- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Les autorités iraniennes “crowdsourcent” les identités des contestataires

Catégories: Iran, Dernière Heure, Droit, Droits humains, Élections, Gouvernance, Liberté d'expression, Manifestations, Politique

Les contestataires iraniens apparaissant sur les photos abondamment disséminées en ligne des manifestations post-électorales [1] en cours en Iran, sont à présent ciblés sur le site web [2] du corps des Gardiens de la révolution islamique, les Pasdaran [3].

Le site web porte le nom de Gerdab (ce qui signifie ‘tourbillon’) et appartient au Centre d'Information du corps des Gardiens de la révolution islamique pour les enquêtes sur le crime organisé. Il montre des images de 20 individus avec des cercles rouges dessinés autour de leurs visages et affirme sans fournir de preuves qu'ils sont impliqués dans la création de “chaos” à Téhéran.

Les citoyens sont invités à téléphoner ou à envoyer un courriel s'ils peuvent identifier les gens sur les photos. Gerdab affirme aussi que deux des individus décrits ont déjà été arrêtés. Le site ne fournit pas d'autres informations sur d'autres individus décrits.

Certains blogueurs islamistes ont republié [4] ces photos.

Pendant ce temps, des partisans du mouvement de contestation ont eux-même publié un certain nombre de photos des forces de sécurité iraniennes, et notamment d'agents camouflés [5] demandant aux citoyens de les aider à en identifier.

Ainsi, il y a une photo [6] d'un agent suspecté, qui sort un pistolet de dessous sa ceinture, à l'arrière d'une moto. Plusieurs blogueurs ont publié [7] la photo de l'agent suspecté, demandant aux lecteurs d'aider à l'identifier. Quelques jours plus tard, des rumeurs ont circulé sur son nom, son poste de chef chez les Basiji [8], et une dette bancaire supposée de plusieurs millions de dollars. Ce genre d'information n'est ni vérifiée ni fiable et peut avoir de lourdes conséquences pour quiconque divulguerait le nom supposé de cet homme. Les rumeurs de la toile prennent aisément la place des faits.

Ce ne serait pas la première fois qu'une photo conduirait à des ennuis ou à une incarcération dans un conflit. Quoi qu'il en soit, ceci est un nouveau développement dans la traque et la persécution officiellement sanctionnés en “crowd-sourçant [9]” les informations en ligne. (NdT : le crowdsourcing [9] – un néologisme créé par des rédacteurs de Wired magazine [10] – consiste à utiliser la créativité, l'intelligence et le savoir-faire d'un grand nombre d'internautes, et ce, au moindre coût)

Voir la couverture spéciale de Global Voices sur les élections de 2009 en Iran [1]. (La plupart des billets existent en traduction française sur le présent site)