Le 21 mai, un court métrage sur la torture pratiquée au Centre de réadaptation spirituelle”Crna Reka” [en serbe, comme tous les liens] situé dans le sud-ouest de la Serbie, a été diffusé sur le site Web de Vreme (Le Temps), un magazine hebdomadaire serbe. Les patients de ce centre sont des toxicomanes, et son directeur est Branislav Peranovic, un prêtre orthodoxe serbe.
Presque tous les médias serbes ont rediffusé les horribles scènes du court-métrage, dans lequel Peranovic est montré en train battre brutalement l'un des patients avec un pelle et avec ses poings.
Le médiateur des citoyens serbes, Sasa Jankovic, est l'un des fonctionnaires qui a réagi très rapidement. Selon le site Web de Vreme, Sasa Jankovic a déclaré qu'il avait déposé plainte des accusations contre neuf personnes identifiées au Centre de réadaptation spirituelle “Crna Reka” près de Novi Pazar, pour charlatanisme, voies de fait et violences. Jankovic a également déclaré que, selon la vidéo, il est évident que les patients du centre ont été très sérieusement blessés et qu'il ne peut s'agir d’ un traitement ou d'une thérapie.
Les blogueurs serbes ont très rapidement réagi à ce reportage également, de même que des représentants du Centre de réadaptation spirituelle “Crna Reka” et l'Église orthodoxe serbe.
Ivan a seulement mis en ligne la vidéo sur son blog. Voici quelques-uns des commentaires:
Au départ, je me suis senti nauséeux.
Ensuite, j'ai dépassé ça et je me suis souvenu d'une conversation avec un de mes amis pour me rendre compte que ce n'est pas ce dont ça a l'air.
À savoir, il s'agit de gens qui sont sur un chemin sans retour. Pour eux et leurs familles, tout est plus acceptable que de continuer leur vie comme d'habitude. […]
Oui, tout ce que vous avez dit est juste, mais quand j'ai vu comment cet hippopotame lui a brisé la mâchoire, je me suis senti mal.
En comparaison avec les tortures que les toxicomanes ont subi à cause des vols et des crimes qu'ils ont commis, ce qui a été montré dans la vidéo représente une torture insignifiante. Si les toxicomanes cambriolent une voiture et volent sa radio, ils seront frappés plus encore. Enfin, demandez à des familles de toxicomanes combien de difficultés et de souffrances ils ont enduré et demandez leur si elles sont d'accord avec les méthodes du prêtre Branislav, et je sais pour sûr qu'elles n'ont rien contre. Il a accepté cette tâche avec tout son cœur et il essaie d'aider. Les actes de torture qui ont été montrés dans la vidéo sont une chose naturelle dans ces milieux, où il est très difficile pour un homme de penser rationnellement et humainement. En fin de compte, le centre “Crna Reka” n'est pas une source de toxicomanes, mais le lieu de la résurrection du Christ qui a saigné pour nous tous. Par la foi en Dieu, vous avez mon soutien absolu, Père Branislav.
Foxy Lady, 5/25/2009:
Je n'ai pas regardé cette vidéo, parce que je suis une jeune fille. J'ai seulement lu quelque chose sur le sujet.
Je ne sais pas comment les toxicomanes sont, et ne sais pas quels types de traitements sont utilisés dans les hôpitaux, mais je sais que s'ils ont battu un toxicomane, ils auront un toxicomane battu, mais pas un toxicomane traité en contrepartie.
C'est terrible, ces crétins doivent être arrêtés.[…] Qu'une personne soit toxicomane ou non, un tel acte n'est pas normal et n'a rien à voir avec un traitement. Ce qui est en train de se passer est une catastrophe.
Sur le site officiel du Centre de réadaptation spirituelle “Crna Reka” est publié le texte suivant, entre autres :
[…]La chronologie est simple. Biden arrive en Serbie. L'evêque Artemije ne lui souhaite pas la bienvenue dans le monastère de Dečani, car il représente les forces d'occupation. Les forces progressistes locales sont amères et utilisent la vidéo pour discréditer l'évêque Artemije, qui a donné sa bénédiction à la création du centre, ainsi que le père Branislav, qui est à la tête du centre depuis une dizaine d'années. […]
Les toxicomanes serbes seront-ils enfin reconnaissants à Biden pour tout ce qu'il a fait pour eux, ainsi qu'à la Serbie et au Kosovo et en Afghanistan? […]
La déclaration de Peranovic sur la chaîne de télévision serbe B92 a été publiée sur le site de Vreme :
«Nous avons parfois recours à la force, bien sûr, en accord avec les parents. Et les patients ont été avertis avant que nous ne tolérerons pas la violation de nos règles. Ceux qui ont un toxicomane à la maison savent bien de quoi je parle. “
Silja, l'un des patients du centre «Crna Reka” écrit :
Je suis Silja et j'ai été un patient du centre “Crna Reka” depuis le 29 octobre 2008. Je pense que je suis plus compétent que n'importe quel journaliste pour parler de ce sujet. J'ai un message pour tous ceux qui orchestrent les attaques contre les missionnaires orthodoxes du Centre de Réhabilitation “Crna Reka – les attaques auxquelles tous les médias en Serbie ont pris part : arrêtez de condamner le personnel du centre pour quelque chose dont ils n'ont pas d'expérience personnelle. Il est absolument faux que la torture est utilisée comme une thérapie. Si il ya une torture, elle est appliquée à un petit nombre de patients qui ne respectent pas les règles en vigueur dans le centre et qui empêchent chacun d'entre nous de se soigner. Il est strictement interdit d'introduire des médicaments dans le centre, tout type de conflits physique, ainsi que les vols, les insultes, les fugues sont interdits. Chaque violation de ces règles doit être punie. Cela arrive rarement, et les punitions ne sont utilisées qu'en cas de besoin. Il y a beaucoup de patients dans le centre et si les règles ne sont pas respectées, ce serait le chaos là-bas. Vous devez savoir que le toxicomane est prêt à faire quoi que ce soit quand il est en crise.
Le blogueur serbe Markos a écrit sur son blog ,sur le site Web Trista cuda :
[…] Certains des parents qui étaient dans le camp hier ont un avis totalement différent de la majorité de la population quant à la brutalité des méthodes de rééducation des toxicomanes. […]
Markos cite une déclaration de Vera, de Novi Sad, la mère de l'un des patients:
Mon fils a vécu ici pendant quatre ans. S'il n'était pas venu au centre, il n'aurait pas survécu. J'ai acheté une corde pour lui et je lui ai dit qu'il devait se pendre s'il ne pouvait pas vivre sans drogues. “
Elle a ajouté qu'elle était contre la torture. Mais le traitement à l'Institut de lutte contre les toxicomanies n'a pas aidé son fils. Il est sorti de là, après [avoir pris neuf sortes de médicaments, mais il est resté toxicomane].
Le blogueur Nikola Knezevic a cité une déclaration du Saint Synode des Evêques de l'Eglise orthodoxe serbe, dont voici un extrait :
Le Saint-Synode des Évêques de l'Église orthodoxe serbe a appris avec surprise et regret la nouvelle de la violence envers les patients toxicomanes du monastère Crna Reka, dans l'éparchie du Rasko-Prizrenska. Les faits qui ont été présentés et reconnus par un prêtre sont des preuves irréfutables de la violence qui est absolument étrangère à l'esprit évangélique et à la mission de l'église.
De ce fait, le synode appelle l’ évêque Artemije à cesser immédiatement les actions illégales et de porter plainte en justice contre les membres du clergé qui ont commis les actes de violence. […]
Knezevic a conclu son billet en ces termes :
Ce qui a étonné et choqué autant que l'incident est le niveau élevé de masochisme des parents. En vertu du principe « la fin justifie les moyens », ils étaient tous indifférents ou soutenaient la façon dont leurs enfants ont été traités dans le centre “Crna Reka”. C'est certainement l'un des signes inquiétants que la violence est devenue acceptable dans notre société.