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Afrique du sud : Célébration du Jour de la jeunesse et du souvenir

Catégories: Afrique du Sud, Droits humains, Ethnicité et racisme, Manifestations, Musique, Politique

Le 16 juin, qui est fêté aujourd'hui comme le Jour de la jeunesse en Afrique du sud, est aussi le jour du souvenir. Le 16 juin 1976, des soulèvements ont eu lieu dans les townships de Soweto [1] [en anglais] à cause des lois qui rendaient obligatoire l'enseignement en afrikaans. [2]

Au matin du 16 juin 1976, des milliers d'élèves noirs sont partis de leurs écoles pour défiler dans le stade Orlando  lors d'une manifestation contre l'adoption de l'Afrikaans comme langue d'enseignement dans les écoles. De nombreux élèves qui ont participé plus tard aux manifestations étaient arrivés dans leurs écoles ce jour-là sans savoir qu'elles auraient lieu, mais ils y ont pris part.

On estime le nombre de victimes de cette révolte à entre 300 et 600 personnes, et elle devint un moment symbolique dans la lutte contre l’apartheid [3].[en français]

Un auteur livre ses réflexions [4]sur cette journée sur le blog Redemption Time (Temps de la rédemption)[en anglais, comme tous les blogs cités] :

Je pourrais dire beaucoup de choses sur cette journée, mais je me limiterai à faire des remarques sur quelques points seulement. Dans toute l'histoire, le système de l'apartheid et ce qu'il a fait au peuple et à la jeunesse, qui ont été opprimés durant toute sa durée, restera pour toujours une des pires tragédies qui soit arrivée à l'humanité. Je m'incline donc devant les jeunes qui ont, ce jour-là, défié les forces de l’ apartheid en rejetant le bantou et l'afrikaans  comme langues d'enseignement en 1976. Hector Peterson et ceux qui étaient à ses côtés, debout pour défendre leurs droits, seront honorés pour toujours dans ce pays.

Sur le blog Platform, un autre auteur écrit [5]sur la commémoration de la rébellion du 16 juin et sur la musique comme forme de protestation :

La nation Hip-Hop doit savoir que le 16 juin, un enfant nous a été donné, sous la forme d'une légende du rap, un génie du rap naquit d'un activiste politique, Afeni Shakur, et la nation Mzansi doit aussi savoir que ce jour de 1976, un fait marquant de l'histoire a eu lieu. C'est une bénédiction de commémorer cette date non seulement en tant que jeune Sud-africain mais aussi comme fan de Hip-Hop. La musique que nous écoutons nous apporte autant d'esprit de révolte que les jeunes combattants pour la liberté qui ont déversé leur rage dans la rue. Ils ont combattu pour une cause différente, importante pour leurs combats politiques mais avec les mêmes intentions de libération que la jeunesse d'aujourd'hui. Certes, nous pourrions ne pas être aussi mobilisés que ces jeunes de 76 mais la vérité est que nous avons les mêmes aspirations, nous avons besoin de notre liberté, cela s'est vu pendant les élections d'avril au cours desquelles la majorité des jeunes ont voté. Nous sommes venus ensemble pour défendre notre liberté, nous avons voté parce que nous voulions faire entendre notre peine et notre combat. Après  avoir vu nos intentions en danger de dévier vers la xénophobie, la criminalité, l'abus de drogues, nous avons combattu de façon positive,  comme le fit Hector Peterson qui s'est rebellé contre le système d'éducation bantou, nous avons porté notre combat jusque dans les bureaux électoraux.

Fabulosity écrit [6] que le mouvement dépassait la seule contestation de l'enseignement en afrikaans :
Cependant, il ne s'agissait pas tant du rejet de l'afrikaans que de tout le système d'éducation bantoue qui était caractérisé par des écoles et des universités ségréguées, avec une mauvaise qualité des infrastructures, des classes en surnombre et une préparation inadéquate des maitres.

Thando Tshangela intervient [7]sur les conséquences de la révolte :

Ce fut le début d'une ère d'activisme de la jeunesse et des étudiants qui a eu son point culminant dans les révoltes des années 80 dans les banlieues noires, ainsi que dans la crise de l'éducation et de l'enseignement, qui a porté le combat dans les rues. Les buts étaient de rendre le pays ingouvernable et de s'assurer que la liberté soit obtenue à tout prix, même si cela signifiait que leur éducation allait en pâtir. Leur devise était “La liberté d'abord, l'éducation après”.