Alors que de nouvelles manifestations ont éclaté à Madagascar et ont été sévèrement réprimées par l'armée, les membres du gouvernement de transition de Madagascar peinent à justifier devant la communauté internationale les circonstances de leur accession au pouvoir. Le récent revirement de décision de la Haute cour constitutionnelle (HCC) sur le caractère illégitime du transfert de pouvoir semble avoir pris le gouvernement de transition par surprise et a très probablement déclenché l’arrestation du chef de la sécurité de la HCC.
Des représentants du Conseil de Sécurité de l'ONU et de l'Union Africaine se réunissent pour un “Groupe de contact sur Madagascar” à Addis-Abeba en vue d'assurer une position commune poussant au retour de l'ordre constitutionnel à Madagascar. Bien que l'ensemble des partis politiques malgaches aient annoncé qu'ils avaient des délégués assistant à cette réunion, il s'avère qu’aucun des partis de l'opposition n'était présent à cette réunion décisive [anglais].
Pendant ce temps, l'ex-président Marc Ravalomanana, exilé en Afrique du Sud, a nommé un nouveau premier ministre, Mandandafy Rakotonirina, pour former un nouveau gouvernement, contestant en pratique la légitimité du gouvernement de transition. Quelques jours après avoir établi la liste des membres de son cabinet, Rakotonirina et ses collaborateurs ont été arrêtés par les forces de sécurité “sous l'inculpation de s'être déclaré illégalement premier ministre, vandalisme & détention d'armes”.
Les blogueurs malgaches ont été prompts à réagir à la nouvelle de l'arrestation :
Le blogueur malgache andrydago publie des photos et décrit en détail les circonstances de l'arrestation de Rakotonirin se demandant si l'armée croit que cette arrestation mettra fin au mouvement [anglais].
Avylavitra met en ligne sur son blog la vidéo de l'arrestation :
Jentilisa décrit et transcrit ce qui se passe sur la vidéo : [malgache]
Efa tsy zoviana intsony fa ny Komandà Charles Randrianasoavina no nitarika ny miaramila hisambotra ireto mpitari-tolona ireto. Io Komand io no nitazona tamin'ny vozon'akanjony ny praiminisitra Manandafy sady niedinedina hatrany niteny hoe : “Ahy ialahy manomboka androany! Ahy ialahy manomboka androany!”.
Le gouvernement de transition justifie l'arrestation en disant que Manandafy Rakotinirina est accusé de s'être illégitimement déclaré premier ministre, de fomenter la destruction de biens et de possession illégale d'armes à feu.
Une vidéo tournée le lendemain montre Rakotonirina, assigné à résidence, le visage tuméfié.
Les cas d'actions contestables des militaires ne se limitent pas à l'usage excessif de la force lors de l'arrestation. De nombreux blogueurs rapportent que des miliciens armés patrouillent la ville en véhicules 4X4 et tirent en l'air pour intimider les passants. Solofo met en ligne des photos d'un véhicule montrant un homme avec un fusil debout à travers la fenêtre, suivant un camion militaire plein de soldats en armes.
Vola écrit dans la section de commentaires du billet que le chef de l'armée explique ainsi la cause du décès de 2 manifestants :
… ils se sont cognés avec des véhicules dans la mêlée [..] il est comique Noël Rakotonandrasana sur ce coup là quand même. Ecoutez l'interview [RFI] à la fin
Un autre cas d'abus de pouvoir par l'armée est fourni par l'affaire en cours de Razily. Razily est ce jeune homme qui a marché vers les militaires en portant un drapeau et a été arrêté sur place pour vol de drapeau. Ethan Zuckerman explique [anglais] les tenants et aboutissants de l'histoire de Razily. Une pétition [anglais] a été lancée pour exiger que l'armée fournisse des informations actualisées sur la situation de Razily et un calendrier pour la date de son procès. La pétition a déjà réuni un certain nombre de signatures et a été relayée par quelques utilisateurs de Twitter :