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Pérou : Où sont les responsables du massacre de Bagua ?

Catégories: Amérique latine, Pérou, Cyber-activisme, Droit, Droits humains, Ethnicité et racisme, Gouvernance, Guerre/Conflit, Manifestations, Politique

Les récents et dramatiques événements survenus dans la ville péruvienne de Bagua [1], située dans la jungle amazonienne du pays, ont provoqué une vive réaction de la blogosphère du Pérou. Beaucoup de blogs critiquent le Président Alan García et son gouvernement pour leur incapacité à appliquer les traités et les accords qui exigent que  les communautés autochtones soient consultées avant toute action sur leurs terres. C'est précisemment cela  qui a conduit aux manifestations et aux barrages routiers et qui provoqué les affrontements dans lesquels de nombreux membres des communautés indigènes et des forces de police ont été tués. Des critiques sont aussi faites aux médias pour la manière dont ils traitent actuellement la situation et pour les analyses que certains journaux publient,  minimisant la mort des indigènes.

Silvio Rendón du blog Gran Combo Club [en espagnol, comme tous les blogs cités]  critique la négligence du gouvernement dans l'application des clauses du Traité de libre échange avec les États-Unis et les Conventions du Bureau international du travail, qui stipulent qu'il doit y avoir une consultation des communautés indigènes pour l'utilisation de leurs terres [2]. Et il poursuit :

El tema no es la inversión ni nacional ni extranjera, sino que se respeten los derechos de las comunidades nativas. Si el asunto arranca violando sus derechos, ¿por qué las comunidades tendrían que creer que la violación de sus derechos no va a seguir?

El gobierno accedió al diálogo en medio de la protesta nativa, con los bloqueos ya en marcha. Sin embargo, de repente el gobierno decide que no va a hacer nada si la medida de fuerza continúa. Un repentino cambio de reglas. Y además, ¿qué puso sobre la mesa todo este tiempo? ¿Consulta a los nativos? No. Modificaciones cosméticas de las leyes rechazadas por los nativos. Entretanto, varios decretos han sido declarados inconstitucionales por la Defensoría del Pueblo como por la Comisión de Constitución del Congreso. No es que los nativos no tengan razón. El gobierno viene forcejeando por leyes que han sido declaradas inconstitucionales.

Il ne s'agit pas de savoir si ce sont des investissements nationaux ou étrangers, mais que les droits des communautés locales doivent être respectés. Si cela viole les droits de ces communautés, pourquoi devraient-elles croire que ces violations ne continueront pas ?

Le gouvernement accepte le dialogue alors que les manifestations, avec des barrages routiers, sont déjà en cours. Cependant, le gouvernement a soudainement décidé de ne rien faire si les actions continuaient. Un brusque changement des règles ! En outre, qu'a-t-il mis sur la table des négociations pendant tout ce temps ? Avez-vous consulté les autochtones ? Non, seulement des modifications cosmétiques des lois, déjà refusées par les indigènes ! En même temps, plusieurs décrets ont été déclarés inconstitutionnels par le médiateur des citoyens et le Comité constitutionnel du Congrès. Ce n'est pas que les indigènes n'aient pas raison. Le gouvernement continue de se démener avec des lois qui ont été déclarées anticonstitutionnelles.

Sur son blog Conflictos Sociales en el Perú , Erick Garcia renouvelle ses critiques contre le gouvernement pour son rôle dans le conflit et son manque de prévoyance dans cette crise [3]. Malgré les informations dont disposait le gouvernement, et celles diffusées grâce aux reportages des médias, on savait que des populations étrangères à la région se sont jointes aux manifestations :

Ahora me pregunto si un par de Decretos Legislativos valen todo el odio y dolor que generarán estas muertes. Se podrá ahora hablar de una solución pacifica y concertada con tantas muertes a cuestas (sobre todo cuando ya la Ministra del Interior ha declarado que Pizango y compañía deben ser detenidos y puestos a disposición de las autoridades – RPP 16:30) Lamentablemente comenzará la casería por encontrar a los responsables “políticos” e “ideológicos” de esta masacre; qué actitud que tomará el parlamento respecto a los decretos aún es incierto (seguramente estarán pensando más en la censura ministerial que en otra cosa); lo único claro es que el tema de fondo que en algún momento pudo discutirse “el modelo de desarrollo amazónico” solo sabe Dios cuando volverá al debate público.

Maintenant, je me demande si quelques décrets législatifs valent toute la haine et toutes les souffrances qui ont causé ces morts. Nous pouvons maintenant parler de résolution pacifique du conflit au prix de tant de morts (surtout après que le Ministre de l'intérieur ait affirmé que [le leader des manifestants indigènes) Pinzago, et d'autres ,devraient être arrêtés et traduits en justice – Conf, la dépêche de 16h30 de RPP). Malheureusement, la chasse aux responsables “politiques” et “idéologiques” de ce massacre va commencer ; la position que le Parlement  prendra sur ces décrets n'est pas encore claire (sûrement, les députés pensent plus à une censure ministérielle qu'à autre chose). La seule chose claire est que le problème de fond qui aurait du être débattu, “le modèle de développement de l'Amazonie”, Dieu  seul sait quand il fera à nouveau l'objet d'un débat public.

Un expatrié péruvien qui vit en Espagne, Jomra critique sans équivoque le Président García [4], qui a déclaré [5]que les manifestants avaient tort et qu'ils ne pouvaient pas dire à 28 millions de Péruviens qu'ils n'étaient pas les bienvenus dans cette région, qu'en faisant cela, ils entraient dans l'irrationalité et dans “un repli primitif”. Jomra écrit à propos du Président García :

No solo es mentiroso, sino que es intolerante e ignorante de la propia Constitución y los tratados que Perú ha firmado. … Pero lo importante es el fondo: El presidente asume que puede aplastar lo que la Constitución y el Convenio OIT nº 169 Sobre Pueblos Indígenas y Tribales en Países Independientes (de 1989, entró en vigor en el 91 y Perú lo ratificó en el 94), en la primera se establece una entidad jurídica especial para las Comunidades nativas y campesinas que el ejecutivo debe respetar y en el segundo se obliga a que toda decisión que afecte a las comunidades sea previamente consultada. El DL 1090 no lo ha sido.

García cada vez que puede acusa a la dirigencia de las comunidades de manipular a los pobres ignorantes, a la vez que pone que todo esto está orquestado por otros países, no se atreve a acusar a Venezuela pero indica que a quien conviene es a Chile (supongo que en el vecino del sur se mueren de risa al oír los despropósitos de García).

Non seulement c'est un menteur, mais il est intolérant et il ignore la Constitution ainsi que les traités que le Pérou a signés…. Mais le plus important, c'est le fond : Le président pense qu'il peut ignorer le contenu de la Constitution et de la Convention No 169 du Bureau International du Travail sur les Indigènes et les populations tribales dans les pays indépendants (celle de 1989, entrée en vigueur en 1991 et ratifiée en 1994 par le Pérou). La Constitution garantit un statut légal spécial aux peuples et aux communautés indigènes, ainsi qu'aux paysans. La deuxième exige que toute décision affectant le mode de vie de la communauté soit prise après consultation avec elle. Le décret 1090 a été pris sans aucune consultation.

Chaque fois que le Président García peut accuser les dirigeants des communautés de manipuler les pauvres, il le fait. En même temps, il soutient que tout est orchestré par d'autres pays. Il n'hésite pas à accuser le Vénézuela, mais il dit que cela sert les intérêts du Chili (je suppose que nos voisins du Sud meurent de rire en entendant ces mensonges).

Amazilia Fracaso du blog Perú Apartheid écrit à propos de l'impuissance de la société péruvienne [6] dont l'un des symptôme est que toutes ces morts auraient pu être évitées. Elle critique aussi les médias pour le rôle qu'ils ont joué lors de cette crise.

También lo es que la indiferencia e incluso la justificación de muchos comentaristas y bloggers, que haya gente que es capaz de aceptar estas muertes como necesarias para mantener el orden y el desarrollo significa que aún estamos muy lejos de ser un país que pueda caminar hacia adelante.

Es vegonzoso como los medios de comunicación como Peru21, El Comercio, RPP, desinforman a la población y se dedican a poner a la opinión pública en contra de las protestas sociales, ya sea minimizando las muertes que los nativos han sufrido, escondiendo información o exagerando y dandole un spin tétrico a las noticias. Esto también pasa con alguna prensa internacional, Simón Romero del NYT hace una nota sobre la protesta, mezcla el conflicto con Sendero Luminoso, (y) presenta a los nativos como anti-desarrollo.

C'est aussi l'indifférence, voire la justification donnée par certains commentateurs et blogueurs -qui sont capables d'accepter ces morts comme nécessaires pour maintenir l'ordre et assurer le développement – qui montre que nous sommes encore loin d'être un pays en train de progresser.

C'est honteux que des médias comme Peru21, El Comercio et RPP, désinforment les lecteurs et s'appliquent à détourner l'attention de l'opinion publique des manifestations sociales, soit en minimisant le nombre de morts parmi les indigènes, soit en cachant l'information ou en donnant un ton différent aux nouvelles. Ceci se vérifie aussi avec les médias internationaux, Simon Romero, du New York Times, [7] écrit un reportage sur les manifestations, mais mélange ce conflit avec celui du Sentier lumineux (et) présente les indigènes comme étant contre le développement.

Des vidéos des événements sont disponibles [8] sur YouTube ainsi qu'une série de photos sur Flickr [9], réalisée par le Coordinateur national pour les Droits humains (Avertissement : ces images sont dures et peuvent heurter les personnes sensibles).