Internet polyglotte et échange de traductions

[Tous les liens de ce billet sont en anglais]

Global Voices vient de recevoir une subvention de la Ford Foundation, afin de soutenir Lingua, notre initiative permettant la traduction des billets de Global Voices, et de concevoir et mettre en œuvre un projet visant à étudier la façon dont nous pourrions imaginer et faire fonctionner une communauté d'échange de traductions en ligne.

Nous avons commencé à débattre des conséquences d'un internet polyglotte il y a déjà plusieurs années, quand des traducteurs ont d'eux-mêmes commencé à traduire le site Global Voices en chinois. Des traducteurs en d'autres langues se sont ensuite joints au projet Lingua après le sommet de Global Voices en 2006 à Delhi. Lingua traduit actuellement le contenu de Global Voices en 15 langues, et cinq autres langues sont à l'essai. Afin d'avoir plus de précisions sur le projet Lingua, on peut consulter sa chronologie, mise en ligne par son co-directeur Leonard Chien, et les excellents diaporama et article de Chris Salzberg.


On peut voir cette carte des traducteurs de Lingua dans un plus grand format.

Ce projet Lingua, presque entièrement mis en œuvre grâce à l'enthousiasme, à la créativité et aux efforts de traducteurs bénévoles, démontre la capacité d'un groupe de traducteurs et de rédacteurs, partageant le même état d'esprit, à surmonter la barrière des langues et à partager témoignages et information, en s'appuyant sur une plateforme simple et conviviale pour publier. Lingua souligne la valeur du travail humain et l'importance de la culture et du groupe dans le choix des sujets à traduire. Cela a aussi démontré l'intérêt de la traduction humaine, partagée et bien répartie, comme moyen de traduction rapide d'une grande quantité d'informations d'actualité.

L'idée d'un échange de traductions comme projet parallèle et complémentaire à Lingua a germé comme réponse au défi encore plus important d'un internet polyglotte. Car, avec plus de 1,3 milliards d'internautes, chacun de nous n'accède qu'à une minuscule fraction du contenu de la Toile, en fonction de nos compétences linguistiques. Cette question a été abordée lors de notre Sommet 2008 à Budapest, à la fois par un diaporama de l'équipe Lingua, et dans de nombreuses conversations. Ethan Zuckerman rend bien compte de ce sujet par ce billet, traduction polyglotte de ce billet en anglais.

Nous disposons à présent de conceptions théoriques sur la façon dont l'échange de traductions pourrait fonctionner, et sur son adaptation à la communauté existante, libre et innovante qu'est Lingua. Notre première tâche est de poser un grand nombre de questions, intéressantes et épineuses, sur les groupes et la culture des traducteurs, sur les aspects économiques de la production distribuée, et la nature de la demande pour des informations traduites à partir de différentes sources, puis de voir si nous pouvons tirer quelque chose d'intéressant de nos réponses. Notre intuition est que nous allons surtout travailler sur la constitution de groupes, plutôt que de créer des outils.

Nous voulons travailler sur des systèmes, simples et participatifs, de “mémoires de traduction” en ligne, qui nous permettrons de conserver les traductions de phrases complexes et d'établir un vocabulaire traduit commun. Il existe de bons outils pour faciliter la traduction, comme le World Wide Lexicon et dotSub, aussi nous nous demanderons comment intégrer les outils aux groupes de travail.

Nous voulons également étudier si une plateforme d'échanges peut permettre des rapports plus aisés entre le meilleur des médias citoyens et les médias qui pourraient commander des traductions sur des sujets particuliers. Par exemple, il est possible que nos amis de New America Media trouveraient utile un échange afin de fournir du contenu, provenant du monde entier, et dans la langue appropriée, à leur 2000 publications de médias ethniques partenaires.

Il est évident qu'il y a une place pour des projets qui fonctionnent dans le vide existant entre les fournisseurs de contenus informatifs en différentes langues, et pour la possibilité d'un échange de traductions qui permette de rendre accessible une grande quantité de contenu qui ne l'était pas auparavant à cause de la barrière des langues, et de l'impossibilité d'accéder à une traduction peu coûteuse de qualité. Cela comprend des fournisseurs d'information cherchant de nouvelles façons d'obtenir des informations en d'autres langues, des associations cherchant à s'assurer que les informations concernant les questions dont elles s'occupent sont disponibles en différentes langues, et probablement beaucoup d'autres utilisateurs auxquels nous n'avons pas pensé parce qu'il n'existe aucune plateforme de ce type à l'heure actuelle.

Nous n'en sommes qu'au début de ce projet. Nous venons de passer une annonce pour recruter un reponsable de projet : certains de nos lecteurs peuvent être intéressés et faire acte de candidature. Notre intention est de construire une communauté d'intérêt autour de ce projet, car comme pour tous les projets de Global Voices, nous savons que les meilleures idées viennent souvent de l'expérience et de la collaboration. Certains d'entre nous seront présents lors de Open Translation Tools 2009, à Amsterdam, pour démarrer la discussion (on peut s'inscrire). Nous rassemblons également les idées de départ, et nous invitons les gens à s'exprimer, sur le wiki de Global Voices. Tout le monde peut y participer !

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