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Équateur : L'évaluation des maîtres d'école

Catégories: Amérique latine, Equateur, Education, Gouvernance, Technologie, Travail

La réforme du système scolaire en Équateur était un des objectifs du gouvernement actuel, et maintenant, dans ce cadre, il s'intéresse à la performance des maîtres dans les écoles publiques du pays. L'exécutif vient de signer une nouvelle loi [1] ( en pdf ) demandant à tous les maîtres de passer un test d'évaluation dans la semaine du 25 mai. Cependant, l'Union nationale des enseignants [2] (UNE, sigle en espagnol)[en espagnol comme tous les blogs cités]  fait de la résistance et a ouvertement défié cette injonction en soutenant qu'il n'est pas clair si cet ordre est légal. Seulement un faible pourcentage de ses membres se sont soumis au test d'évaluation. L a question est maintenant de savoir si les enfants ont actuellement la meilleure qualité d'enseignement de la part de leurs maîtres.

Unionized teachers marching for a salary increase on the streets of Machala, province of El Oro, Ecuador. Photo used under permission by http://www.diariocorreo.com.ec

Des enseignants membres de l'UNE en marche pour une augmentation de salaires dans les rues de Machala, dans la province d'El Oro, en Équateur. Photo publiée avec la permission de http://www.diariocorreo.com.ec

De nombreux membres au sein du syndicat expriment leur point de vue sur cette évaluation. Le blog UNE de Carchi [3], par exemple, a commencé un mouvement de protestation pour soutenir les écoles qui ont refusé de pratiquer l'évaluation [4] .

David Guamba du blog Ecuador Noticias explique [5] en quoi consiste l'évaluation et pourquoi les enseignants ont peur:

Según el Ministro del ramo, Raul Vallejo, se aplicarán dos tipos de evaluaciones: interna y externa. La interna la realizan colegas, directivos, estudiantes, padres y madres, y el mismo maestro (autoevaluación); además se realiza la observación de una hora de clase. Todas estas evaluaciones internas suman el 50 por ciento de la calificación. Por otra parte está la evaluación externa, que consiste en la aplicación de pruebas sobre conocimientos específicos que tendrán un peso del 30 por ciento, prueba de conocimientos pedagógicos que tendrá un peso del 10 por ciento y prueba de habilidades didácticas que tendrá un peso del 10 por ciento de la calificación total.

Los docentes que obtengan una evaluación final mayor a 90 por ciento (excelente) accederán a becas o pasantías, serán maestros en programas de capacitación, y recibirán un estímulo económico de 1.200 dólares cada año, hasta la nueva evaluación, que será después de cuatro años.

Selon le Ministre de l'éducation, Raul Vallejo, il y aura deux types de tests d'évaluation : un interne et l'autre externe. L'évaluation interne sera effectuée par des collègues, des superviseurs, des élèves, des parents et les enseignants eux-mêmes (auto-évaluation) et elle inclura une heure d'observation en classe. Toutes ces évaluations compteront pour 50 pour cent de la note totale. Il y a aussi l'évaluation externe, qui consiste à vérifier les connaissances spécifiques ( 30 pour cent du total des points),  les connaissances pédagogiques ( 10 pour cent ) et  contrôler les compétences didactiques (10 pour cent).

Les enseignants qui obtiendront un résultat supérieur à 90 pour cent (excellent) auront droit à des bourses et à des stages. Ils seront engagés comme professeurs dans les programmes de formation des enseignants et recevront une “motivation économique” de 1 200 dollars US par an, jusqu'à ce que ce programme se termine, c'est-à-dire dans quatre ans.

Les professeurs qui ne passeront pas avec succès la première évaluation seront soumis à un programme de formation d'une durée d'un an, après laquelle ils auront une nouvelle opportunité de repasser le test d'évaluation. C'est seulement alors, s'il ou elle ne le réussit pas, que l'enseignant(e) sera renvoyé(e) de l'enseignement.

Belem Proaño du blog Temas Para Debatir admet que refuser de se faire évaluer a un impact négatif sur les enseignants et ce refus est perçu comme une résistance au changement [6], expérience que le pays est en train de traverser :

La educación es un tema muy sensible dentro de una sociedad porque tiene relación con su futuro. Si los maestros se niegan a ser evaluados, más bien presionados por su sindicato, se enfrentan a una imagen mediocre frente a los ciudadanos. Este es un tema muy comentado en el país pero todo se ha quedado prácticamente en la polémica.

Personalmente pienso que ningún profesional debería tener miedo a una evaluación porque las evaluaciones no son represiones sino un instrumento que permite conocer la realidad de la educación. Con ello las medidas que se tomen o las planificaciones que se realicen serán más exactas o menos propensas al error.

L'éducation est un sujet sensible pour la société parce qu'elle est liée à son avenir. Si les enseignants refusaient de se faire évaluer, comme le leur demande l'Union, ils risqueraient de se créer une mauvaise image aux yeux de leurs compatriotes. C'est un sujet qui suscite de vives discussions dans le pays, mais tout reste encore controversé.

Personnellement, je pense qu'aucun professionnel ne devrait avoir peur de se faire évaluer parce que les tests ne relèvent pas de la répression, mais c'est plutôt un outil qui permet de connaitre la réalité de l'enseignement. Avec ces mesures, la planification sera plus précise et moins sujette à des erreurs.

Cette résistance est en train de soulever des débats sur le rôle de l'Union des enseignants et on se demande si elle n'a pas de motivations politiques. Même le blogueur Ecuador Sin Censura qui est ouvertement contre le gouvernement du président Rafael Correa, pense que celui-ci a raison de résister à l'Union, qui a des relations étroites avec le Mouvement politique démocratique (MPD) [7].

L'ancien Ministre de l'éducation, Alfredo Vera Arrata, [8] critique le MPD dans son blog parce que 30 membres de ce parti qui sont présumés être des enseignants, bien qu'ils n'aient jamais mis les pieds dans une classe, sont en train de manipuler la situation [9] et de percevoir des salaires. Vera est un des partisans de la réforme, comme le Ministre actuel de l'éducation Vallejo, qui est derrière l'initiative de création d'un mouvement opposé à l'UNE. Le Front unitaire des travailleurs de l'éducation (FUTE)  a été accusé de vouloir diviser la UNE [espagnol] [10], qui est plus importante. Cette nouvelle organisation compte 40 000 membres [11] et représente une alternative à l'UNE.

Alors que le soutien à l'évaluation se renforce, les enseignants jouissent encore de sympathie dans tout le pays. Le journaliste Fernando Balseca du quotidien El Universo [12] soutient que le gouvernement oublie que les enseignants sont mal payés et que le pays n'avait jamais eu un Ministre de l'éducation qui provienne de l'enseignement. Il remarque aussi avec ironie que les dirigeants du mouvement contre l'évaluation proviennent des mêmes écoles et souvent ont été élèves des maîtres qui sont menacés de licenciement aujourd'hui, s'ils ne se soumettaient pas aux tests d'évaluation.

Cependant, des critiques s'élèvent contre le Président Correa pour sa gestion des manifestations et du processus d'évaluation. Par exemple le blogueur Ecuador Sin Censura ne voit pas pourquoi le gouvernement invoque le paragraphe sur les enseignants de l'article 38 comme base pour licencier des enseignants [13]qui refusent de se soumettre aux tests d'évaluation. Selon ce paragraphe, des enseignants peuvent être licenciés pour incompétence démontrée mais le refus de se soumettre à un test n'est pas une preuve.

Finalement, Julio C. Enriquez du blog Ultimatum pense que l'action du Président Correa a des limites [14] et invite les partis au dialogue. Il se demande pourquoi M. Correa, au lieu de défier les dirigeants syndicaux et les membres de l'UNE, n'appelle pas au dialogue et ne permet pas aux enseignants de se faire écouter et de présenter leurs propositions de manière à ce qu'ensemble ils puissent trouver la solution la meilleure pour le système éducatif de l'Équateur:

Siendo así las cosas ¿Porqué Correa aparece altisonante, con una política de amenazas hacia los profesores de la UNE, francamente tonta. ¿Por qué no convoca al magisterio a un gran diálogo nacional para enfrentar juntos el desafío de transformar para siempre el pesado fardo de una educación básica preterida por todos los gobiernos de turno? ¿Por qué Correa no interroga a la UNE acerca de que propuesta tiene para transformar la educación y la compara con su visión del mundo ahora que como máximo representante de su clase social –la pequeña burguesía progresista–,se erige en clase dominante en el poder? ¿Por qué el método de choque?

Dans la situation actuelle, pourquoi M. Correa fait-il preuve de grandiloquence avec des menaces contre les enseignants de l'UNE? Franchement, c'est grotesque ! Pourquoi n'invite-t-il pas les enseignants à un dialogue national pour relever ensemble les défis du lourd héritage de l'éducation de base, jusqu'à présent ignoré par les gouvernements, une fois pour toute ? Pourquoi M. Correa ne demanderait-il pas à l'UNE de faire des propositions pour la réforme de l'éducation, pour les comparer avec sa vision personnelle du monde de l'éducation, maintenant qu'il est le plus haut représentant de la classe sociale – la classe de la petite bourgeoise qui est en train de devenir graduellement la classe dominante du pouvoir ? Pourquoi ce choix de la confrontation ?

Les dirigeants de l'UNE vont célébrer la conférence du Conseil national de l'Education lundi 1er juin pour débattre des stratégies pour les actions futures, et ils appellent déjà à une marche le 11 juin. M. Rafael Méndez pense participer à un rassemblement que le président Correa organise à Guayaquil le 29 mai pour défendre son projet de tests d'évaluation. M. Méndez est de l'avis qu'il est important de soutenir le Président et il révèle que 12 000 maîtres (membres de l'UNE) percevraient leur salaire sans même travailler. Il ajoute :

de ser así, ellos no tendrían autoridad moral para dejar de año a los estudiantes que se nieguen a hacer exámenes en los colegios.

ainsi, ils (les maîtres) n'ont pas l'autorité morale de faire redoubler leurs propres étudiants qui refuseraient de se soumettre aux tests scolaires.