Nomad Green: prendre conscience des problèmes de l'environnement grace aux médias participatifs

Landscape of Mongolia
Paysage de Mongolie, photo de Tiarescott, publiée sous licence Creative Common.

Nous avons tous des idées préconçues et des clichés sur la Mongolie, un pays qui attire rarement l'attention des médias internationaux. Il y a peu d'informations sur les Mongols, à l'exception du légendaire Genghis Khan. Et si une blogosphère vivante attirait l'attention des lecteurs du monde sur les point de vue de la Mongolie ? On pourrait rétorquer qu'on voit souvent des images stéréotypées de nomades, de tentes et d'animaux dans le désert représentant la Mongolie. Ces gens vont-ils vraiment bloguer ?

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Irish Grand Pub (Le Grand Pub Irlandais) en Mongolie, photo de Alan Cordova, publiée sous licence Creative Commons. Voir plus d'images d'Oulan-Bator sur Flickr.

Le fait est que ce pays a subi des transformations importantes tant du point de vue politique qu'économique depuis le début ds années 1990. La Mongolie a rejoint le projet ‘un ordinateur portable pour chaque enfant’ et avant 2010 chaque enfant du pays sera équipé d'un portable.

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Des fillettes mongoles travaillant sur des portables XO. Photo de One Laptop Per CHild, utilisée sous licence  Creative Commons.

20,000 ordinateurs XO ont été fournis en janvier 2008 à des enfants agés de 6 à 12 ans dans les endroits les plus inaccessibles du pays ainsi qu'à Oulan-Bator (source).

D'après les statistiques de 2007, plus de 10 pour cent de sa population de près de 3 millions d'habitants utilisent Internet. C'est donc juste une question de temps pour que de plus en plus de Mongols commencent à utiliser les outils des médias participatifs comme les blogs. Quelques uns des derniers boursiers de Rising Voices sont au travail avec beaucoup d'application.

portnoy-640x480Portnoy Zheng est originaire de Taiwan et en plus de son travail remarquable pour Global Voices, il travaille comme chef de projet en Mongolie et la Fondation tibétaine à Taiwan. Il est l'instigateur du programme de bourses Rising Voices Nomad Green qui, en coopération avec la Fondation mongole et tibétaine et le Parti des verts de Mongolie, va former des citoyens mongols à l'utilisation des médias participatifs. L'objectif est de les former à écrire sur leur pays en utilisant les médias participatifs pour attirer l'attention sur la crise de l'environnement afin de créer une prise de conscience des problèmes auxquels la Mongolie est confrontée. Le public cible du projet est en premier lieu les Mongols et ensuite les Chinois, parce que ce sont leurs voisins les plus nombreux et, naturellement, les lecteurs du reste du monde.

Les ressources naturelles de la Mongolie sont insuffisantes et subissent une forte pression due à l'exploitation humaine et aux effets du réchauffement climatique. Des étés chauds, des hivers longs et rigoureux, et de faibles précipitations menacent de nouvelles terres de désertification.

Le taux de déforestation a augmenté depuis le milieu des années 90 de 40 000 ha annuels à 60 000 environ  (Banque mondiale).

Portnoy écrit sur le blog du projet :

Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, est une ville entourée de montagnes. A cause des changements imprévisibles du climat de ces dernières années, le cheptel dont dépendait les nomades a perdu beaucoup d'animaux, ce qui a conduit de nombreuses personnes à aller en ville, et à vivre dans la pauvreté.

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Parc national de Gorkhi-Terelj, Mongolie. Photo de yeowatzup, publiée sous licence Creative Commons.

La capitale Oulan Bator a sa part de problèmes : la pollution de l'air et l'insuffisance de l'approvisionnement en eau potable. La pollution de l'air est causée par l'utilisation du charbon gras, et par les rejets polluants industriels apportés par les vents, provenant de l'ex-Union soviétique et de la République Populaire de Chine. Le pays a seulement 34,8 kilomètres cubes de ressources renouvelables en eau, dont 53 pour cent sont utilisés à des finalités agricoles. Selon des statistiques de 2000 seulement 77 pour cent de la population urbaine et 30 pour cent de la population rurale ont accès à de l'eau potable (source).

Nous avons interrogé Portnoy sur les détails de ce projet :

RV : Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager dans une activité de proximité en Mongolie ?

Portnoy : En plus de Global Voices, je participe à plusieurs ONG et mouvements sociaux à Taiwan et je me suis fait beaucoup d'amis. Quand j'ai quitté un travail à plein temps à la fin de l'année dernière dans une start-up du Web 2.0, un ami, le Secrétaire général de la Fondation mongole et tibétaine, Lin Cheng-hsiou (Axiou), m'a invité à rejoindre ce projet sur les médias participatifs, la formation dans l'utilisation de l'informatique, l'information environnementale et l'interaction culturelle. Je n'ai eu aucune hésitation, j'ai décidé d'y prendre part étant donné que tous ces domaines m'intéressent…

RV : Quelles sont les relations entre les Taiwanais et les Mongols ? Est-ce qu'ils se rendent visite ?

Portnoy : Ce serait une trop longue histoire. On raconte que l'ile de Taïwan fut “découverte” et “incorporée” dans le territoire chinois sous la dynastie Yuan, qui a été établie par les Mongols. La Mongolie est devenue un pays indépendant en 1911 (l'année de la fin de la dynastie Qing), cependant la République de Chine qui fut créée en 1912 refusa de reconnaitre ce fait et engloba une bonne partie du territoire de la Chine continentale et la Mongolie extérieure. En 1945, à la fin de la deuxième guerre mondiale, la République de Chine étendit sa domination sur les archipels de Taïwan et de Penghu. Ces archipels, avec Kinmen et Matsu, devinrent la totalité du territoire de la République de Chine en 1949, quand le Kuomintang (KMT) perdit la guerre civile chinoise. Le KMT perdit la guerre contre le Parti communiste chinois, qui forma alors la République populaire de Chine sur la partie continentale du pays (d'après Wikipedia). Par conséquent, beaucoup de familles de Mongolie (intérieure et intérieure) durent ainsi fuir à Taïwan avec le KMT en 1949 .
La Mongolie est depuis longtemps reconnue comme un pays souverain par le reste du monde, y compris la Chine Populaire, cependant pour la Constitution (obsolète) de la République de Chine (Taïwan), la Mongolie est encore définie comme faisant partie de son territoire. Cette partie de la Constitution semble une blague maintenant, parce qu'elle est encore en vigueur, alors que Taïwan n'est pas reconnu par aucun pays comme état indépendant. Toutefois les Taïwanais et les Mongols sont plus réalistes et ont établi des relations étroites sur de nombreux sujets. Il y a plus de 300 étudiants mongols à Taïwan et chaque année la Mongolie envoie des policiers et des procureurs à Taïwan suivre des formations. Des routards, des volontaires, des ONG et des hommes d'affaires taïwanais visitent fréquemment la Mongolie.

Je viens juste d'assister aux cérémonies commémoratives de Gengis Khan le 16 avril avec une foule de Taiwanais Mongols et de citoyens mongols.

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Pour voir plus de photos

RV : Avez-vous une idée de la blogosphère de la Mongolie ?

Portnoy : Ma connaissance de la blogosphère mongole est faible. Je ne sais pas lire la langue du pays, même si je pense l'apprendre dès cette année. La plupart des informations que j'ai sur la blogosphère mongole, je les ai apprises de Global Voices. Heureusement, j'ai eu des informations très utiles sur cette blogosphère grâce à Mme. Otgoo, notre rédactrice en mongole.

RV : Avez-vous déjà recruté des rédacteurs en Mongolie ?

Portnoy : Oui, nous avons déjà recruté une rédactrice en Mongolie, Mme Otgonsuren (Otgoo), à temps partiel. Elle était enseignante, journaliste, et maintenant elle est membre active de notre ONG. Elle a publié des billets sur Nomad Green. Elle donnera des cours de base en journalisme et traitera des problèmes de l'environnement auxquels la Mongolie fait face aujourd'hui, dans des ateliers de formation.

RV : Les contenus seront en mongol et en chinois. Qui va faire les traductions ?

Portnoy : Nous pensons inviter les meilleurs étudiants en Chinois de l'Université Nationale de Mongolie et des étudiants Mongols à Taïwan pour nous aider avec la traduction. Nous avons déjà établi des contacts avec des membres des deux groupes, ils sont enthousiastes et désireux d'offrir leur aide.

Landscape of Mongolia
Paysage de Mongolie, photo de Tiarescott, publiée sous licence Creative Commons.

RV : Avez-vous trouvé un local à Oulan-Bator ? Quels sont les problèmes d'infrastructures comme l'accès à Internet et ses coûts ?

Portnoy : Nous avons décidé d'utiliser les locaux de l'Institut de journalisme de Mongolie (JIM). C'est notre partenaire, M. Boum, leader des Verts de Mongolie à Oulan-Bator qui nous a aidés à avoir cet endroit. Il peut contenir de 15 à 20 participants par atelier, avec des connexions Internet. D'après M. Boum, la connexion n'est pas très rapide, mais elle est acceptable. Le coût est de 15 dollars américains à l'heure. Nous remercions vraiment le JIM de nous avoir offert cet endroit pour nos séminaires.

RV : Parlez-nous de ces séminaires et de leurs programmes.

Portnoy : Les quatre premiers séminaires auront lieu entre le 4 et le 14 mai, puisque Axiou et moi allons visiter la Mongolie. Chaque séminaire durera huit heures, avec une heure et demie d'introduction sur les médias participatifs et les changements dans le monde des médias, une autre heure et demie sur les problèmes de l'environnement en Mongolie, deux heures de formation dans l'utilisation des nouveaux médias, trois heures de pratique et de techniques d'écriture. Nous pourrons modifier ce programme selon les situations et la réponse des participants.

Nous vous invitons à visiter le site de Green Nomad et le blog du projet pour plus d'informations. En espérant lire de nombreux blogs de Mongolie pour débattre des problèmes de l'environnement de ce pays.

Photo miniature de Portnoy Zheng par zozo2k3, publiée sous licence Creative Commons.

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