Madagascar : Les médias, nouveaux et traditionnels, discutent de la couverture de la crise

Pendant que la crise politique à Madagascar perdure[en anglais], et que la sensibilisation internationale s'estompe, les nouveaux médias et les médias traditionnels à Madagascar se sont réunis pour débattre des standards de la collecte et de la distribution des informations en temps de crise.

L'échange libre des idées, la puissance des témoignages personnels, et la qualité des interventions pendant la réunion ont produit une riche discussion qui a révélé le besoin d'un effort collectif pour un compte rendu complet et vérifié en dépit de conditions défavorables.

La réunion a été construite sur la fondation posée par les organisateurs et les participants du premier Barcamp malgache en octobre 2008.

L'un des plus remarquables aspects de la réunion était l'importance de la participation en dépit du signalement récent par Reporters Sans Frontières [en anglais] et la Commission de Protection des Journalistes [en anglais] de menaces reçues par des journalistes et des blogeurs contre eux-mêmes et leurs proches pendant la crise. Les participants ont pris position pour la liberté d'expression, bien conscients que leurs visages et leurs identités étaient maintenant de notoriété publique, et  que des membres de l'ancienne et de la nouvelle administration étaient présents dans la pièce.

Barcamp 2009

Le public à la réunion d'information de la conférence par Arinaina

La discussion était nécessaire parce que de tels témoignages apolitiques authentiques et puissants étaient trop importants pour ne pas être dits en public et enregistrés.

Voici un résumé de l'événement :

80 à 90 personnes sont venues de 5 régions et de 4 pays différents.

Alain Andriamiadravola, ancien journaliste et passionné de nouveaux médias a ouvert la réunion qui s'est transformée en une conversation libre avec de nombreuses opinions divergentes, et des autorités inespérées dans le domaine du journalisme.

J'ai fait un rapide exposé sur la collaboration entre les médias traditionnels et nouveaux dans le monde, son formidable impact durant les crises, et notre souhait qu'une telle collaboration puisse porter ses fruits à Madagascar. Une réunion plus restreinte qui faisait partie du “Friday Talk” organisé par le Centre Culturel Américain entre  journalistes et blogueurs a montré qu'il y a de la place pour un partenariat et un développement.

La partie émouvante de la réunion est arrivée quand des citoyens de tout le pays ont raconté comment ils ont utilisé les médias personnels pour partager ce qu'ils ont vu pendant la crise, et ce qui leur en a coûté. Andry a expliqué sa soif d'information brute qui l'a conduit au vif de la crise. Jentilisa [en malgache] a expliqué sa surprise  le lundi noir (26 janvier), quand les gens ont annoncé qu'un immeuble brûlait avant que ce soit vraiment le cas, de là à penser que certains événements étaient prémédités, et non juste le fait spontané des manifestants. Avylavitra [en anglais] raconte quand il a eu peur pour sa vie lorsqu'un soldat l'a menacé d'une arme, et lui a demandé son appareil photo. Jaona de Fianaratsoa a expliqué comment son blog a été mentionné dans une réunion publiquecomme étant une menace pour l'ordre social à Fianarantsoa et qu'il devrait être fermé. Beaucoup d'autres blogeurs et de twiterers ont raconté [en anglais] des histoires similaires de grandes difficultés pendant la crise.

Thierry Andriamirado a expliqué la pertinence croissante des médias sociaux en ligne pour diffuser les informations pendant la crise. Thierry a été le premier à couvrir entièrement en direct par tweets le premier événement tragique de la crise, le “Lundi noir”, et il a expliqué qu'il s'est senti obligé de partager les histoires en temps réel, et dans leur chronologie.

L'ancien ministre de la culture et de la communication Tsilavina Ralaindimby a insisté sur le fait que de tels témoignages et la disposition des citoyens à couvrir les troubles sont des actes de civisme, et doivent être protégés au niveau institutionel.

Ancien ministre de communication

L'ancien ministre de la communication, Tsilavina Ralaindimby, encourage le journalisme citoyen

Barijaona Ramaholimiaso a argumenté que son éthique personnelle en tant que blogeur requiert qu'il révèle sa véritable identité, et a déclaré qu'il y a une autre forme de pression à Madagascar, la pression sociale qui empêche les gens de d'exprimer librement leurs réflexions.

Christie Turner et Affick Gassar ont présenté une initiative pour promouvoir le développement de la radio communautaire à Madagascar. Certains zones rurales éloignées étaient au courant de la crise grâce à un centre radio qui recevaient les flux d'informations en ligne à travers une connexion téléphonique, et qui diffusait l'information dans les communautés rurales.

Claire Ulrich a donné un rapport complet sur la censure en ligne dans le monde avec des exemples de Chine et d'Iran, en insistant sur l'importance de la protection et de la sauvegarde, en priorité, des journalistes et des blogeurs. Elle a également alerté l'auditoire sur ce qui est écrit en petits caractères dans la loi en préparation sur la régulation des communications en ligne à Madagascar. Elle a également demandé aux deux communautés, les médias traditionnels et nouveaux, de s'assurer que la mémoire des journalistes tués pendant la crise, tel Ando et les autres [en anglais] ne soit jamais oubliée.

Finalement, Harinjaka, Arinaina, et Tahina [en anglais] ont présenté la plateforme Foko Ushahidi, en expliquant dans quelles circonstances elle avait été créée, et comment le SMS par un téléphone local peut être utilisé pour la couverture d'une crise, mais également pour des informations humanitaires urgentes, et la surveillance d'élections.

Les journalistes sont également intervenus. Randy Donny, journaliste et défenseur du journalisme citoyen a soutenu qu'il n'y a pas de différence entre le journalisme traditionnel et citoyen à Madagascar. S'il y a une chose à dire, c'est que les journalistes citoyens ont mieux couvert la crise parce qu'il n'étaient pas sous la pression du régime en place, quel qu'ils soit.

Le consensus à la fin de la réunion était que le flux d'information a été/est sévèrement affecté par la crise. La communauté de l'information est tombée d'accord qu'on doit tous faire un effort conscient pour combattre la censure, et fournir des informations sans pression du gouvernement. C'était également une opportunité pour les personnes qui ont suivi la crise à travers les blogs de rencontrer en personne les gens qui sont derrière. Par exemple, Jacqueline, dans le public, était ravie de discuter avec le blogeur Jentilisa. Elle déclare :

“Je lis son blog chaque jour depuis janvier. C'est génial de mettre un visage et une personnalité sur des gens aussi remarquables.”

Restez à l'écoute pour l'information concernant l'état actuel des média à Madagascar.

Voici des comptes rendus supplémentaires de la réunion :

Ariniana
Tahina
Avylavitra
Harinjaka
sixthman
photos
Madagascar matin ( uniquement en version imprimée)

2 commentaires

  • Belle traduction Houssen :)
    Et nous on pense déjà à la 3e édition du BarCamp Madagascar.

  • Tsilavina Ralaindimby

    Bonjour, Quelques mots pour vous réitérer mes félicitations pour votre démarche et vos efforts pour une information citoyenne. Je voudrais aussi compléter le point de vue de Randy Dony. En fait les journalistes “classiques” sont aussi sous pression de leur desk respectifs dans de pareilles circonstances. Et là se trouve le dérapage vers le journalisme militant qui n’est pas un crime, bien sûr, mais qui doit être clairement distingué du journalisme d’information. Les bloggers ont eu leur baptême du feu avec la crise mais j’espère qu’à l’avenir, ils oeuvreront surtout pour améliorer les repères du développement dans l’intérêt des citoyens.

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