Venezuela : Mobilisation pour qu'Internet reste une priorité

Lorsque le gouvernement vénézuélien a publié le décret n° 6649, il a déclenché l'alerte rouge au sein de la communauté des internautes, inquiets des répercussions éventuelles sur l'éducation, la recherche et d'autres secteurs importants en termes de développement. Le décret vise à éliminer des dépenses publiques ce qui serait du ” luxe ” ou des ” dépenses superflues “, et Internet en fait partie.

Par conséquent, la campagne lancée sur la Toile, Internet Prioritaria [en espagnol], a été créée, basée sur l'idée qu'Internet est un des besoins de base. Selon une déclaration collective, ” le décret vient transgresser les politiques publiques de l'état vénézuélien, puisqu'Internet avait été déclaré prioritaire par le décret n° 825 et que l'État s'est efforcé d'utiliser Internet, rendant ainsi plus efficace l'administration publique, les domaines de la santé et de l'éducation “.

Par ailleurs, les internautes veulent que soient maintenus les programmes de recherche et d'éducation dont la mise en place a été rendue possible grâce à Internet :” il faut garantir la viabilité des projets universitaires basés sur les technologies de l'information et qu'ils  ne soient pas affectés par les coupes budgétaires “.

Internet Prioritaria veut, entre autres, que l'utilisation d'Internet reste une priorité, que soient développées des technologies, associées à l'utilisation d'Internet, qui pourraient être utiles au secteur public, et apporte son support à la recherche sur les technologies de l'information. Le groupe propose également de mettre en débat l'utilisation de ces technologies à travers les médias vénézuéliens, de manière à susciter un dialogue sérieux sur le poids d'Internet dans le développement du pays ainsi que sur l'importance des compétences informatiques.

La campagne est jusqu'ici efficace et utilise Facebook [en espagnol] aussi bien que Twitter. Durant les premières 45 heures de mobilisation, le groupe a atteint le nombre de 205 membres. Sur Twitter, la campagne se poursuit sous le mot-clé #internetlujo [en espagnol] (le luxe d'internet). De nombreux blogs et d'autres espaces numériques s'y sont ralliés. Le débat se déroulant sur la blogosphère vénézuélienne peut être observé de deux points de vue différents, car certains estiment que le nouveau décret est une tentative de limitation de la liberté d'expression tandis que d'autres considèrent que ce type de campagne tente de faire sonner l'alarme, alors qu'il n'y a pas d'urgence. Voici quelques exemples :

Sur son blog Signos Bajo la Luna, Holanda Castro fait la liste des blogueurs ayant publié des billets sur le sujet et dit ce qui se cache [en espagnol], à son avis, derrière le décret :

Es paradójico. Mi país se erigió como paladín del Software Libre y de la Apropiación Social de Internet, hace años, antes de que otros lo hicieran. Con un revolucionario Decreto presidencial -no por el partido, sino por lo que realmente significa la palabra revolución- decía en el 2000 que era (¿y acaso no lo es ahora?) prioritaria la sistematización de procesos de la administración pública a través de Internet.

Luego de pasar años en la clandestinidad, soñando con un “otro mundo es posible”, al llegar al poder l@s revolucionari@s se dan cuenta de que eso del poder no es como parece. Porque el poder no se comparte, o dejaría de serlo, no se cuestiona, o se debilitaría, no se discute, porque es infalible. Eso, hasta los surrealistas lo saben y sufrieron.

C'est paradoxal. Mon pays a fait figure de héros en matière de logiciels à code source libre et d'affiliation à Internet, des années avant que d'autres ne s'y mettent. Grâce à un décret présidentiel tout à fait révolutionnaire – et non pas à cause du parti politique, mais parce que c'était vraiment révolutionnaire – il a été décidé, en l'an 2000, de la systématisation de la mise en ligne des services publics (… et cela ne continue-t-il pas ?)
Après des années passées dans l'ombre, à rêver combien ” un nouveau monde était possible “, les révolutionnaires sont arrivés au pouvoir et, par conséquent, ont réalisé que cette chose appelée le pouvoir n'était pas ce dont elle avait l'air. Le pouvoir n'est pas fait pour être partagé, ou bien ce ne serait plus du pouvoir. Le pouvoir ne doit pas être mis en doute, car cela l'affaiblirait ; il ne doit pas être discuté, car il est infaillible. Même les surréalistes le savaient, et ils en ont souffert.

En revanche, Francisco Palm examine la question en partant d'un autre point de vue et pense que le nouveau décret a été mal interprété [en espagnol] :

El problema es la lectura tendenciosa del decreto 6649, porque poco les falta para decir que el gobierno está prohibiendo Internet, de hecho el correo que se está difundiendo tiene por Asunto “Limitan Internet en las Universidades”.

En el decreto 6649 se indica con claridad que la finalidad es “optimizar la racionalización del gasto en el sector público”. Yo creo entender que la palabra “optimización” (ya que doy clases de técnicas de optimización) no quiere decir que se prohíba o se elimine, sino que incluso en el caso de una actividad muy razonable y necesaria se requiere depurar la implementación de dicha actividad “haciendo el mejor uso de recursos escasos”.

La “campaña” debería estar dada en términos de INFORMAR y establecer claramente que es lo que eventualmente puede hacer de Internet un gasto suntuario, hablar de como la organización social puede ayudar a generar propuestas más “solidarias” (en el sentido económico que le damos en Venezuela).

Le principal problème vient de cette lecture tendancieuse du décret 6649. Ils disent presque que le gouvernement est en train d'interdire Internet. En fait, l'e-mail qui circule en ce moment a pour objet ” Internet limité dans les universités “.
Le décret dit clairement que le but principal est d’ “optimiser les économies dans le secteur public “. Je pense pouvoir comprendre la signification de ces mots puisque j'enseigne différentes techniques d'optimisation. Cela ne veut pas dire qu'Internet va être interdit ou éliminé ; cela signifie qu'il faut épurer ce domaine d'activité, même si c'est un domaine tout à fait normal et essentiel, et ” utiliser des ressources limitées d'une meilleure façon “.

La campagne devrait être dédiée à l'information et à la mise en valeur des éléments qui, clairement, peuvent être considérés comme des dépenses somptuaires en matière d'Internet. Ils devraient, dans leurs propositions, parler de comment une organisation sociale peut aider à susciter davantage de ” solidarité ” (au sens économique du terme, comme on l'entend au Venezuela).

L'idée du cyber-activisme est essentielle au débat public sur ce genre de problème, estime l'auteur du blog Enigmas Press [en espagnol]:

Hay momentos que nos involucran a todos. No importa que partido tomar. Y es aquí donde entra el activismo-blog, ya sea un blog de cocina, de deportes, de chistes.

Il y a des moments où nous sommes tous impliqués. Le parti que chacun prend n'a que peu d'importance. C'est là qu'interviennent les blogs et l'activisme ; qu'il s'agisse d'un blog consacré à la cuisine, aux sports ou aux blagues.

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