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Moyen Orient : Les blogueurs réagissent au discours d'Obama

Catégories: Amérique du Nord, Arabie Saoudite, Bahreïn, Etats-Unis, Israël, Palestine, Syrie, Histoire, Politique, Relations internationales, Religion

Certains le décrivent comme “le chef auto proclamé du monde”. D'autres remettent en question le choix du lieu de son discours, au point de faire la sourde oreille au discours : les blogs dans tout le Moyen Orient réagissent au discours politique sur le Moyen Orient du président américain Barack Obama, qu'il vient de prononcer au Caire, en Égypte.

Après avoir écouté le discours, Stiletos in the Sand [1] [tous les liens sont en anglais], un Américaine qui travaille en l'Arabie Saoudite, écrit :

54 minutes et 22 secondes .. que je ne récupérerai jamais de ma vie. Le discours du Caire du jeja est ici, en quatre parties. Il n'y a pas vraiment de raison pour les autres chefs du monde de continuer de diriger leurs petits territoires. Il semble que le jeja a tout en main et qu'il sera le premier chef du monde auto proclamé dorénavant. Oh, oui. Il énumère toutes ses aspirations qu'il croit réalistes dans le monde et dont la réussite repose sur le travail accompli “ensemble”.  Ne le croyez pas  une seconde. Si ses lèvres bougent, il ment. Mon Dieu.

Le discours a laissé froid aussi le Syrien Khaldoun Jarbou [2] mais il écrit :

Je ne vois rien de nouveau dans le discours d'Obama, et en plus, ceux qui ont suivi sa  campagne présidentielle constateront que ce discours contient les mêmes idées qu'il a épousées en route vers la Maison Blanche, mais en tout cas, j'ai apprécié le choix de certains mots. Je parle des mots “violence” et “extrémiste” au lieu de “terrorisme” et “terroriste”.

Le Bahreïni Mahmood Al Yousif [3] songe tout haut au lieu du discours :

Je me demande de nouveau pourquoi Obama a choisi d'honorer les régimes les plus répressifs du Moyen Orient, pas seulement de sa présence, mais aussi pour s'en servir comme rampe de lancement pour sa vision utopique d'un Moyen Orient pacifique et démocratique ?  C'est une illusion qui demeurera aussi illusoire qu'un mirage dans le désert pour nous au Moyen Orient.

Et alors, j'essaie de trouver une alternative parmi les 22 pays arabes dont il aurait pu se servir, mais je n'arrive pas à  trouver un seul pays qui serait digne d'une telle occasion.

Quant au discours lui-même, Al Yousif ajoute :

Quoi qu'il en soit, il a abordé les éternels sujets ; de la Palestine jusqu'aux droits de femme et de la liberté d'expression aux gouvernements démocratiques, et bien sûr, le rejet du terrorisme et la liberté de religion. Ce sont des sujets que d'habitude tout président américain – et tout chef d'État d'état  -aborde, même si ce n'est pas avec une telle éloquence et empathie. Mais jusqu'ici, pas de mesures concrètes pour réaliser ces résolutions. Pour certaines raisons, un “intérêt partagé” s'y glisse et toutes les promesses sont mises de côté sur l'étagère,  ou oubliées, jusqu'au moment où elle sont réanimées, lors d'une nouvelle ascension au trône.

Une autre Bahreïni, Esra, qui écrit sur Mideast Youth [4], explique pourquoi elle n'a pas regardé le discours :

Comme arabe et musulmane, je ne pouvais tirer aucun bienfait de ce qu'Obama a à dire. J'en ai assez de ces discours et paroles et éloges et promesses ennuyeux dont personne, pas même le public ciblé, ne se montre à la hauteur. Même si je n'ai pas regardé le discours, par manque d'intérêt, je me suis connectée à Twitter et j'étais franchement dégoûtée par le battage médiatique, la façon dont on louait ses paroles sans y réfléchir, comme s'ils ne comprenaient pas les sources de nos problèmes pour commencer. Obama était là en train de “réparer les trucs”, tout en réduisant nos problèmes à la taille d'une note en bas de page.

Je soutiens Obama, du moins si je le compare avec ses collègues bellicistes. Mais nous n'avons pas besoin de sa direction, ni de celle d'autres d'ailleurs.

En Israël, Gresghom Gorenberg, qui écrit sur South Jerusalem [5], estime que le discours a changé l'Histoire :

Barack Obama aime changer le sens de l'histoire, et ça, c'est bon.

Aujourd'hui, par exemple, est le 42ème anniversaire de la Guerre des Six Jours. Dès lors, le terme “la ligne du 4 juin” a fait référence à la frontière terrestre entre Israël et ses voisins arabes à la veille de la guerre – pas les lignes dessinées sur les cartes, mais les lignes gravées par les positions militaires avancées. Sur le front syrien, par exemple, les positions réelles ne s'alignaient ni avec la frontière internationale entre la Palestine et la Syrie d'avant 1948, ni avec celle des accords de l'armistice de 1949. Les petites distances sur la terre font les grands problèmes lors des pourparlers de paix.

Depuis hier, cependant, le 4 juin signifie quelque chose de complètement différent. Il fait maintenant référence au jour où Barack Obama a choisi de parler au Caire. “La ligne du 4 juin” signifie dorénavant la façon de penser dont le président s'est servie pour la réconciliation entre les États-Unis et le monde musulman, et chemin faisant, entre Israël et les Palestiniens.

Sur le discours, Gorenberg écrit :

Pour nous, son message était très, très “à l'Obama” : d'abord, je reconnais votre histoire. Ensuite, il est temps que chacun de vous reconnaîsse l'histoire de l'autre, que vous arrêtiez de croire que la reconnaissance de la souffrance des autres effacera la vôtre. Et maintenant que vous avez reconnu l'histoire, arrêtez de la tenir comme si elle contenait un courant électrique, comme si votre main était paralysée dessus. Avancez. Assurez-vous que l'histoire est l'histoire – le texte qui explique comment on est arrivé jusqu'ici – et arrêtez de la traiter comme un présent qui se répéte sans cesse.