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Venezuela : les relations avec l'Iran

Catégories: Amérique latine, Iran, Venezuela, Relations internationales

La blogosphère vénézuelienne a été à la fois touchée et émue par les derniers développements en Iran. Certains blogueurs ont tenté d'établir des comparaisons avec des évènements similaires au Venezuela, d'autres ont présenté leur point de vue à propos du soutien exprimé par le président Hugo Chavez au président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

 

Bolivar à Téhéran

Statue du libérateur sud-américain Simon Bolivar à Téhéran. Photo par Eshare utilisé sous licence Creative Commons : http://www.flickr.com/photos/rshoraka/1244078060/

Sur son blog Venezuela's News and views, Daniel critique ce soutien [1] [en anglais] et apporte son éclairage sur l'analyse des médias étrangers en ce qui concerne l'alliance avec l'Iran :

(…) [le soutien] de Chavez à Ahmadébilejad  ne signifie pas celui du Venezuela à l'Iran (…)

Mais l'important journal de centre gauche Le Monde a bien noté que non seulement Chavez est à peu près le seul dirigeant occidental à se tenir solidement aux côtés d'Ahmadinejad (certes, il a triché aux élections depuis au moins 2003) mais que ce soutien ne devrait surprendre personne et devrait être considéré comme inquiétant. Cela va sûrement plaire à l'intelligentsia française de gauche (et à la droite faiblarde aussi). Je suis toujours aussi étonné de la manière dont Chavez réussit à mettre les pieds dans le plat au pire moment. Mais grâce au pétrole, jusqu'à maintenant, les retours de bâton ont été limités. Voyons ce qu'il advient maintenant.

Pendant ce temps, Juan Cristobal sur son blog Caracas Chronicle pratique l'iran-analogie dans ce comparatif de scénarios [2] [en anglais] et se demande si des leçons peuvent être tirées de l'expérience du Venezuela lors de l'élection présidentielle de 2006. Il écrit qu'il n'y a pas de happy-end :

Malheureusement, s'il y a un enseignement à tirer de l'expérience vénézuélienne, c'est qu'il n'y a pas beaucoup d'espoir pour les soutiens iraniens de Moussavi. Je ne suis pas un expert de l'Iran, mais si j'en juge par ce que nous avons connu, ce lent ballet Kabuki sera une longue tragédie sans résultats substantiels. Nous avons appris depuis longtemps à ne pas sous-estimer la capacité d'une dictature pétrolière à ignorer ce qui se passe dans la rue. Marcha no mata mullah, chamo, y Twitter no mata dictadura (Les marches ne tuent pas les mollahs et Twitter ne tue pas les dictatures). Allez demander aux moines birmans.

(…)

L'autre leçon porte sur le pouvoir des médias alternatifs à contourner la censure officielle. Alors que nous voyons la dernière chaîne de télévision indépendante du Venezuela rechercher un peu d'air, il est facile de croire que sa disparition signifierait la fin de la possibilité d'un changement de régime.

Mais le monde change, et les médias anciens ne sont plus les seuls médias ici. Le rôle des médias alternatifs tels que Facebook ou Twitter ou (pourquoi pas) les blogs dans la crise actuelle devrait être soigneusement analysé, en particulier par la pitoyable opposition vénézuelienne.

Dans son article Venezuela, Iran's Best Friend ? [3] (Venezuela, le meilleur ami de l'Iran ?) [en anglais], Alex Holland examine les relations entre les deux pays, y compris le fait que le Venezuela était l'un des seuls pays à s'opposer à la mise en cause de l'Iran devant le conseil de sécurité des Nations-Unies à propos de ses activités nucléaires. En tout cas, les relations incluent une coopération dans l'industrie pétrolière. L'Iran aide le Venezuela à développer certaines de ses ressources naturelles par le biais de ces accords. Quoi qu'il en soit, Holland souligne que certaines affirmations des médias ne rendent pas fidèlement compte de cette relation [NdT : le billet cité date de mars 2006] :

Un article récent du journal conservateur américain Washington Times titré “Le Venezuela essaye d'obtenir des technologies nucléaires” donnait l'impression que le Venezuela était sur le point de recevoir des armes nucléaires de l'Iran afin de les utiliser contre les États-Unis.

Le général James Hill, chef du U.S. Southern Command [4] affirma que le Venezuela apportait son soutien à des “groupes terroristes islamiques” dans l'un de ses sites touristiques majeurs, l'île de Margarita. Cela fut immédiatement et facilement démenti par des journalistes visitant les sites concernés.

Malgré ces étranges affirmations des États-Unis, les raisons de l'alliance du Venezuela avec l'Iran sont motivées par d'autres choses que le désir de faire part d'un “bloc islamique” contre les États-Unis.

(…)

Les deux pays ne partagent pas tous leurs objectifs en politique étrangère. Le Venezuela est plus qu'heureux de faire des affaires avec un pays dont le président iranien disait récemment qu'il devrait être “rayé de la carte”.

Israël a reçu des millions de dollars du Venezuela durant les dernières années. Cet argent a servi à payer des armements tels que des missiles anti-aériens. Israël aurait dû recevoir 100  millions de dollars supplémentaires l'année dernière pour effectuer la maintenance des chasseurs F16 du Venezuela si le gouvernement américain n'avait pas bloqué ce marché.

Chavez a également envoyé ses meilleurs vœux au premier ministre Ariel Sharon lorsqu'il est devenu sérieusement malade en janvier [2006]. Les commentaires du président iranien Mahmoud Ahmadinejad à l'égard de Sharon furent moins généreux.