En République Démocratique du Congo, la vie des personnes handicapées ou invalides est pavée de difficultés. Avec peu de perspectives d'emploi et aucun soutien public, les individus souffrant de handicaps sont confrontés à de nombreux défis.
Cédric Kalonji, un journaliste congolais, directeur de Congoblog “Ba Leki”, publie fréquemment des articles sur la situation des infirmes et des défavorisés dans son pays, afin de mettre en lumière non seulement les difficultés auxquelles ils font face, mais aussi leur ténacité et leur esprit d'entreprise devant les épreuves.
Décrivant la situation de Mariam Mapoyi, Congoblog cite les propos de cette femme invalide de Lubanga :
“Je fais tout ce que je peux pour assurer le minimum pour mes enfants mais ce n’est pas évident … Je me lève tous les matins vers 6 heures et je prends la pirogue pour traverser de ce côté (rive droite du fleuve) pour mendier auprès de commerçants, hommes d’affaires ou autres autorités politiques. Mes enfants m’accompagnent parce qu’ils doivent pousser mon vélo et manger avec moi ce qu’on me donne”
Congoblog complète le témoignage de cette femme :
Ce que cette dame ne dit pas, c’est qu’aucun de ses trois enfants ne va à l’école. Ils ne savent ni lire ni écrire. Elle a bien conscience du fait qu’un avenir sombre les attend mais elle sait aussi qu’elle n’a aucune marge de manœuvre dans ce pays où les parents doivent payer les études de leurs enfants, l’état ayant démissionné de cette charge depuis des décennies. Et pourtant, les textes de la Constitution de notre chère république stipulent que l’école primaire est gratuite et obligatoire.
Pourtant Mariam et beaucoup de ses semblables ne sont pas prêts à abandonner l'espoir, et agissent concrètement pour échapper au cycle de la mendicité et atteindre l'autonomie . Mariam s'est inscrite dans un centre de formation à Kisangani, où elle apprend la couture. Pendant sa formation elle devra continuer à mendier, mais elle espère qu'une fois la session terminée elle pourra posséder une machine à coudre, pour devenir auto-suffisante et même gagner assez pour envoyer ses enfants à l'école.
Dans un pays où les opportunités d'emploi sont au mieux limitées, – et où la loi n'impose pas l'accessibilité aux bâtiments et aux services publics, rétrécissant encore les possibilités pour les gens comme Mariam,- apprendre la couture et d'autres formes d'artisanat sont un moyen pour les Congolais de gagner leur vie de façon autonome sans avoir à dépendre de la charité d'autrui.
Il y a quelques mois ITNewsAfrica a relaté [en anglais] la réussite d'un groupe de femmes handicapées qui ont créé une entreprise d'art et d'artisanat durables, qu'elles ont appelée Shona Crafts.
Shona crafts a été créé à Goma avec l'aide de l'Américaine Dawn Hurley, et est devenue une réussite et une source de revenus stable pour les femmes qui y participent.
Ces femmes créent et vendent une ligne de vêtements, de sacs et d'autres objets faits main, sur leur site web [en anglais]. Leurs produits, dont 100% des bénéfices reviennent directement aux femmes, ont remporté un succès immédiat aux USA, où elles ont vendu plus de 100 produits rien que sur ebay. Leur réussite est un exemple remarquable de la façon dont Internet peut être exploité pour atteindre les différents continents et obtenir des effets immédiats et positifs pour toutes les personnes impliquées.
Ces dernières années, on a progressivement investi danvantage dans des centres de formation et d'enseignement tels que Shona crafts. En août 2008, le premier centre de formation pour sourds-muets, appelé Espoir des sourds, a été ouvert à Kisangani. Ce centre propose des ateliers de couture et de menuiserie pour les sourds-muets habitant Kisangani, et intègre en outre un programme de formation informatique dans les études.
De telles institutions munissent les individus de compétences leur permettant de subvenir à leurs besoins et de s'intégrer dans la société. Et cela, au lieu d'être vus comme une charge, ce qui, selon Ernst Mukuli, qui écrit pour Syfia-Grands-Lacs, est trop souvent le cas,
le regard de la société change depuis qu'ils apprennent un métier.
On a constaté que les personnes en formation à l’Espoir des sourds ont tiré le meilleur parti possible des ressources que peut offrir Internet en se connectant à d'autres sourds-muets, et institutions ou groupes de soutien pour sourds-muets à travers le monde dans les cybercafés de Kisangani.
En mars 2009 Handicap International UK a reçu près de £500.000 (560 600€) pour un projet complet d'éducation en RDC. Cet argent financera un projet sur 3 ans visant à accroître l'accessibilité à l'enseignement élémentaire pour les enfants handicapés. Cela passera par l'augmentation des inscriptions d'enfants handicapés dans les écoles primaires publiques générales, et par la formation des enseignants à de nouvelles méthodes pédagogiques adaptées aux besoins des enfants handicapés. Handicap International UK projette aussi de soumettre trois nouvelles dispositions pédagogiques sur le droit des enfants handicapés à l'éducation au Ministère de l'Education.
Outre la quête de formation et d'éducation, un certain nombre de Congolais handicapés ont trouvé des moyens innovants de gagner leur vie sans être voués à la mendicité.
Depuis les années 70 les handicapés sont exonérés d'impôts en RDC. Ce qui a conduit de nombreux entrepreneurs handicapés à faire preuve d'imagination dans l'usage de leurs chaises roulantes. Congoblog rapporte :
Leur activité consiste à prendre sur leurs chaises roulantes des marchandises (farine, huile, poissons ou viande) et de les faire traverser de part et d’autre. Les commerçants privilégient les handicapés pour faire traverser leurs marchandises parce que ces derniers ne paient pas de taxes. Leurs effets ne sont pas fouillés et ils n’ont besoin d’aucun document pour traverser la frontière.
Les commerçants paient moins qu'ils ne feraient normalement pour le transport de leurs marchandises, et les entrepreneurs peuvent travailler de façon indépendante, et reçoivent un salaire décent pour leur travail.
Congoblog ajoute :
Manque à gagner pour le trésor public mais moyen de survie pour les handicapés qui trouvent dans cette activité les revenus leur permettant de subvenir à leur besoins. « Nous préférons venir travailler ici plutôt que d’aller passer nos journées à quémander en ville », lâche fièrement Patrick. Ses compères et lui-même ont bien compris qu’il valait mieux se débrouiller, plutôt que d’attendre un hypothétique redressement de la situation politique et économique du pays.
Les deux plus anciens membres de Staff Benda Bilili, un groupe de musiciens congolais paraplégiques de Kinshasa, ont fait connaissance en transportant des marchandises entre Kinshasa et Brazzaville.
Le blog musical marseillais KoToNTeeJ dessine le contenu de leurs chansons :
Coco Ngambali, l’auteur principal du groupe et champion de bras de fer, explique qu’à travers leurs chansons, ils jouent le rôle de journalistes, parlent à ceux qui vivent et dorment dans la rue sur des cartons.
Staff Benda Bilili répète dans le jardin zoologique de Kinshasa et joue aussi bien dans les bars du coin que dans les clubs d'expatriés, et ils ont tout d'une “success story”. Ils ont surmonté tous les obstacles et sont actuellement en tête du World Music Chart Europe. Staff Benda Bilili a été pris sous contrat par le label Crammed Discs et prépare une tournée européenne.
Tandis que des exemples comme Shona Crafts et Staff Benda Bilili sont une preuve de la réussite gagnée à force de dur travail et d'engagement, leur création implique aussi une part de chance . On ne peut pas oublier que pour la majorité, quels que soient les efforts, leur vie sera faite d'épreuves et de handicap.
Comme le note Congoblog :
Si déjà la vie est dure pour les personnes valides, pas besoin de s’interroger longtemps sur le sort de ceux qui vivent avec un handicap. Et bien sûr, on ne peut rien demander à l’état, absent, démissionnaire et irresponsable.
3 commentaires
BOnjour,
Je suis malgache et je m’appelle Yasmine.
J’ai une boutique de l’art malagasy chez nous à tananarive la capitale de madagascar.
Je voudrais bien aller à Norvège pour chercher ce que je peux faire pour l’artisanat malgache.Bien sur je fabrique et je vends ; j’aide aussi les gens qui ont besoins de savoir sur l’art malgache. c’est pour cela je vous écrit.
Si vous êtes intéressé, n’hésiter pas à me répondre.
Bonjour,
je suis aussi malgache, j’habite en norvège à Oslo.
pourquoi veux tu aller en Norvège plutot qu’ailleurs ?
que fabriques tu exactement ?
Quel age as tu ?
écris moi sur :
mm45@wanadoo.fr
amitiés
Jean