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Elections indiennes 2009: Participation plus faible que prévue et interrogation sur la campagne

Catégories: Inde, Élections, Jeunesse, Politique, Technologie
Photo publiée avec laimable autorisation de Chhavi Sachdev

Photo publiée avec l'aimable autorisation de Chhavi Sachdev

La bogosphère indienne et les médias traditionnels bruissent de débats sur les raisons de la diminution à 44,21 % du taux de participation des électeurs à Mumbai, malgré les nombreuses initiatives pour l'enregistrement des électeurs telle que Jaago Re [1] et pour la transparance telle que Vote Report India [2].

La plupart des commentateurs essaient d'expliquer pourquoi les électeurs de Mumbai n'ont pas voté.

Dans un débat organisé par la chaine CNBC-TV18, le candidat indépendant Meera Sanyal, Madhav Bhatkuly de Empowered Mumbai (Donner le pouvoir à Mumbai), B Venkatesh Kumar de l'Université de Mumbai et Vivek Gilani de MumbaiVotes [3] , essaient d'expliquer la faible participation des électeurs dans cette ville.

IANS [4] explique la faible participation en soutenant que les électeurs de Mumbai s'intéressent uniquement aux questions politiques locales, qui n'ont pas été au centre de la campagne électorale. Neha Bagoria [5] sur Twitter raconte que la plupart des jeunes électeurs scolarisés à Mumbai proviennent d'autres états et ne pouvaient y voter puisque leurs noms ne figurent pas sur le fichier électoral. Niyukti [6] pense sur Twitter que l'apathie des électeurs manifestée à l'égard “de la même vieille politique” et la forte chaleur saisonnière sont les deux raisons qui expliquent cette faible participation des électeurs à Mumbai. Bombay Addict [7] considère que l'apathie de la classe moyenne est une explication de ce faible taux de participation.

Harshad Oak [8] soutient que le faible taux de participation pourrait être une conséquence de l'inefficacité de la Commission électorale indépendante, plutôt qu'une marque d'apathie des électeurs. Neelakantan [9] critique aussi la manière dont les listes électorales sont tenues à jour. Amit [10] soutient que des machines à voter en panne et des noms d'électeurs perdus ne peuvent constituer une excuse pour ne pas exiger de voter.

Randheer Singh [11] développe une théorie du complot compliquée sur les raisons qui font que la classe moyenne indienne ne vote pas. The Acron at National Interest [12] souhaite une analyse plus profonde du Syndrome d'absence de l'électeur indien. 

Mohyna Srinivasan [13] et Vrushali Lad [14] sont choqués et tristes que les électeurs de Mumbai n'aient pas participé plus nombreux aux élections. Kamal Chaturvedi [15] n'a pas personnellement voté, mais traite les électeurs de Mumbai d'éhontés pour n'avoir pas voté.

Subin [16], Dina Mehta [17], Chhavi Sachdev [18] et Kayezad Adajania [19] partagent leurs expériences d'avoir voté pour la première fois. C'est triste de constater la perte de noms d'électeurs, de voir des agents électoraux confus et une organisation déficiente. Le mannequin devenu écrivain Shobha De [20] a pu voter plus facilement. Rajesh Jain [21] explique comment il n'a pas pu voter pour la première fois depuis 1992, parce que son nom ne figurait pas sur la liste des électeurs. Priya Ramani explique sur LiveMint [22] pourquoi elle n'a pas voté.

Un autre groupe de personnes estime que l'attente d'une forte participation d'électeurs à Mumbai était erronée dès le départ.

L'éditorialiste Vir Sanghvi [23]  n'est pas surpris par le faible taux de participation des électeurs et soutient que nous nous faisions des illusions en croyant que les attaques terroristes de Mumbai auraient réveillé une plus grande prise de conscience civique de la jeunesse urbaine. Ananth Krishnan [24] critique les média pour avoir créé une fausse attente d'un taux plus élevé de participation. Kaushal Karkhanis [25] explique sur Twitter que les grands efforts d'éducation civique ont ciblé les classes supérieures et non les masses qui forment la majorité des électeurs.

Enfin, un troisième groupe de personnes essaie de trouver des solutions pour encourager les électeurs à participer en plus grand nombre dans le futur.

Rediff [26] demande à ses lecteurs si voter ne devrait pas être obligatoire en Inde, vu le faible taux de participation. Mohit Atale [27] croit que la “possibilité de ne choisir aucune des options proposées” aurait conduit à un taux plus élevé de participation.

Je crois, quant à moi, que ces élections ont été sans précédent en Inde en terme d'enregistrement en ligne des électeurs, de transparence et d'initiatives originales.

Ces initiatives ont réveillé le sentiment d'indignation suscité après les attaques terroristes de Mumbai [28], le transformant en débats constructifs et créant un espace d'engagement civique en ligne. C'est à cause de cette vague de fond que des personnalités comme Shashi Tharoor [29], la danseuse Mallika Sarabhai [30] et le patron de la banque ABN AMRO India, Meera Sanyal [31], sont intervenus pour participer aux élections.

Peut-être, ces initiatives n'ont-elles pas produit une augmentation significative du taux de participation, mais elles ont posé les fondements d'un engagement de la jeunesse de la classe moyenne urbaine dans les questions civiques importantes. Discuter est plus facile que d'agir, mais l'engagement civique doit précéder l'action collective. C'est un cycle que nous avons vu aux Etats-unis. En 2004, l'engagement en ligne n'a pas abouti à la nomination de  Howard Dean [comme candidat des démocrates], ni à l'élection à la présidence de John Kerry, mais il a posé les bases du militantisme internet dans lequel a puisé Barack Obama en 2008. Les élections indiennes de 2009 sont semblables à celles des Etats-Unis en 2008.

Peut-être va-t-on assister  en 2014 à l'émergence d'un leader charismatique sur la scène nationale, qui va focaliser l'imagination de la jeunesse indienne. Dans ces élections, ni le Parti du Congrès ni le BJP n'avaient de candidat premier ministre charismatique comme figure de proue. En outre, les jeunes Indiens étaient déçus de la flagornerie au sein du Congrès, méfiants devant l'extrémisme du BJP au niveau des élections municipales  et alarmés par la fragmentation dans la politique indienne comme résultat du pouvoir grandissant des partis régionalistes. C'est pourquoi depuis les attaques terroristes à Mumbai il y a eu des débats sur la Section 49 (O) et des votes négatifs. Espérons que ça changera en 2014.

Ce billet fait partie de la couverture spéciale des élections indiennes 2009 de Global Voices [32]

Ce bille est publié aussi sur Gauravonomics, my blog on social media and social change [33].