui consacré à la restauration de la synagogue Attias à Essaouira.
Le blogueur nous présente alors un blog nouvellement ouvert, Jewish Morocco, écrit par l'américain Chris Silver. Chris Silver, qui explore les lieux juifs à travers le pays, écrit sur des villes qui n'ont été peut-être jamais mentionnées dans la blogoma (blogosphère marocaine). Dans un billet récent, il raconte sa rencontre avec des juifs marocains à Oujda [en anglais] :
La nuit dernière, j'étais avec mes merveilleux hôtes et j'ai eu un autre repas délicieux. La plus agée des femmes s'est assise à côté de moi avant le dîner et a voulu tout savoir au sujet du monde juif. Elle a voulu savoir combien de juifs étaient toujours en Syrie, au Liban, partout. Elle m'a posé des questions sur les juifs d'Éthiopie et j'étais stupéfait du fait même qu'elle ait pu me demander ça. Elle a posé des questions sur l'Iran et je lui ai dit qu'il y avait beaucoup plus de juifs là-bas qu'au Maroc. Elles ont toutes été choquées et ont commencé à demander si elles couvraient leurs visages comme toutes les femmes iraniennes. C'était très comique.
J'en ai appris plus au sujet de ces femmes pendant tout notre repas. Une avait été en Israël avant, mais pour certaines raisons elle avait décidé de rester ici au Maroc. Je leur ai dit que ma mère les remerciait d'être si chaleureuses avec moi et cela les a vraiment ravies. Nous avons fini notre repas et elles m'ont demandé d'apporter environ 4 livres de truffes avec moi à quelques amis communs de Casablanca. J'ai naturellement accepté et j'ai maintenant ajouté des boîtes à matzoh bourrées des truffes à ma charge précédemment légère.
Chris Silver a également noté la rareté des sites juifs marocains. Dans un billet, il écrit :
Google Earth et Wikimapia sont devenus deux ressources très intéressantes pour découvrir le monde juif au Maroc. Les deux applications permettent à des utilisateurs d'identifier des points sur une carte, souvent très claire. Donc, par exemple, une vue aérienne de Rabat identifiera la mellah et une synagogue (“synagogue juif au sud de mellah” dans un faisceau de 3 secteurs marqués) parmi beaucoup d'autres emplacements. L'information est écrite par l'utilisateur, et normalement, par des individus au sol.
Il est bien évident que les deux blogueurs font de leur mieux pour amener cette population mal connue sur Internet. Ibn Kafka, cependant, partage un regret :
…qu'il n'y ait pas de voix de l'intérieur non institutionnelle – par exemple, un blog d'un Marocain juif vivant au Maroc, éclairant de l'intérieur la culture, l'histoire, la spiritualité et le présent de cette partie essentielle du peuple marocain et de son histoire.
Crédit photo : dlisbona